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En Pologne, c’est Twitter qui gouverne la politique
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Gazouillis

En Pologne, Twitter joue de plus en plus le rôle de Parlement des temps modernes. Presque l'ensemble du gouvernement et des députés tweete...

Eryk  Mistewicz

Eryk Mistewicz

Eryk Mistewicz est polonais francophone, consultant politique et conseiller en communication institutionnelle et politique en Europe de l’Est.

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Il existe un gouvernement en Europe dont les plus importants ministres sont présents sur Twitter. Ainsi que la plupart de ses opposants politiques. A vrai dire, les débats parlementaires pourraient avoir lieu sur Twitter. Car nous sommes à l’ère de la Twitter-démocratie. Ça se passe où ? En Pologne, qui préside actuellement l’UE.

Des programmes en 140 caractères 

Le porte-parole du gouvernement n’organise plus de conférence de presse mais s’exprime directement sur Twitter. Par exemple, il y annonce la date du prochain discours du Premier ministre Tusk qui aura lieu le 18 Novembre. La PAP (Agence Pologne Presse) et toutes les stations de télévision reprennent l’info, en citant Twitter @PawelGras comme source.

Le ministre des Affaires étrangères @SikorskiRadek expose, en 140 signes, les principes de sa politique à l’égard de la Bielorussie, et le ministre des Finances @JanRostowski – les principes de sa réforme du budget. Le ministre de la Défense @TomaszSiemoniak relate sa visite en Afghanistan. 

Il y a trois ans, j’ai incité quelques hommes politiques et journalistes, ainsi que des personnes publiques comme des chercheurs, artistes et sportifs, à créer leur propre canal de communication. J’ai été inspiré moi-même par des conseillers politiques français. Au début, on me rétorquait que 140 signes, ce n’était pas assez. Mais petit à petit, le système s’est mis en place. Les ministres du gouvernement de Donald Tusk se connectent à Twitter sur leur téléphone portable. L’effet boule de neige a également entraîné les journalistes et tous ceux qui veulent être en contact direct avec les acteurs de l’actualité.

Un parlement pris de vitesse

Aujourd’hui, les discussions politiques majeures en Pologne n’ont ainsi plus lieu au parlement. Car le rôle du parlement au temps de la post-politique devient moins important. Il n’y a pas longtemps, c’est la presse qui était le lieu privilégié du débat public sur les questions majeures de politique, d’économie et de société. La crise de la presse a fait que les journaux et les revues ont perdu de leur influence. Le débat s’est ensuite déplacé dans les studios de télévision. Cependant, les chaînes de télévision spécialisées en information continue perdent de leur puissance. Les débats publics les plus importants en Pologne  se déroulent désormais sur Twitter.  

Ce qui compte, ce n’est pas le nombre de followers de Radoslaw Sikorski, le ministre des Affaires étrangères, suivi par près de 20 000 abonnés. Mais sa "force de récit". Chacun de ses twittos est repris et commenté. Il en va de même pour le porte-parole du gouvernement, Pawel Gras et pour les autres politiciens.

On retrouve sur Twitter le ministre des Finances Jan Vincent Rostowski @JanRostowski, celui de la Défense Tomasz Siemoniak @TomaszSiemoniak, celui de la Justice Krzysztof Kwiatkowski @Kwiatkowski2011 , celui de l’Economie Waldemar Pawlak @PawlakWaldemar, celui de la Culture Bogdan Zdrojewski @BZdrojewski, celle de l’Enseignement supérieur et de la recherche Barbara Kudrycka @BarbaraKudrycka, ainsi que celle de la Santé Ewa Kopacz @EwaKopacz.

Cette dernière, jusqu’à récemment ministre de la Santé, présente sur Twitter, vient d’être la première femme dans l’histoire de Pologne élue présidente du parlement.  

Le seul ministre du gouvernement polonais absent sur Twitter est le ministre de l’Infrastructure Cezary Grabarczyk. Il n’a pas son compte sur Twitter et il ne fera pas parti du nouveau gouvernement présenté par Donald Tusk le 18 Novembre. Il sera le vice-président du parlement. Qui sait quel poste occuperait-il aujourd’hui s’il avait son compte sur Twitter ?

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