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Un ou plusieurs morts en vue ? Ce qui attend Hollande, Valls et le PS après les régionales
©Reuters

Bilan

Jeudi 10 décembre, Julien Dray appelait à la formation d'une "nouvelle grande formation de gauche" ; à la suite de la déroute que connaissent actuellement le PS et ses alliés.

Google et Yahoo, internet

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président d'Aimer Paris et candidat à l'élection municipale de 2020. Il est l'auteur de La marche des lemmings ou la 2e mort de Charlie, et de Nous-Fossoyeurs : le vrai bilan d'un fatal quinquennat, chez Plon.

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Atlantico : Après le désaveu en demi-teinte des régionales, à quel point est-ce qu'une formation de la gauche au sens large est-elle nécessaire ? Qui serait susceptible de composer le visage de cette nouvelle gauche et à l'inverse, qui n'y serait pas ?

Serge Federbusch : C’est un écran de fumée. Je pense que Dray, qui a décidé comme par hasard de soumettre cette proposition à Cambadélis pour susciter un "grand débat", est en service commandé. Il s’agit avant tout d’éviter à Hollande et au PS l’organisation de primaires après la raclée des régionales qui risque bien d’être plus terrible dimanche prochain que dimanche dernier. Il n’est pas impossible en effet que les socialistes ne conservent que la Bretagne. En cas d’échec sévère, Hollande s’attend à une offensive de Montebourg et d’autres frondeurs qui pourront légitimement avancer que le sortant de l’Elysée les conduit au désastre. Le clan Hollande cherche donc à dévier le débat et la colère.

Mais il y a plus grave : quand on lit attentivement les propos de Dray, on se rend compte que le seul point commun qu’il trouve désormais à cette néo-gauche-plurielle est la soi-disant défense des "quartiers" et de la "loi de solidarité urbaine qui contraint les communes à la construction de logements sociaux". En réalité, Dray communautarise le débat et se replie sur ce qui est hélas devenu le socle de cette pseudo gauche en perdition morale : une politique clientéliste s’appuyant en grande partie sur la population d’origine immigrée dans les banlieues. Ce sont eux les principaux responsables à peine masqués de la montée du Front national.

Ce mercredi 9 décembre, Manuel Valls a assuré sur BFMTV/RMC qu'il ne quitterait pas Matignon, quand bien même le FN parvenait à remporter une ou des régions. Dans quelle mesure cette annonce fait elle écho à une possibilité de remaniement ? Qui, dès lors, risquerait de tomber ?

Là aussi, il s’agit d’une feinte. Valls, comme Hollande, savent que le retrait des listes PS dans le Nord et le Sud-Est et le torpillage de celle de l’Est donne peu de chances au FN de l’emporter dans ces trois régions. Ils préparent donc une communication d’enfumage pour dissimuler le vrai problème et leur échec béant, à savoir la perte de la quasi totalité des régions gérées jusqu’à aujourd’hui par les socialistes et leurs alliés. On imagine mal le traumatisme que cela va représenter pour tous les apparatchiks et les associatifs subventionnés qui vivent comme des sangsues sur la bête régionale depuis des années. Hollande et Valls craignent à raison une bronca de leurs troupes et vont tenter de masquer ce fiasco en se créant un sujet de réussite à bon compte avec la digue anti-FN. Quand le gouvernement pointe la lune, les médias regardent son doigt ...

Récemment encore, Emmanuel Macron s'est fait tancer sur le RSI. Au lendemain d'une claque à peine évitée, de l'avis de certains observateurs, jusqu'où les tensions existantes entre le gouvernement et le ministre de l'économie peuvent peser sur l'exécutif ?

Macron a été utilisé un temps pour tenter de rabattre des voix centristes et modérées et rassurer les marchés. Mais il est manifestement peu contrôlable et je ne serais pas surpris qu’il serve de victime symbolique et soit rapidement sacrifié sur l’autel des frondeurs, gauchistes et autres écolos verdâtres.

Que dire des frondeurs qui faisaient tant de bruit il y a quelques mois et qui doivent ce réunir ce dimanche 13 décembre, pour exiger un coup de barre à gauche dans la politique gouvernementale ? Jusqu'à quel point représentent-ils un poids pour la gauche de gouvernement ?

Tout va dépendre de l’ampleur du fiasco de Hollande dimanche prochain. Si le PS conserve trois à quatre régions voire plus, les frondeurs continueront à maugréer mais sans grand effet. Si le PS n’en garde que deux, ils vont se déchaîner et l’issue du combat sera incertaine avec une possible éviction de Valls, Hollande cherchant à sauver sa peau en le congédiant. S’il ne leur en reste qu’une et surtout s’ils perdent tout, je vois mal comment Hollande pourra éviter une dissolution qui sera d’ailleurs sa dernière chance d’espérer l’emporter en 2017. Il fera le pari quasi désespéré que la versatilité des électeurs lui permettra de se refaire une santé d’ici là.

Qu'en est-il des "partis frondeurs" comme le Front de Gauche ou les Verts ? Peuvent-ils, d'une part, faire parti de cette nouvelle gauche et surtout dans quelle mesure représentent-ils un danger pour le courant de François Hollande ?

Ils sont toujours aussi inconséquents et l’influence néfaste de l’ancien sénateur socialiste Mélenchon, partisan du traité de Maastricht, continue de produire ses effets délétères. Il leur faudrait choisir d’affronter radicalement le PS en dénonçant sa droitisation. Ils ne le font pas car ils ont beaucoup de permanents qui mangent à la gamelle socialiste. Leur ralliement à Bartolone en Île-de-France est symptomatique de cette incapacité à accepter une année zéro où ils perdraient leurs mandats mais retrouveraient un début de cohérence politique.

Cela étant, l’hypothèse précédemment évoquée d’un fiasco socialiste complet pourrait rapprocher cette "gauche de la gauche" des frondeurs socialistes. Ce serait alors la concrétisation du projet évoqué par Dray mais au profit d’un objectif totalement opposé à ce qu’il avait en tête : une union nouvelle à gauche pour faire tomber le gouvernement Valls.

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