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Superbe évocation de la fin d'un monde
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L'Ancien Régime avait ses défauts et ses tares, mais les privilégiés y jouissaient d'un art de vivre qui n'a peut-être jamais été égalé. C'est l'impression que laisse le dernier livre, remarquable, de Benedetta Craveri.

Jean-Pierre Tirouflet pour Culture-Tops

Jean-Pierre Tirouflet pour Culture-Tops

Jean-Pierre Tirouflet est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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LIVRE

Les derniers libertins

de Benedetta Craveri

Ed. Flammarion

L’AUTEUR

Benedetta Craveri professe la littérature française à l’Université Suor Orsola Benincasa de Naples. Elle est spécialiste du XVIIème et du XVIIIème siècle et a reçu, il y a dix ans,  le prix du rayonnement de la langue et de la littérature françaises pour l’ensemble de son œuvre.

THEME

A travers le portrait de quelques uns de ses membres, c’est le tableau de la société aristocratique des dernières années de l’Ancien Régime, cette société dont Talleyrand disait que ceux qui ne l’avaient pas connue ignoraient la douceur de vivre. Auparavant, Madame Craveri a consacré plusieurs ouvrages à cette période, sur Mme du Deffand, Marie-Antoinette, l’art de la conversation ou encore le pouvoir des femmes, reines et favorites.

POINTS FORTS

Quelle érudition ! Notre auteur connaît le moindre recoin des lettres de madame de Staël ou des mémoires du prince de Ligne ou du duc de Lauzun.

Le tableau qu’elle peint est incroyablement vivant; le lecteur a l’impression de pénétrer dans les alcôves, de suivre Ségur dans la découverte de la Crimée avec Catherine II, ou encore de regarder Chamfort à son écritoire.

La construction du livre est subtile. Plutôt que de consacrer une monographie à chacun des personnages qu’elle a sélectionnés, Benedetta Craveri limite la présentation de chacun d’entre eux à la période pré-révolutionnaire; elle mêle ensuite dans le même chapître la description de leur destin pendant et après la Révolution, créant de ce fait une sorte de suspense pour le lecteur qui ne connaît pas intimement le destin de Brissac ou celui du comte de Vaudreuil.

L’ouvrage fournit en creux une grille d’analyse de la Révolution et de ses causes, en montrant combien cette société brillante et codée constituait un aboutissement, indépassable dans sa vanité et totalement coupée du reste de la France.

Enfin le point de vue duquel elle se place offre une perspective originale sur les premières années de la Révolution : comment les officiers aristocrates formaient l’ossature du commandement des armées révolutionnaires, comment ces aristocrates qui avaient émigré, sont revenus en France, au mépris du danger, pour éviter le bannissement perpétuel et la confiscation de leurs biens, comment royalistes constitutionnels et libéraux et royalistes absolutistes ont entretenu une haine inexpiable…

Enfin, tout cela se lit formidablement bien.

POINTS FAIBLES

Il faut probablement bien connaître l’histoire de la seconde moitié du XVIIIème siècle, pour apprécier à sa juste valeur cet ouvrage et en tirer la substantifique moelle...                                                                                       

EN DEUX MOTS

Un beau sujet de réflexion sur la fin d'un monde trop parfait dans son essence pour trouver les voies de son avenir.

UNE PHRASE

(Après le 9 Thermidor) « Les acrobaties verbales raffinées du plus aristocratique des auteurs français de comédie (le vicomte de Ségur) annonçaient la fin d’un long cauchemar, mais tout le monde savait qu’il n’existait aucun passé auquel faire retour et que rien n’était joué pour l’avenir. »

 RECOMMANDATION

 EXCELLENT Excellent

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