Tout ce qui se passe dans la tête d’un enfant la nuit (et pourquoi c’est crucial)<!-- --> | Atlantico.fr
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Les enfants ont des rythmes de sommeil déréglés.
Les enfants ont des rythmes de sommeil déréglés.
©Reuters

L'effet bénéfique des rêves

Depuis une trentaine d'années, les enfants et les adolescents voient leurs rythmes de sommeil déréglés par les nombreux objets à leur disposition comme les téléphones portables ou encore les ordinateurs. Pourtant, bien dormir à cet âge est primordial pour avoir de bonnes capacités cognitives pendant la journée.

Sylvie Royant-Parola

Sylvie Royant-Parola

Sylvie Royant Parola est psychiatre, et spécialiste du sommeil. Elle est également la présidente du réseau Morphée, consacré à la prise en charge des troubles chroniques du sommeil.

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Atlantico : Quelle place le sommeil occupe-t-il dans le processus d'apprentissage des enfants ?

Sylvie Royant-Parola : Elle est énorme. Le sommeil a plusieurs effets bénéfiques sur l'apprentissage des enfants.  Le traitement de l'information par exemple, qui peut être grandement facilité par un sommeil de qualité. Mais là où le sommeil joue véritablement un rôle, c'est sur la capacité de mémorisation. Certaines études ont parfaitement montré que le fait de pouvoir dormir après avoir réalisé quelque chose améliorait conséquemment la capacité de mémoire à long-terme, et ce, qu'il s'agisse du sommeil de nuit ou du sommeil de sieste.

Selon leur âge, de combien d'heures de sommeil les enfants ont-ils besoin ? En plus de la durée, distingue-t-on des tranches horaires idéales ?

Avant 8 ans, la durée de sommeil doit être supérieure à 10 heures. Ensuite, une durée de 10 heures est suffisante. Après 10 ans, on peut diminuer à 9 heures de sommeil par nuit. Concernant les tranches horaires de sommeil, on peut partir du principe que les enfants se lèvent naturellement le matin vers sept heures. Ils s'endorment tôt et se réveillent tôt.

Ce qui est inquiétant, c'est qu'on observe actuellement chez des enfants de 4 ou 5 ans une heure de coucher vers 23h ou minuit les jours où ils n'ont pas école le lendemain. Les parents n'ont pas toujours conscience que les enfants ne sont pas des adultes miniatures, et qu'ils ont leur propre rythme. S'il est en privation de sommeil il aura un déficit cognitif important le lendemain.

Un article du New York Times (voir ici) suggère qu'en fonction de ses activités du lendemain, un enfant a plus ou moins intérêt à se coucher tôt. Pour un examen nécessitant un apprentissage par cœur (une langue étrangère par exemple), il devrait se coucher tôt, alors que s'il a une épreuve sportive, il devrait se coucher un peu plus tard et se laisser le temps de se réveiller naturellement. Pourquoi cette différence ?

Le sommeil est un tout, il est difficile de vouloir favoriser un seul type d'entre-eux en prévision d'une tâche le lendemain. Ce qui est important, c'est la qualité du sommeil, et bien respecter les horaires. Il semble difficile de vouloir le faire coucher plus ou moins tôt, ce n'est pas un paramètre gérable.D'autant qu'un enfant n'apprend pas une seule chose, ne fait pas qu'une seule tâche dans la journée. C'est une vision un peu trop américaine à mon goût. 

Le gros problème chez l'adolescent est le manque de sommeil absolument incroyable depuis une trentaine d'années, avec un temps moyen à 7 heures alors qu'il devrait être de 9h. Cela le pénalise alors dans son travail au collège et au lycée, mais aussi a un impact sur leur irritabilité et leur impulsivité.

Les parents utilisent-ils le bon argument pour inciter leurs enfants à se coucher ? Aurait-on intérêt à insister sur l'avantage concret qu'ils en retirent ?

Oui, mais un jeune trouve toujours quelque chose de plus intéressant à faire que de dormir ! D'autant qu'ils ont aujourd'hui à disposition des appareils fascinants, ordinateurs, téléphones portables, tablettes, qui sont très stimulants. Je ne suis pas certaine de l'efficacité si des parents vendent une performance scolaire s'il s'endort plus tôt.

Une étude américaine a montré que lorsque des parents donnent des consignes à leurs ados, ces derniers râlent, mais respectent à 90% la consigne. Donc quand des parents donnent un cadre, les ados les suivent. Paradoxalement, ceux-ci pensent d'ailleurs, malgré leurs résistances de se sentir mieux.

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