La techno-vie en temps réel

Cette année, je suis allée à SXSW Interactive où, avecAmita Paul, la fondatrice d'Objective Marketer, une société récemment acquise par EmailVision, j'animais une conversation qui s'appelait "Briser le plafond de verre – Femmes entrepreneurs intrépides." En quelques tweets le jour même, nous avons fait salle pleine. La leçon est celle-ci. A SXSW, un gigantesque festival de technologie qui dure cinq jours et attire tous les ans des milliers de visiteurs à Austin, on vit en temps réel.

On y voit des quantités de produits nouveaux (plus ou moins selon les années), des dizaines de célébrités de l'industrie qui se mêlent à la foule et si on avait le don d'ubiquité, on pourrait assister aux dizaines de sessions qui se tiennent en parallèle. On peut planifier son emploi du temps et programmer toutes sortes de rendez-vous, mais l'intérêt n'est pas d'avoir prévu le détail de toutes ses journées, c'est de pouvoir improviser tout en étant certain de découvrir des produits intéressants et de rencontrer une quantité de gens nouveaux auxquels on peut parler comme si on les connaissait depuis toujours.

Collaborer sans se heurter

C'est la vie en temps réel, et c'est cet aspect qui intéresse tout particulièrement Louis Montagne : "Je viens ici, dit-il, pour observer les nouvelles technologies, mais aussi  les comportements et les usages des technologies du temps réel, puisque la collaboration en temps réel est ce qui définit notre plateforme, U.C. Engine. Il est extraordinaire de voir 1500 personnes se pointer à un rendez-vous organisé par Gary Vaynerschuk [l'un des plus célèbres spécialistes du vin], alors que personne ne connaissait le lieu de rencontre quarante minutes plus tôt." L'intérêt de SXSW Interactive, c'est la foule et le mouvement, et de subitement participer à de nouveaux groupes, ou, si vous voulez, à ce que Seth Godin appelle des "tribus," pour reprendre le titre de l'un de ses livres que j'ai traduit en 2009.

Des visiteurs de tous les âges et de tous les styles. Des parents avec des bébés. Des spécialistes de plusieurs horizons, parce que SXSW, ce sont neuf jours, au cours desquels SXSW Interactive, SXSW Film et SXSW Music se chevauchent, et se complémentent. Pas de film sans musique. Pas de film ni de musique sans techno. Des explorateurs de tous les pays.

Et les français n'étaient pas en reste. En voici quelques-uns, Axelle Tessandier, de Scoop.it (ainsi que son co-fondateur avec Guillaume Decugis, Marc Fuseki), FaberNovel avec Clément Alteresco et Stéphane Distinguin,  Pierre Arlais de Bearstech, Renaud Edouard-Baraud, Directeur médias à L'Atelier BNP Paribas qui s'est entretenu avec plusieurs entrepreneurs sur le blog créé pour l'occasion, French by South West, Jérôme Seillier, de techfood (qui note les efforts de Michèle Amar du Bureau Export de la musique française à New York pour faire voyager les groupes français), Laure Contant d'HLC Production, Jean-Baptiste Roger, Conseiller technique en charge du numérique au Conseil Régional Ile de France, ou Christophe Aguiton, chercheur à Orange Labs, qui a parlé de la visualisation des données sur les cartes des villes.

Une chose est aussi certaine, c'est qu'à côté de la tendance temps réel, la tendance "hyper-local" était aussi très présente. Chacun se trouvait chez soi, en tout cas, dans cette atmosphère bon enfant, où les grandes sessions étaient illustrées par des artistes en chair et en os et sans ordinateurs. Bref, à SXSW, dans l'art de changer le monde, les nations et les temporalités collaborent sans se heurter.