Sniper en vue : Manuel Valls, le candidat qui attendait son heure<!-- --> | Atlantico.fr
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La grande question qui le concerne reste son poids réel dans l'appareil du Parti socialiste. Valls, combien de divisions ? Au bout du compte, il apparaît comme l'homme de la loyauté, ce qui peut faire penser qu'il joue davantage 2022 que 2017.
La grande question qui le concerne reste son poids réel dans l'appareil du Parti socialiste. Valls, combien de divisions ? Au bout du compte, il apparaît comme l'homme de la loyauté, ce qui peut faire penser qu'il joue davantage 2022 que 2017.
©Reuters

Dans l'ombre

Alors que François Hollande voit plusieurs nuages s'amonceler au-dessus de sa candidature à la présidentielle de 2017 (sondages peu encourageants, chômage qui ne baisse pas...), pourrait-il être remplacé au pied levé par Manuel Valls ? Si le Premier ministre joue officiellement la loyauté envers le président de la République, l'idée trotte bel et bien dans sa tête.

Serge Raffy

Serge Raffy

Journaliste au Nouvel Observateur, écrivain, Serge Raffy a publié en 2011 chez Fayard François Hollande, itinéraire secret, qui s'est vendu à 15 500 exemplaires, et Moi, l'homme qui rit (Flammarion, octobre 2014). Il est également l'auteur de Nicolas et les vampires (Robert Lafont, 2016).

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Atlantico : Alors que François Hollande fait face à plusieurs difficultés dans l'optique de sa candidature pour 2017 (sondages inquiétants, chômage qui a ré-augmenté récemment…), Manuel Valls se prépare-t-il en coulisses pour l'hypothèse d'une candidature de secours au cas où François Hollande décidait finalement de ne pas se représenter ?

Serge Raffy : Manuel Valls est dans la position du guetteur. Il a fait le choix difficile de la fidélité et de la loyauté à l'égard de Hollande, ce qui est assez rare en politique. Il clame qu'il est un Républicain, donc surtout fidèle aux institutions de la Vème République. ll est donc dans la défense de la légitimité du président de la République, élu au suffrage universel, malgré les sondages catastrophiques pour ce dernier. Ce choix en fait un dauphin sérieux qui a l'expérience de l'exercice du pouvoir. Dans l'hypothèse, pas totalement absurde, que François Hollande ne soit pas en situation d'être candidat, il est donc celui qui incarne le mieux la relève. Celle d'une certaine forme d'autorité de gauche. Il est donc en stand-by, si je puis dire...

Manuel Valls peut-il vraiment représenter une solution pour la gauche dès 2017, ou vise-t-il davantage l'échéance présidentielle de 2022 ?

Il est bien sûr un recours presque naturel pour la gauche, mais il fait comme si ce scénario d'un empêchement de Hollande n'existait pas. Sur le devant de la scène, il n'envisage pas cette hypothèse, mais, bien sûr, il se prépare. Ses dernières interventions marquent bien qu'il est lui aussi en campagne, pour lui-même. C'est une posture un peu schizophrénique d'un point de vue politique. Il a d'une certaine manière un pied dedans et un pied dehors dans son soutien à François Hollande. La grande question qui le concerne reste son poids réel dans l'appareil du Parti socialiste. Valls, combien de divisions ? Au bout du compte, il apparaît comme l'homme de la loyauté, ce qui peut faire penser qu'il joue davantage 2022 que 2017. Mais les jeux sont tellement troublés, tellement incertains, qu'il a, en fait, les deux fers au feu. Il se prépare pour 2022, mais si Hollande n'y va pas, il sera prêt, c'est sûr…

Comment peut-on qualifier les relations qui existent aujourd'hui entre Manuel Valls et François Hollande ? Se sont-elles tendues récemment ?

Paradoxalement, les deux hommes aujourd'hui sont plus sereins qu'il y a quelques mois, comme si l'approche des échéances électorales les libérait. Ils s'amusent régulièrement de leur rivalité, évoquent en rigolant le fait que Valls pourrait le remplacer au dernier moment. Cette détente se voit sur le visage du Premier ministre, surtout, lequel aborde cette dernière ligne droite beaucoup plus détendu que ces derniers mois. Bien sûr, la rivalité existe entre les deux hommes, en particulier sur la méthode de gouvernement. Valls n'a jamais caché ses agacements vis-à-vis du Président, en particulier sur sa communication, qu'il juge trop inaudible. Son entourage voit bien que le président, malgré ses efforts, ses sorties quotidiennes, son activisme sur le terrain, n'imprime plus dans l'opinion. Alors Valls piaffe à l'idée d'être dans la bagarre face à la droite. Quel que soit son futur rôle, il sera en première ligne, soit en lieutenant qui sait qu'il va au feu, avec une défaite à la clé, soit en chef de guerre prêt à renverser la table. Pour l'heure, il est plutôt dans le rôle du soldat qui s'apprête à survivre après Waterloo…

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