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Du commerce plus qu'une aide financière ?
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Charité bien ordonnée...

Après l'aide octroyée par l'UE à la Tunisie, la France a annoncé une aide de 350 millions d'euros. La célèbre formule "plutôt la Corrèze que le Zambèze", prend tout son sens, alors que la rigueur budgétaire est de mise en Europe. Les pays surendettés, ont-ils les moyens de leur générosité ?

Daniel Tourre

Daniel Tourre

Daniel Tourre est notamment l'auteur de Pulp Libéralisme, la tradition libérale pour les débutants (Tulys, 2012) et porte-parole du "Collectif Antigone". 

 

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Les aides européennes envisagées pour les jeunes démocraties du Maghreb sont surréalistes : des Etats hypertrophiés et surendettés soutenant des Etats hypertrophiés et surendettés. Soutenir de nouvelles démocraties est légitime, mais les pays du Maghreb n’ont pas besoin de davantage d’aides, mais de moins d’Etat. La meilleure aide que peut offrir l’Europe, c’est la possibilité de commercer entre les deux rives de la Méditerranée.

Un médicament sans diagnostic pour les jeunes démocraties

Nous avons assisté en début d’année à des événements exceptionnels : des despotes inamovibles au Maghreb ont fait leurs valises sous les hués d’une foule courageuse.

Les discours paternalistes sur ces gentils dictateurs fournissant quelques pourcentages de croissance à une population reconnaissante ne tiennent plus. La peur d’avoir la police d’Etat débarquant chez soi à 2 h00 du matin pour une pensée déviante est ressentie avec la même intensité que l’on soit occidental, arabo-musulman, latino ou asiatique. Le goût pour la liberté est universel.

Aujourd’hui une Europe surendettée, naviguant au jour le jour pour sauver sa monnaie commune, frôlant la banqueroute une fois par trimestre, réfléchit à donner des centaines de millions d’euros à la Tunisie et à l’Egypte. Or, avant de soigner une maladie, il faut poser un diagnostic.

Des despotes socialistes laissant un Etat obèse

Les despotes déchus ne sont pas n’importe quels despotes, ils appartiennent tous à l’internationale socialiste. Ce n’est pas anodin dans la situation catastrophique de leur pays et la misère de leur peuple.

Une grande partie des dirigeants du Maghreb –comme d’ailleurs de l’Afrique noire- a en effet été formée à l’école du socialisme, parfois en France, parfois en URSS. A la décolonisation, au lieu de bâtir des Etats de Droit libéraux, ils ont construit d’énormes Etats bureaucratiques planifiant l’économie, recrutant des armées de fonctionnaires, édictant une avalanche de lois et de réglementations, lançant des projets industriels gargantuesques…

La Tunisie était classée 164e en liberté de la presse, 95e en matière d’Etat de Droit et de liberté économique. Une large partie de l’économie est aujourd’hui directement ou indirectement entre les mains de l’Etat.

Des pays sinistrés par la bureaucratie

Hernando de Soto, un économiste péruvien, a longuement étudié l’Egypte. Ses conclusions sont effarantes. En Egypte, il faut 500 jours de démarches administratives pour ouvrir une boulangerie et 56 agences gouvernementales pour créer une entreprise. 90 % des Égyptiens n’ont pas de titre légal de propriété sur leurs biens, ce qui entraîne une immense insécurité juridique et l’impossibilité d’hypothéquer leurs biens.

Il y a 5,9 millions de fonctionnaires pour 6,8 millions d’Egyptiens travaillant dans le privé et 9,6 millions dans un milieu extra légal. Or une économie ne peut pas se développer avec le travail au noir. Le développement passe par un cadre juridique et bancaire robuste : des conseils d’administration, des comptes bancaires, des possibilités d’emprunt…

Des jeunes sans avenir dans une économie ravagée par l’Etat

Devant le marasme généralisé, beaucoup de jeunes diplômés en Egypte retournent dans leur village, refusant de travailler la terre, en attendant une hypothétique lettre leur annonçant leur entrée dans l’administration.

Les fonctionnaires en surnombre et sous-payés se tournent ensuite massivement vers la corruption pour arrondir leur fin de mois. Les jeunes d’une grande partie du Maghreb ont ainsi le choix entre devenir bureaucrates, s’exiler, être chômeurs ou entrer dans l’économie souterraine.

Le clientélisme démocratique, déjà

Les jeunes démocraties sont donc incitées à faire avec les aides européennes ce que fait notre vieille classe politique : du clientélisme électoral. Plutôt que de réduire le périmètre de l’Etat, il s’agit d’arroser certaines catégories de la population pour conserver le pouvoir.

Les dictateurs avant leur chute n’avaient d’ailleurs pas fait autre chose. Moubarak avait augmenté de 15% les fonctionnaires dès le début des manifestations.

L’étatisme, maladie mortelle des deux rives de la méditerranée

Les pays du Maghreb, comme d’ailleurs une large partie de l’Afrique, sont sinistrés par l’Etatisme, une place délirante donnée à l’Etat dans la société, à des Etats de surcroît corrompus. La libéralisation des économies sera un enjeu déterminant dans les prochaines décennies pour permettre à des millions de jeunes de sortir de la misère.

Dans ce contexte, la solution n’est pas d’endetter encore davantage l’Europe pour inciter encore davantage les jeunes démocraties à la gabegie étatiste. La meilleure aide que peut offrir l’Europe, c’est la liberté de commerce totale entre les deux rives de la Méditerranée. Là-bas comme ici, l’avenir ne passe pas par davantage de bureaucraties, d’aides mais par davantage de liberté.

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