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Tartuffe : Eurostar regrette d’avoir publié une pub invitant les Français à l'exil fiscal
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Faux procès

Plusieurs médias ont rapporté la présence dans le magazine Metropolitan, distribué par Eurostar, d’une publicité vantant l’exil fiscal en Angleterre. La rédaction de la revue a présenté ses excuses, déclarant que cette publication a échappé à sa vigilance.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Le magazine distribué dans l’Eurostar se retrouve, depuis quelques jours, au cœur d’une bien étrange tourmente. Une partie de la presse, si prompte à la dénonciation, lui reproche d’avoir publié la publicité d’une offre d’accompagnement pour la domiciliation fiscale au Royaume-Uni. L’entreprise, filiale de la SNCF, s’est platement excusée. Mais pourquoi ?

Qu’il y a-t-il de vraiment choquant dans cette histoire ? Reprocher à une entreprise dont c’est le métier de faire de la publicité pour l’implantation fiscale à l’étranger, dans le train qui mène à Londres, c’est un peu comme reprocher à un marchand de glace de faire de la publicité pour ses cônes en plein été. La pseudo polémique est d’autant plus ridicule que les exilés fiscaux n’ont pas attendu cet encart discret pour faire leurs valises…

Ce n’est une nouvelle pour personne : oui, les impôts poussent de nombreux Français à partir, et encore plus depuis que la Gauche est aux commandes de la guillotine fiscale. Plus de 35 000 foyers en 2011, selon le sénateur Marini – une accélération. Les prélèvements obligatoires ne sont pas seuls en jeu, mais ils comptent évidemment ! Plus encore que leur niveau, c’est l’instabilité de la fiscalité qui est en cause : un même gouvernement change la loi en permanence, et toujours dans le sens d’une spoliation plus grande. Le phénomène était déjà vrai avec Nicolas Sarkozy, il s’accélère de manière dramatique (et ces derniers jours, pathétique) avec François Hollande.

Ce qui fait fuir les contribuables, ce n’est pas une publicité, c’est Pierre Moscovici. Qui ne les comprend pas ? Leurs revenus sont taxés au-delà du raisonnable (en 2009, 16 % des contribuables, qui gagnaient plus de 48 000 euros par an, s’acquittaient de 70 % du montant de l’impôt sur le revenu). Quand ils mettent de l’argent de côté, on vient le leur taxer encore, au prétexte que toute épargne serait une rente ! S’ils le transmettent à leurs enfants, un autre couperet fiscal s’abattra ! Et maintenant le gouvernement socialiste annonce comme une fleur qu’il va en prendre encore ?

La France a tellement tiré sur la corde des impôts qu’elle a fait de la question fiscale un problème de société majeur. La droite aurait pu se saisir de cette question. La gauche ne l’a visiblement pas comprise. Les Français en ont marre : ils veulent garder l’argent qu’ils ont gagné par leur travail. Un sondage récent montrait qu’ils en ont ras-le-bol de payer toujours plus. Les heurts bretons sont révélateur de ce phénomène. Comme l’était le débat sur l’assistanat dans la campagne présidentielle. Comme l’était aussi le mouvement des Pigeons.

La politique de l’oppression fiscale ne fait pas que détruire l’économie (les socialistes vont augmenter l’impôt sur les sociétés qui est déjà le plus élevé d’Europe et l’un de ceux qui a le moins baissé), elle détruit le lien social ! Pendant que les ménages et les entreprises se serrent la ceinture et s’inquiètent pour demain, l’Etat, lui, décide de se ménager et rend à ses fonctionnaires une journée de carence !

Les exilés fiscaux votent avec leurs pieds. Pour dépenser leur argent pour leurs enfants ou pour eux-mêmes, plutôt que pour un Etat ventripotent. Tant que le Gouvernement sera aussi fermé à la réalité fiscale, on aurait bien tort de le leur reprocher (d’ailleurs 45 % des Français les approuvent). Ce n’est qu’une autre forme de la même révolte fiscale qui gronde en France. Le vrai privilège des exilés, c’est qu’ils ont les moyens de partir !

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