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Stratégie victimaire et inversion des rôles : ces collectifs contre l’islamophobie qui visent à faire taire toute critique de la religion musulmane
©Reuters / Pascal Rossignol

Bonnes feuilles

Plus l’on tue au nom de l’islam, plus l’Occident combat "l’islamophobie", plus on parle en bien de l’islam pour ne "pas faire l’amalgame"... Tel est le paradoxe de "l’islamiquement correct" signifiant le fait que la médiatisation des attentats jihadistes ne déclenche pas dans nos sociétés culpabilisées une mise à l’index des préceptes sacrés qui justifient la violence islamiste, mais renforce au contraire la propension à présenter toujours l’islam de façon positive. Extrait de "La stratégie de l'intimidation" d'Alexandre Del Valle, aux éditions du Toucan / L'Artilleur.

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle est un géopolitologue et essayiste franco-italien. Ancien éditorialiste (France SoirIl Liberal, etc.), il intervient dans des institutions patronales et européennes, et est chercheur associé au Cpfa (Center of Foreign and Political Affairs). Il a publié plusieurs essais en France et en Italie sur la faiblesse des démocraties, les guerres balkaniques, l'islamisme, la Turquie, la persécution des chrétiens, la Syrie et le terrorisme. 

Son dernier ouvrage, coécrit avec Jacques Soppelsa, Vers un choc global ? La mondialisation dangereuse, est paru en 2023 aux Editions de l'Artilleur. 

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En France, deux principaux organismes musulmans communautaristes ont pour mission déclarée de lutter contre l’islamophobie: l’Observatoire national contre l’islamophobie, – instance proche du Conseil français du culte musulman (CFCM), lié aux instances du ministère de l’intérieur et du Culte. Celui-ci comptabilise les plaintes déposées et transmises au parquet par la police ou la gendarmerie. Puis le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), créé en 2003, qui reproche d’ailleurs au premier d’être trop lié à l’État. Le CCIF ne se contente pas des plaintes officielles et des statistiques policières, jugées minimalistes et suspectes par principe, ce qui le fonde à prendre en compte toute déclaration émanant de citoyens lambda comme d’activistes religieux, y compris islamistes radicaux. Même si dans son rapport annuel 2017, basé sur les chiffres de l’année 2016, le CCIF affirme que l’islamophobie est «en évolution», malgré le constat d’un recul des actes islamophobes déclarés auprès du CCIF comme des services de police, il appuie son affirmation sur «l’émergence d’une politique sécuritaire affectant les musulman-e-s de manière disproportionnée». Le rapport estime que les discriminations auraient lieu, dans 64% des cas, dans des services publics et que les femmes voilées seraient les principales visées par les actes islamophobes (75% des dossiers, dont 100% des agressions physiques les plus graves; > 8 jours d’ITT). En total accord avec les visions «islamo-gauchistes» (voir chapitre VI), le CCIF déplore «l’émergence d’une islamophobie sécuritaire qui affecterait les musulman-e-s à travers une politique anti-terroriste mettant à mal l’État de droit». On retrouve ainsi l’idée centrale de notre essai selon laquelle plus les islamistes terroristes frappent les mécréants, plus les islamistes non terroristes se posent en «vraies victimes». Le CCIF pointe «l’État d’urgence» responsables de «427 dossiers» (dont: 297 perquisitions, 100 assignations à résidence et 30 interdictions de sortie du territoire). Il déplore les «points de tension dans le secteur de la santé» (30 dossiers, dont des «refus de soins»), alors que ce sont en fait les islamistes qui agressent régulièrement des médecins masculins, refusent que ceux-ci soignent leurs femmes et qui troublent par conséquent de plus en plus les hôpitaux en y violant le principe d’égalité entre les sexes et de laïcité. «Les milieux de l’éducation (> 40 dossiers)» sont également visés, dont des «signalements abusifs pour ‘radicalisation’», ce qui atteste une fois de plus la stratégie orwellienne d’inversion des responsabilités. Enfin, le CCIF déplore « un État de droit et un vivre-ensemble poussés à leurs limites, par des polémiques islamophobes et racistes récurrentes: déclarations politiques, affaire du « burkini»».

L’action du Collectif contre l’Islamophobie en France est un cas d’école de lobbying islamiste visant à faire taire toute critique de la religion musulmane ou même de l’islamisme radical et à faire croire que la critique du terrorisme puis la politique anti-jihadiste constitueraient en elles-mêmes des «marques» de haine envers les musulmans. Dans cette stratégie victimaire et d’inversion des rôles, le CCIF s’inspire à la fois de l’action de l’OCI, de l’ISESCO (voir infra) et de l’idéologie des Frères musulmans. Aux côtés du MRAP ou d’autres officines soi-disant « antiracistes» issues notamment de l’extrême gauche – qui avaient d’ailleurs initialement diabolisé Charlie Hebdo en l’accusant de «racisme anti-musulmans» –, le CCIF recense les «actes d’islamophobie», à partir des dépôts de plaintes et des signalements divers, sans vérification préalable et sans jamais attendre les verdicts des jugements, puis assure une assistance juridique auprès des « victimes», dont par exemple les femmes refusant d’ôter leur voile ou leur burka en lieux publics.

Reconnu d’intérêt général en juin 2011, le CCIF est membre consultatif du Conseil économique et social des Nations unies. En juillet 2004, il a qualifié d’acte «islamophobe» la simple «fermeture d’une école coranique à Grisy-Suisnes», qui avait pourtant été ouverte illégalement et dont la fermeture était motivée par l’agression de trois journalistes par quatre personnes, dont son directeur, Mohamed Hammami, entretemps expulsé en 2012 suite à des prêches incitant au jihad et à la haine envers les Juifs. En octobre 2006, le CCIF s’était également indigné d’un «rassemblement de personnalités à Lyon contre la venue de Hani Ramadan», frère de Tariq Ramadan, personnalité islamiste très controversée qui a justifié à maintes reprises les châtiments corporels et la lapidation. Les collaborations du collectif dans la sphère publique, sachant que le président Marwan Mohamed adhère à une vision suprémaciste et conquérante du prosélytisme islamiste, sont notoires, même s’il se présente comme neutre et reconnu par les pouvoirs publics. Dans son livre L’Islam, épreuve française, Élisabeth Schemla a reproduit une déclaration de Marwan Muhammad, prononcée à la mosquée d’Orly fin d’août 2011, selon laquelle les citoyens français n’ont aucun droit à s’opposer à l’éventualité de l’islamisation générale: «Qui a le droit de dire que la France dans trente ou quarante ans ne sera pas un pays musulman? Qui a le droit? Personne dans ce pays n’a le droit de nous enlever ça. Personne n’a le droit de nous nier cet espoir-là. De nous nier le droit d’espérer dans une société globale fidèle à l’islam. Personne n’a le droit dans ce pays de définir pour nous ce qu’est l’identité française». Cette profession de foi islamiste de M. Muhammad a été notamment reproduite lors du procès en diffamation intenté par le CCIF contre le journaliste français Ivan Rioufol.

Dans une interview accordée à Egypt Today en 2004, Tariq Ramadan avait déjà donné le ton et la méthode qui est aujourd’hui celle du CCIF: «Le terme charià est mal vu dans l’esprit des Occidentaux […]. Ce n’est pas nécessaire de mettre l’accent là-dessus. […] Pour le moment, ce n’est pas comme ça qu’on veut être perçus». La menace de recourir aux tribunaux (jihad by courts) pour faire appliquer des règles islamiques au détriment de la propriété privée a depuis donné naissance à l’approche dite des « accommodements raisonnables» préconisée par les islamistes et leurs compagnons de route. Rappelons aussi que le CCIF a invité Nader Abou Anas et Rachid Abou Houdeyfa (le fameux imam salafiste de Brest connu pour ses prêches extrémistes) à participer à son dîner annuel 2014, sachant que Houdeyfa, alias Rachid El Jay, a déclaré aux jeunes musulmans qui suivent ses séminaires sur l’islam que «Ceux qui aiment la musique écoutent le diable. Videz vos téléphones et vos MP3!».

Le 29 novembre 2015, Marwan Muhammad prit directement la défense de Rachid Abou Houdeyfa, bien que celui-ci ait été qualifié par François Hollande lui-même de «prêcheur de haine». Houdeyfa avait été visé par une enquête préliminaire par le parquet de Brest pour avoir promis notamment que ceux qui écoutaient de la musique seraient «transformés en singes et en porcs». Malgré cela, l’imam salafiste est devenu un «référent laïcité» après avoir obtenu un diplôme de l’université de droit à Rennes 1 en «Religions, droit et vie sociale».

Animé par des islamistes notoirement liés à l’Union des organisations islamiques de France (UOIF, structure française des Frères musulmans), le Collectif contre l’islamophobie converge avec d’autres forces communautaristes radicales rouges ou vertes qui sévissent dans l’hexagone depuis des années. On peut citer par exemple l’association des «Indivisibles», créée en 2007, centrée sur la dénonciation exclusive de l’islamophobie et prétendant «déconstruire» les préjugés ethno-raciaux tout en défendant les femmes en burqa ; le MIB (Mouvement de l’immigration et des banlieues), créé en 1995, axé sur la dénonciation du «racisme institutionnel» dont seraient systématiquement victimes les enfants d’immigrés extraeuropéens musulmans assimilés à des «néo-colonisés»; ou encore l’association des «Indigènes de la République», créée en 2005. Sa virulente Porte-parole, Houria Bouteldja, aux positions francophobes assumées, nomme les Français de souche les «souchiens», «colonisateurs héréditaires», et les fils de colonisés « opprimés par filiation »… en vertu de la thèse terrifiante de la responsabilité collective héréditaire et du «continuum colonial». Les Indigènes de la République prônent même une forme d’intolérance raciste « à rebours» anti-Blancs fondée sur la diabolisation de l’histoire des Européens, réduite à la haine anti-musulmane et anti-noire, aux croisades et à la colonisation.

Au cœur de ce dispositif surfant sur un « antiracisme» au départ légitime, mais dévoyé, se trouvent le MRAP, lié aux Indigènes de la République, et la Ligue des Droits de l’Homme, dirigée par Michel Tubiana, elle aussi liée à l’extrême-gauche et au PCF. La Ligue et le MRAP sont désormais parties civiles dans la plupart des cas supposés «d’islamophobie». Une islamophobie qui commencerait avec la simple critique de l’islam et même de l’islamisme, «injustement» associés au terrorisme. Défendant l’Union des Organisations islamiques de France depuis les années 1990 (liés aux Frères musulmans dont le slogan est «le Coran est notre constitution» et qui défend le mouvement palestinien terroriste Hamas), la Ligue des Droits de l’Homme avait considéré, en 1999, la demande du Ministère de l’Intérieur de reconnaître le «droit à changer de religion» inscrite dans une «Charte de l’islam républicain», comme une forme de «racisme anti-musulman»… En 1995, au moment des attentats commis par le GIA algérien en France, la Ligue fit partie du comité de soutien à Tariq Ramadan, qui venait d’être interdit de séjour en raison de liens supposés entre le Centre islamique de Genève, géré alors par lui et son frère Hani, et d’ex-membres du GIA1. La stratégie rouge-verte pro-islamiste du MRAP apparut encore plus évidente lorsque le Mouvement, alors dirigé par l’élu communiste de Saint-Denis Mouloud Aounit, prit la défense des jeunes filles voilées converties à l’islam radical refusant de retirer leur uniforme islamiste à l’entrée des lycées en criant à «l’islamophobie». Ainsi le MRAP a-t-il co-fondé la «Ligue de l’anti-islamophobie» avec la Ligue des Droits de l’Homme et la commission «Islam et Laïcité»…

Depuis des années, ces Ligues de vertu « antiracistes» notamment les plus anti-occidentales (MRAP, Ligue des Droits de l’Homme, CCIF, HALDE, etc.) sont parvenues à imposer un ordre lexical et juridique islamiquement correct et de plus en plus liberticide. Ils ont réussi, via la menace judiciaire et la diabolisation, à asseoir leur domination idéologique et morale sur les médias, les intellectuels (très peu osent risquer d’être cloué au pilori) et les politiques, terrorisés par les premiers. Opposées à la loi sur les signes religieux ostensibles à l’école, qui interdit le voile islamique, et aux lois postérieures anti-burqa (2010), ces nouvelles générations d’associations « antiracistes» ont renoncé à la fois à la laïcité républicaine et au féminisme prônés jadis par le PS, SOS Racisme ou par la courageuse association «Ni Putes Ni Soumises», bête noire des nouveaux antiracistes qui les accusent «d’islamophobie». Elles ont troqué les valeurs universalistes et individualistes de jadis et la défense des droits de l’homme et des individus libres contre un communautarisme victimaire «ethno-différentialiste» à la fois radicalement anti-occidental et anti-judéo-chrétien.

Extrait de "La stratégie de l'intimidation" d'Alexandre Del Valle, aux éditions du Toucan / L'Artilleur

"La stratégie de l'intimidation" d'Alexandre Del Valle

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