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Un casting avec Gérard Depardieu ? "On a parlé de tout, sauf de cinéma, et on a fini à 5h du matin complètement bourrés"
©Reuters

Bonnes feuilles

Dans Secrets de cinéma, les réalisateurs de trente films « cultes » livrent des anecdotes inédites sur la production de leur film, l'écriture, les comédiens, les aléas des tournages... De La vie est un long fleuve tranquille à Intouchables, en passant par Le Père Noël est une ordure ou Le Dîner de cons, suivez Bruno Cras dans les coulisses du 7e art. Extrait de "Secrets de cinéma" de Bruno Cras, aux Editions Plon (1/2).

Bruno Cras

Bruno Cras

Spécialiste de cinéma, Bruno Cras intervient sur la radio Europe 1.

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36 quai des Orfèvres

Olivier Marchal

Avec Daniel Auteuil, tout a commencé par une engueulade. Je l’appelle au téléphone pour lui proposer le rôle du méchant. Il me dit oui tout de suite, en ajoutant qu’il est aussi prêt à faire le personnage du gentil. Je réponds  : «Oui, ce serait une bonne idée, mais j’ai déjà donné le rôle.» Là, il me raccroche au nez après m’avoir dit : «Quand tu sauras ce que tu veux, tu me rappelles.»

J’étais entre deux scènes en train de tourner un film, comme comédien, et j’ai déclaré : «Les mecs, ça commence bien, Auteuil vient de me raccrocher au blair.» Sauf qu’avec une grande classe, Daniel m’a rappelé pour s’excuser. Je lui ai alors dit : «Ça tombe bien, parce que celui à qui j’ai proposé le rôle du gentil vient de refuser, alors tu vas le faire.» On s’est rencontrés à Paris dans un petit restaurant italien. On avait rendez-vous à midi et demi. Il avait mis un costume à rayures trois pièces pour venir me voir. Il m’a fait coucou de loin, j’étais vert de peur, mais on a fait un excellent déjeuner et il m’a dit : «OK, ça va être super.»

Avec Gérard, ça a été différent. Il m’a donné rendez-vous dans son restaurant à lui pour dîner. On a parlé de tout, sauf de cinéma, et on a fini à cinq heures du matin complètement bourrés. Après m’avoir broyé trois côtes, il m’a embrassé et il m’a dit (son personnage s’appelle Klein)  : «Je vais le faire ton Klein, va, t’inquiète pas !»

Des boulettes au fond de la classe

Daniel est un acteur qui se laisse complètement prendre par la main. C’est un cérébral. Je l’ai emmené rencontrer des flics, faire des dîners avec des mecs de la Mondaine, on a fait des boîtes à putes et on a passé des nuits sans fin. De son côté, il allait devant le 36 quai des Orfèvres pour voir rentrer et sortir les flics et les regarder bouger. Il a fait son petit travail. Par ailleurs, c’est un garçon qui relit énormément le scénario, mais sur le plateau il ne complique jamais les choses et se laisse guider. Gérard, c’est un acteur animal. Il regarde une fois la séquence, il envoie, et après on trie. Je lui dis  : «Ça, c’est bien, là tu vas faire ça, celle-là on va la refaire, etc.» Il a gardé son costume tout le temps. Il arrivait avec, il repartait en costume, il a besoin d’être le personnage de façon animale. Il faut le prendre dans l’état où il est : il est gai, il est gai; il gueule, il faut le calmer ; il a picolé, on fait avec. Gérard, c’est un cancre à qui, de temps en temps, il faut dire  : «Dis donc, Gérard, attention, tu vas te mettre au premier rang avec les bons élèves et tu vas arrêter d’envoyer des boulettes au fond de la classe.» En tout cas, sans entrer dans les détails, c’est un mec qui m’a complètement bouleversé par sa générosité, ses fêlures, son amour pour ses amis disparus, comme Carmet ou Dewaere. À l’époque où on a tourné, son fils était en train de sortir un livre qui lui faisait beaucoup de mal et la presse se déchaînait. J’ai eu un Gérard totalement effondré, en morceaux, et on a exploité ça à fond pour le personnage.

Extrait de "Secrets de cinéma" de Bruno Cras, aux Editions Plon

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