Sommes-nous attentifs à la collecte de nos données personnelles ou pas ? Les téléchargements d’applications Apple fournissent d’intéressantes réponses<!-- --> | Atlantico.fr
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Les nouveaux iPhone 13 sont exposés dans un magasin Apple, le 27 janvier 2022, à Corte Madera, en Californie.
Les nouveaux iPhone 13 sont exposés dans un magasin Apple, le 27 janvier 2022, à Corte Madera, en Californie.
©JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES AMÉRIQUE DU NORD / GETTY IMAGES VIA AFP

Consommateurs

Une publication de professeurs de finance de la London School of Economics et de l'Université de la Colombie-Britannique à Vancouver met en évidence le fait que le manque de sensibilisation des consommateurs aux pratiques de collecte de données par les entreprises constitue un obstacle majeur à la protection de la vie privée et finit par faire évoluer les pratiques des utilisateurs.

Bo Bian

Bo Bian

Bo Bian est professeur de finance à l'Université de la Colombie-Britannique, à Vancouver.

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Huan Tang

Huan Tang

Huan Tang est professeur de finance à la London School of Economics.

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Atlantico : Depuis la fin de l’année 2020, Apple demande aux éditeurs de son Appstore de partager avec les utilisateurs leur traitement des données collectées lors de l'utilisation des applications. Votre étude intitulée L'offre et la demande de preuves de la confidentialité des données des applications mobiles (The Supply and Demand for Data Privacy: Evidence from Mobile Apps) explore comment l'affichage de ces informations a affecté le nombre de téléchargements d'applications ? Comment pouvons-nous étudier cette question ?

Bo Bian et Huan Tang : Notre article étudie comment la divulgation des activités de collecte de données des applications affecte la demande d'applications mobiles en utilisant les données hebdomadaires sur les téléchargements et les revenus fournies par Sensor Tower. Pour ce faire, nous comparons les téléchargements de la version iOS d'une application à ceux de sa version Android, aux alentours de la publication des étiquettes de confidentialité. Cette méthode est analogue aux études de jumeaux : la version iOS d'une application est traitée dans le cadre de la politique de confidentialité d'Apple, tandis que sa jumelle (la version Android) peut servir de contrôle et nous informer sur le contrefactuel. L'étude porte sur les 10 000 applications les plus populaires dans chacun des dix pays suivants : États-Unis, Royaume-Uni, Russie, France, Canada, Japon, Australie, Allemagne, Corée, Italie. Ces applications représentent plus de 90 % du total des téléchargements d'applications dans le magasin d'applications d'Apple.

Une fois informés, les utilisateurs sont-ils préoccupés par la confidentialité des données ? Cela se traduit-il par une diminution significative des téléchargements d'applications ?

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Nous montrons qu'après la publication d'un label de confidentialité, une application iOS moyenne subit une baisse de 12 à 15 % de ses téléchargements hebdomadaires et de ses revenus par rapport à son homologue Android, avec un effet encore plus marqué pour les applications les plus envahissantes et substituables. Ces résultats suggèrent que les consommateurs ont effectivement une aversion pour la collecte de données. Parmi les dix pays examinés par les auteurs, les consommateurs français affichent un degré moyen d'aversion pour la collecte de données - similaire à celui des consommateurs autrichiens et japonais - tandis que les consommateurs américains, canadiens et britanniques réagissent plus négativement.

L'affichage de ces informations suffit-il à résoudre le paradoxe entre la demande de protection des données et le comportement des utilisateurs ?

Alors que les consommateurs expriment leurs préoccupations concernant la confidentialité des données, la grande majorité d'entre eux continuent à partager largement leurs données personnelles sur Internet. C'est ce que l'on appelle le "paradoxe de la vie privée". Les résultats de cet article suggèrent que le décalage entre leurs préférences déclarées et leur comportement réel pourrait être dû à une faible sensibilisation à la protection de la vie privée. Une fois que les informations sur les pratiques de collecte de données des entreprises sont divulguées de manière visible et facilement assimilable, les consommateurs réagissent en réduisant leur demande d'applications moins respectueuses de la vie privée.

L'affichage de ces données représente-t-il une perte d'argent pour les éditeurs d'applications ? Sont-ils prêts à s'adapter aux attentes de leurs utilisateurs pour éviter de perdre de l'argent ?

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Comme pour les téléchargements, nous constatons une baisse de 15% des revenus hebdomadaires pour les applications iOS, par rapport à leurs homologues Android. En outre, nous observons des réactions négatives du marché boursier, en particulier chez les entreprises qui récoltent davantage de données. À long terme, cela devrait inciter les entreprises à protéger la vie privée. Cependant, à partir d'octobre 2021, nous n'observons pas de réduction systémique de la quantité de données collectées par les applications. Cela est probablement dû au fait qu'il faut du temps aux développeurs d'applications pour adapter leurs modèles commerciaux. Il est intéressant de noter que la boutique d'applications Google Play mettra en œuvre une politique similaire en avril prochain. Il serait intéressant de voir la réaction des utilisateurs d'Android.

Pour retrouver l'étude de Bo Bian et Huan Tang, cliquez ICI

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