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Toutes ces raisons pour lesquelles il faut baisser le coût du travail en France
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Bonnes feuilles

Convaincu qu'il faut défendre l'emploi en France, Pierre Gattaz expose ce qui fait défaut à notre politique économique au travers des sept piliers de la croissance, réflexions issues de son expérience de terrain et de son engagement dans l'action collective. Extrait de "Les 7 piliers de la croissance" (2/2).

Pierre Gattaz

Pierre Gattaz

Pierre Gattaz est président du Medef et PDG du groupe Radiall, entreprise industrielle de 279 millions d'euros de chiffre d’affaires.

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1 – Le coût du travail en France

• Les faits, les chiffres :

Le coût du travail en France était moins élevé d’environ 10 % face aux Allemands en 2000 (25 euros en France contre 28 euros en Allemagne). Il est désormais légèrement supérieur au coût du travail en Allemagne en 2012. Ainsi, et d’après le Haut conseil du financement de la protection sociale mis en place par M. Ayrault en septembre 2012, les chiffres sont les suivants :

Dans l’industrie, la France a dépassé l’Allemagne.

– Coût horaire de main-d’oeuvre en France en 2012 : 35,91 euros

– Coût horaire de main-d’oeuvre en Allemagne : 35,41 euros Dans les services, l’écart est encore plus important.

– Coût horaire de main-d’oeuvre en France en 2012 : 34,45 euros

– Coût horaire de main-d’oeuvre en Allemagne : 28,45 euros

Ces coûts ont augmenté globalement de 58 % en seize ans, de 1996 à 2012, en France contre seulement 25 % en Allemagne sur la même période. Le travail finance très largement les dépenses de la protection sociale : 77,3 % des ressources de la protection sociale française sont constituées de prélèvements assis sur le travail. Contre 4,8 % sur la consommation, 2,5 % sur les revenus de remplacement, et 2 % sur le capital. Si nous ne faisons rien, la probabilité est forte que le coût du travail continue de croître en France, poussé par le déficit de l’État et les dépenses qu’il faudra financer si l’on n’a pas le courage de les diminuer. Les deux conséquences les plus inquiétantes de ce coût élevé du travail sont les suivantes :

– Il démotive les chefs d’entreprise, des plus petits comme les commerçants et les artisans aux plus grands qui peu-vent choisir leur pays d’embauche, en passant par les professions libérales. Personne ne souhaite aller à la guerre avec des boulets aux pieds. C’est l’emploi qui trinque !

– Il comprime les marges des entreprises, qui réduisent leur capacité d’autofinancement, d’innovation, d’investissement, d’augmentation des salaires et bien sûr d’embauche. C’est la croissance et l’emploi qui souffrent.

Les solutions sont connues : un transfert de charges de la fiscalité du travail vers la fiscalité de consommation.

Transfert des charges patronales et salariales vers la fiscalité de consommation

Pour baisser le coût du travail en France, une solution, mise au point fin 2011 conjointement par le Medef, le GFI et l’UIMM, et baptisée « la double hélice » par le Medef, consiste à faire un transfert d’une cinquantaine de milliards d’euros de charges patronales et quelques milliards d’euros de charges salariales vers un mixte de TVA et de CSG.

Une taxe carbone pourrait être utilisée mais seulement si elle concerne l’ensemble des pays de la zone européenne pour ne pas distordre la concurrence, ou du moins la compétitivité.

Quant à l’utilisation d’une taxe sur les transactions financières, elle devra être soigneusement étudiée et ciblée, pour ne pas renchérir le coût du financement des entreprises ou des ménages, et pour ne pas affaiblir la France sur le plan mondial.

En 2005, sous l’impulsion du chancelier Schröder, les Allemands ont pratiqué avec succès l’augmentation de leur TVA pour baisser le coût du travail dans leur pays. Quelques années après, le résultat est là, et le miracle allemand s’est produit.

Il est donc impératif de créer un choc de compétitivité en France par la réduction du coût du travail, ce qui aura deux grands mérites : redonner rapidement de l’oxygène à nos entreprises via l’amélioration des marges, et donner un signal fort de motivation à l’endroit des chefs d’entreprise par une mesure simple, rapide, lisible et courageuse.

Extrait de "Les 7 piliers de la croissance - Réflexions et tribulations d'un entrepreneur de terrain", Pierre Gattaz, (Nouveau Monde Editions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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