Pour une droite rebelle
Souveraineté, identité, démocratie : pourquoi la droite doit mettre à profit sa période d’opposition pour refuser la domination culturelle de la gauche
La droite doit profiter de la période d’opposition qui s’ouvre pour se reconstruire intellectuellement et balayer certains tabous que la domination culturelle de la gauche et un défaut d’esprit critique l’ont conduite à faire siens.
Les vicissitudes de l'élection du Président de l'UMP ou de la désignation de son candidat aux prochaines municipales à Paris, ainsi que les dissensions nées de la suite à donner au vaste mouvement populaire d'opposition au mariage dit « pour tous », attestent de la persistance du malaise idéologique et politique né de la défaite électorale que la droite a connue en 2012.
François Hollande et la gauche n’ont pas gagné les élections présidentielle et législatives ; ce sont d'abord Nicolas Sarkozy et l’UMP qui les ont perdues.
La désacralisation de l’incarnation de la fonction présidentielle, la fascination constante pour les modèles étrangers (américain au début du quinquennat, allemand par la suite) et la rupture avec l’électorat populaire, dont la forte mobilisation avait permis la nette victoire de Nicolas Sarkozy en 2007, ont été autant de causes d’une défaite devenue inéluctable. Trois éléments qui avaient déjà causé de la même manière l’échec de Valéry Giscard d’Estaing en 1981.
Pour certains, la prétendue « droitisation » de Nicolas Sarkozy orchestrée par Patrick Buisson, expliquerait la défaite de la droite. Il n’en est rien. C’est cette stratégie, et elle seule, qui a permis à Nicolas Sarkozy d’atteindre un score qui a fait de cette élection promise à la gauche depuis le début de son quinquennat, le scrutin le plus serré de la Cinquième République, après celui de 1974. Beau joueur, Alain Minc en convenait volontiers : « Quand Nicolas Sarkozy fait la campagne qui me plaît à moi, il ne gagne pas un point dans les sondages ; quand il commence à faire la campagne Buisson, il gagne 6 points. »
Une analyse tout aussi erronée consisterait à croire que la victoire politique par défaut de la gauche serait la traduction concrète de la réussite de la stratégie de Terra Nova. Celle-ci s’adresse à la France visible : aux diplômés, aux activistes de la nébuleuse associative, aux Français issus de l’immigration. Engoncée dans les certitudes de son tropisme parisien, la gauche ne voit le pays qu’à travers un prisme télévisuel. Or cette alliance de façade, dont l’antisarkozysme était le seul dénominateur commun est des plus artificielles : entre la gauche libertaire animée notamment par les activistes LGBT et certaines banlieues peu réputées pour leur tolérance en matière de mœurs, c’est la question sociétale qui s’avèrera la ligne de fracture majeure de cette coalition. Or c’est justement sur le seul plan sociétal que la gauche entend se démarquer véritablement de la droite, d'où l'obstination de François Hollande sur la question du mariage homosexuel, sur laquelle il fit preuve d'une inhabituelle fermeté. Son européisme fondamentaliste l’empêche en effet de s’opposer réellement à l’austérité généralisée mise en œuvre par Bruxelles et par l’Allemagne. Comme en 1983, lorsque la gauche renonça à l’égalité et à la justice sociale au nom de l’idéal européen, scellant ainsi le triomphe de la deuxième gauche et du « cercle de la raison » inspirés par la Fondation Saint-Simon.
Terra Nova est aujourd’hui l’inspiratrice d’une troisième gauche post-nationale et communautariste dont le refus absolu du conflit est la pierre de touche politique : faible face à l’Europe et aux marchés, faible face aux identités de substitution (sexuelles, culturelles, religieuses…) qui minent la cohésion nationale, encline au masochisme national et au culte de la repentance. Mais intransigeante face aux pourfendeurs de l’ordre moral qu’elle prétend imposer : les poursuites pour discrimination ou pour incitation à la haine raciale sont les bulles d’excommunication modernes et les associations dites anti-racistes les inquisiteurs de cette gauche qui surveille et qui punit. La gauche est devenu l’empire du bien, victorieux électoralement mais démuni politiquement et délabré intellectuellement.
La droite doit profiter de la période d’opposition qui s’ouvre pour se reconstruire intellectuellement et balayer certains tabous que la domination culturelle de la gauche et un défaut d’esprit critique l’ont conduite à faire siens.
Le premier de ces tabous, c’est évidemment l’Europe : depuis 1992 et le débat relatif au Traité de Maastricht, les élites françaises présentent l’Union Européenne comme un bouclier protecteur, rendu nécessaire par la globalisation. L’UE protègerait les français dans le monde, comme l’Etat protège ses citoyens. Or, l’Union Européenne n’est pas la France en grand : c’est au contraire le modèle réduit le plus abouti de la mondialisation. Europe passoire, incapable de se protéger commercialement et de défendre ses intérêts stratégiques, voilà la réalité actuelle de l’UE. Et les deux juridictions suprêmes du système européen, la Cour de Justice de l’UE et la Cour Européenne des Droits de l’Homme, le juge libéral et le juge libertaire, n’ont de cesse de saper les fondements du modèle français, caractérisé par le primat absolu du politique et le rôle central de l’État dans la vie publique. Appliquée avec empressement et délectation par certains magistrats français, cette jurisprudence européenne obère la capacité de l’Etat à exercer souverainement et démocratiquement ses missions régaliennes. Il faudra, comme Nicolas Sarkozy l’avait laissé entendre pendant la campagne, opposer à certains de ces oukases européens une désobéissance nationale qui est seule à même de répondre aux besoins de protections physiques, économiques et sociales de nos compatriotes.
Il s’agira aussi de tirer toutes les conclusions du débat sur l’identité nationale organisé en 2010 : l’enjeu de l’accès à la nationalité française, bien que crucial, a été sous-estimé par l’UMP, qui en a payé le prix électoral. Il faut rétablir la manifestation de volonté d’acquérir la nationalité française pour les enfants nés en France de parents étrangers et s’engager avec détermination dans une politique de naturalisations choisies, à rebours de la démarche cynique de Manuel Valls, qui, sous couvert d'une générosité factice, ordonne aux Préfets de naturaliser à tour de bras, afin que la gauche se constitue un électorat de substitution. Rappelons à ce titre que la naturalisation est une faveur, et non un droit (CE, 30 mars 1984, Min. des affaires sociales c/ M Abecassis).
Enfin, à l’heure où Mme Taubira met fin à la réforme des jurés populaires, il convient au contraire de rapprocher les citoyens de la justice. 32% des magistrats soutiennent une organisation professionnelle d’extrême-gauche, peu réputée pour son objectivité : parmi ceux-ci, beaucoup semblent en effet avoir oublié que « l’humeur des juges n’entre pas dans le code pénal » (François Mitterrand). Afin de redonner tout son sens au principe fondamental selon lequel la justice est rendue au nom du peuple français, dans le strict respect de la volonté du législateur, ne serait-il pas temps de procéder à l’élection par les citoyens de certains magistrats ? Des magistrats plus légitimes et plus représentatifs de la société française contribueraient à la restauration de la crédibilité de la justice largement entamée par son image laxiste.
Souveraineté, Identité, Démocratie : voici les valeurs qui doivent guider la droite de demain. Faisons fi de la disqualification intellectuelle et de la culpabilisation morale dont nous accableront les professionnels de l’indignation. Adressons-nous à cette France des invisibles qui refuse les excès du multiculturalisme et l’arrogance des élites mondialisées : l’avenir de la droite se joue au peuple !
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