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Ô toi qui écoute Skyrock, 
vote pour moi 
qui te comprends si bien
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Opportunisme

Depuis l'annonce du départ forcé du fondateur historique de la radio Skyrock Pierre Bellanger, des milliers de jeunes auditeurs s'insurgent et se mobilisent sur la toile. Une révolte cybernétique aussitôt récupérée par les hommes politiques de droite comme de gauche. Tristane Banon, elle, "fait confiance à la jeunesse triomphante pour trier le bon grain de l'ivraie au moment de mettre au fond de l'urne un bulletin de vote que tous voudraient lui voler au forceps !"

Tristane Banon

Tristane Banon

Tristane Banon est écrivain et journaliste.

Elle écrit pour Atlantico essentiellement sur les jeunes dans le cadre de la rubrique "Jeunesse se passe".

Photo © Fanny Falourd

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Mardi 12 avril 2011, un jour comme les autres, ou presque. Mardi 12 avril, il fait beau en France et Pierre Bellanger, Directeur général de Skyrock, est dégagé de son poste par Axa Private Equity. Mardi 12 avril, l'un des militants les plus fervents des radios libres des années 80' est foutu à la porte. Mardi12 avril 2011 donc, il fait beau et des milliers de jeunes auditeurs de Skyrock décident de refaire Mai 68 sur FaceBook, Twitter, et sur les ondes, pour défendre le héros déchu, symbole de leur liberté chérie.

Les choses pourraient s'arrêter là, la France n'est plus à une indignation près et les révolutions cybernétiques, moins fatigantes qu'un cortège sous la pluie, sont aussi régulières que la hausse de la radioactivité à Fukushima.

Sauf que chaque auditeur révolté de plus de 18 ans est aussi un bulletin de vote sur pattes, de cette race d'électeurs dont on ne sait ni pourquoi ni comment ils penchent à droite ou à gauche, un profil (Facebook ?!) indéfinissable et changeant que tout politique ambitieux qui se respecte rêve de rallier à sa cause. Alors autant dire que, dès le 13 avril au soir, l'occasion est trop belle, pour les élus de tous bords, de lançer leur "Je vous ai compris" moderne et djeun's, derrière lequel il faut entendre "Et je vous comprendrai toujours, votez pour moi jeunes citoyens !"

Les politiques à la rescousse

Action, réaction : le mercredi soir, le tout fraîchement déclaré candidat aux primaires socialistes François Hollande, y allait, dans l'émission "Planète Rap", de son laïus sur Skyrock (dont on suppose bien volontiers qu'il l'écoute tous les matins en se rasant), cette radio qui "n'appartient pas seulement à ses actionnaires mais à ses auditeurs", défenseuse des "musiques de jeunes" et qui doit "continuer à être ce qu'elle a été", en français dans le texte ! Jeudi matin, Jack Lang allait plus loin et "suppli(ait) les gens d'Axa de revenir sur leur décision". Monsieur Lang, qu'on n'avait jamais vu si attaché à la station, se déclarait même "prêt à descendre dans la rue".

Et c'est au nom du PS dans son entier que Benoît Hamon, porte-parole du parti, a apporté son soutien au soldat Bellanger.

Finalement, outsider plus adroite (sans jeux de mots) en communication révolutionnaire que nul autre, c'est Rama Yade qui a frappé le plus fort en twittant son profond mécontentement (on l'imagine chamboulée de l'intérieur, elle qui s'endormait vraisemblablement bercée par le doux rap de Skyrock jusqu'alors). "Soutenons la radio de toute une génération : la liberté de ton n'est pas à vendre" : voilà qui tient en quelques lignes à répendre comme une trainée de poudre sur le réseau, et qui claque plus fort qu'un bonne publicité pour les yaourts, ou un slogan politique, ce qui, finalement, revient au même.

J'aimerais voir Pierre Bellanger retrouver sa place, non pas pour maintenir la ligne éditoriale que je ne ferais pas semblant de connaitre d'une radio que je n'ai jamais écoutée, mais plutôt pour rappeler que l'argent ne peut pas tout et que les agitateurs d'idées ont encore le droit au respect. J'aimerais que ces levées de boucliers politiques ne soient motivées par aucune autre raison que la défense d'une certaine vision de la liberté. J'aimerais plein de choses encore. Mais finalement, de tout cela je ne veux garder que la juste indignation face à un débarquement proprement scandaleux, et je fais confiance à la jeunesse triomphante pour trier le bon grain de l'ivraie au moment de mettre au fond de l'urne un bulletin de vote que tous voudraient lui voler au forceps !

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