Terrorisme : la menace en France est-elle limitée à des attentats “artisanaux” ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
L'usine à gaz de St-Quentin-Fallavier visée vendredi
L'usine à gaz de St-Quentin-Fallavier visée vendredi
©Capture

Artisans de la terreur

L'attentat du 26 juin dans l'Isère constitue la dernière exaction terroriste d'une longue liste de crimes perpétrés sur le territoire français. Les attentats "artisanaux" se répètent à une fréquence rapide, mais la menace qui pèse sur la France de limite-t-elle à ce genre de procédé ?

Alain Rodier

Alain Rodier

Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français, est directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Il est particulièrement chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la criminalité organisée.

Son dernier livre : Face à face Téhéran - Riyad. Vers la guerre ?, Histoire et collections, 2018.

 

Voir la bio »

Atlantico : L'attentat du 26 juin à St-Quentin-Fallavier donne l'impression d'une attaque artisanale : est-ce le cas ? 

Alain Rodier : Selon les éléments de l'enquête connus le 26 après-midi, le suspect n'était pas en possession d'armes à feu ou d'explosifs sophistiqués. Cela laisse entendre qu'il s'agit d'une action d' "amateur". Il va également voir dans ses motivations réelles, le meurtre de son patron laissant dubitatif. Bien souvent, l'idéologie n'est pas l'élément déclencheur du passage à l'acte. Elle ne sert que de prétexte pour se justifier après coup. L'enquête apportera vraisemblablement des réponses à ces interrogations.

Il semble que la France soit principalement menacée par des attaques artisanales. Pourquoi ? Est-ce voulu ou contraint ? Quel est l'avantage pour les terroristes à recourir à ce type d'attaques ? 

Elles sont généralement le fait de sympathisants n'ayant pas connu le djihad extérieur (le cas de Mehdi Nemmouche est un peu à part) et ne bénéficiant pas d'un entraînement poussé. Cela ne les empêche pas d'être redoutables comme lors des attentats de janvier. Mais, il faut relativiser: ils s'attaquent à des "cibles molles" peu ou pas défendues. Il ne faut pas se faire d'illusions: il est impossible de défendre les milliers de cibles potentielles comme il est impossible de surveiller 24/24 tous les suspects. Hélas pour nous, en matière de terrorrisme (comme dans tous les autres d'ailleurs) le risque zéro n'existe pas. Il faudra bien que l'on sorte un jour de la société de "bisounours". 

Des attaques d'un autre type sont-elles à craindre ? Où se situe le risque ?

Oui, mais plutôt de la part d'Al-Qaida "canal historique" qui a des réseaux bien implantés depuis des années en Europe. Daech n'a pas encore eu le temps matériel de faire de même -mais cela ne sera plus vrai dans l'avenir-.

Quels sont les moyens de lutte contre les attentats de type artisanal ? Quel est le degré d'efficacité ? 

Le renseignement reste au centre du dispositif. Le problème réside que dans le fait qu'une démocratie comme la France ne peut pas "embastiller" des individus pour des raisons non juridiquement recevables. Et de toutes façons, serait-ce vraiment utile puisqu'à terme, le prévenu sort normalement de prison.

Pour conclure, le monde est en face d'une offensive de Daech qui ne peut rester immobile car ce serait le début de la fin pour cette nouvelle nébuleuse. Vendredi 26, jour de prière et 9ème jour du ramadan, des attaques meurtrières ont été perpétrées contre une mosquée chiite au Koweït, contre un hôtel de Sous en Tunisie, contre des militaires en Syrie et des militaires en Somalie (là, l'attaque provenant des chebabs affiliés à Al-Qaida "canal historique".) Cette période a montré dans l'histoire -depuis la bataille de Badr le 17 mars 624 AC-, qu'elle était propice au déclenchement de violences. Il y a donc beaucoup à craindre pour les jours à venir.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !