Pour 66% des Français, Najat Vallaud-Belkacem manque de vision pour l’école et pour 74% d’entre eux, elle n’est pas à leur écoute<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Pour 66% des Français, Najat Vallaud-Belkacem manque de vision pour l’école et pour 74% d’entre eux, elle n’est pas à leur écoute
©Reuters

Sondage exclusif

Contestée par l'électorat de droite dans son projet de réforme du collège, la ministre de l'Education nationale ne parvient pas à convaincre sur son autorité. Sa compétence à gérer le portefeuille ministériel qui lui a été confié est également remise en doute par les Français, selon un sondage Ifop pour Atlantico.

 Ifop

Ifop

L'Ifop est un institut de sondages d'opinion et d'études marketing.

Voir la bio »
Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

Voir la bio »

Cliquez pour agrandir

Atlantico : Dans quel contexte ce sondage survient-il ?

Jérôme Fourquet : Ce sondage a été réalisé dans un contexte marqué par le débat autour de la réforme du collège porté et incarné par Najat Vallaud-Belkacem. Cette réforme est aujourd'hui importante car elle a réactivé une querelle entre la gauche et la droite qui, si elle n'avait jamais vraiment cessé, était en sourdine ces dernières semaines. La montée en puissance du débat et le champ de bataille politique se portent désormais sur le sujet de l'école.

On a noté ces derniers temps que Najat Vallaud-Belkacem était devenue pour la gauche une figure à défendre, là où ceux sensibles à la droite la considèrent comme un ennemi politique, avec parfois des attaques très virulentes. On voit à la lueur des résultats de ce sondage que ce n'est probablement pas par hasard si Nicolas Sarkozy a récemment basé son attaque sur la médiocrité présumée de la ministre de l'Education nationale et de Christiane Taubira. Les affrontements, outre sur le fond de la réforme, portent aussi sur des symboles politiques : alors que la garde des Sceaux est considérée comme laxiste, Najat Vallaud-Belkacem est accusée de niveler vers le bas, de remettre en cause la méritocratie. La gauche défend quant à elle une série de mesures en faveur de l'égalité.

Ces très fortes tensions idéologiques ne laissent, bien entendu, pas l'opinion indifférente. Et en tant que ministre de l'Education nationale, elle accuse le débat.

Quels enseignements peut-on en tirer ?

L'image de la ministre est très clivée. Si elle bénéficie d'un très large soutien à gauche, elle est strictement rejetée et critiquée à droite. Il y a cependant un consensus sur un certain nombre de points comme le fait qu'elle incarne le camp de la gauche : 56% de Français sont d'accord à ce propos. Ce n'est d'ailleurs probablement pas un hasard si François Hollande a donné comme consigne de faire bloc autour d'elle, tout comme on a pu le voir avec Christiane Taubira lors du débat sur le "Mariage pour tous" où elle est devenue une figure iconique de la gauche.

Qui plus est, la même proportion de Français la trouve sympathique (51%), comme sur la question de sa pensée sectaire (45%).

Mais dans le détail, le clivage se retrouve bel et bien. Elle incarne les valeurs et les idées de la gauche, elle est un symbole, une image polarisée avec un soutien massif de la part des socialistes et un rejet de la part de l'UMP. Ainsi, si 80% des sympathisants socialistes la trouvent "sympathique", ils ne sont plus que 33% à l'UMP. L'écart est donc considérable, et démontre un certain manichéisme à son égard. Sur l'item "sectaire", alors qu'ils sont 63% à lui accoler cette étiquette à l'UMP, ce chiffre retombe à 26% chez les sympathisants socialistes.

Autant sur ces deux items, la ministre de l'Education ne s'en sort pas trop mal au regard du contexte, autant sur sa "compétence", sa "vision pour l'école" et sa "capacité d'écoute", elle est beaucoup plus contestée. Sur la compétence ministérielle, les résultats montrent que si la réforme se déroule correctement, Najat Vallaud-Belkacem reste fragile : un tiers seulement des Français la trouve compétente (35%). Sur la capacité d'écoute, ce chiffre tombe même à 26%.

Ces derniers résultats sont problématiques dans le sens que l'Education nationale est le premier budget, et la priorité affichée du gouvernement : l'Education nationale est donc un véritable enjeu et le gouvernement le sait. Et si politiquement elle s'est investie, deux tiers des Français ne l'accréditent pas d'une vision pour l'école, alors qu'elle est en charge d'une réforme très lourde au regard de ce que ses prédécesseurs, parfois plus expérimentés, ont pu essayer de faire passer.

Dernier point, sa capacité à être à l'écoute des Français. Seul un quart d'entre eux l'en estime capable, bien que cela puisse aussi s'expliquer par le contexte de "bras de fer" avec l'opposition. D'ailleurs, la ligne a été jusqu'à présent du ne rien lâcher, la réforme de Najat Vallaud-Belkacem n'est pas une réforme co-construite. La manifestation prévue mardi prochain l'illustre bien.

Si elle était montée au créneau lors de la manif pour tous, sa capacité d'écoute ne lui est pas associée. Elle a intégré tous les codes de la communication politique. On l'avait comparée à plusieurs reprises à Rachida Dati, c’est-à-dire une porte-parole qui présente bien, mais quand on regarde sa capacité d'écoute, on voit qu'il y a un décalage entre les deux.

publié par Atlantico

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !