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Sexe, mensonges et trahisons : les “Borgia” hantent-ils encore les couloirs du Vatican ?
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L'envers du décor

Trois mois après sa sortie en Italie, le livre de Gianluigi Nuzzi, "Sa Sainteté, scandale au Vatican", qui avait causé la chute du majordome du pape, est publié en France (Éditions Privé). L'ouvrage dénonce notamment de nouveaux scandales érotiques et pornographiques au sommet de l’Église.

Bernard Lecomte

Bernard Lecomte

Ancien grand reporter à La Croix et à L'Express, ancien rédacteur en chef du Figaro Magazine, Bernard Lecomte est un des meilleurs spécialistes du Vatican. Ses livres sur le sujet font autorité, notamment sa biographie de Jean-Paul II qui fut un succès mondial. Il a publié Tous les secrets du Vatican chez Perrin. 

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Atlantico : L'édition française du livre de Gianluigi Nuzzi, intitulée Sa Sainteté – Scandale au Vatican, est sortie jeudi. Ce livre dénonce plusieurs scandales impliquant le Vatican. Pouvez-vous nous rappeler les faits ?

Bernard Lecomte : En février dernier, des documents confidentiels et souvent sulfureux ont commencé à « fuiter » dans l’entourage de Benoît XVI. Le bénéficiaire de ces fuites visiblement malveillantes, le journaliste Gianluigi Nuzzi, a publié certains de ces documents, puis il en a fait un livre. Le scandale a connu son apogée quand la police vaticane a arrêté l’auteur de ces indiscrétions, qui n’était autre que Paolo Gabriele, le majordome personnel du pape ! La lecture du livre confirme que ces fuites révèlent surtout des petits règlements de compte, plutôt minables, entre factions rivales dans l’entourage de Benoît XVI, qui jettent un réel discrédit sur les affaires de la papauté. Elle confirme aussi que la cible de ces manœuvres peu glorieuses était bien le cardinal secrétaire d’Etat, Tarcisio Bertone, dont certains monsignori souhaitent le départ, mais à qui Benoît XVI a redit récemment sa confiance.

La sortie du livre en Italie a suscité une vague de contestation. Peut-on s'attendre à pareille réaction de la part des catholiques en France ?

Non. Il faut dire que le scandale se limite à la Cité du Vatican, ses couloirs, ses secrets, ses finances, ses rapports avec la politique italienne, etc. Certes, ce minuscule Etat papal de 44 hectares situé au cœur de Rome a toujours passionné les Italiens, mais en général, il laisse indifférents les Français, y compris les catholiques qui ont toujours considéré avec un certain recul ce qui se passe et se dit au Vatican. L’hystérie dont a fait preuve la presse italienne dans cette affaire au printemps ne gagnera pas la presse française, je vous en fais le pari !   

La version française de Sa Sainteté dévoile de nouvelles révélations, notamment un chapitre sur la pornographie. Est-ce un scandale de plus ? Y a t-il un nouveau "Borgia" au Saint Siège ?

Un Borgia avec les dents de Dracula et la moustache d’Hitler ? C’est curieux comme le Vatican, au moindre fait divers, suscite les fantasmes les plus débridés ! Soyons sérieux : l’affaire en question concerne l’épiscopat allemand, propriétaire d’un groupe de presse, Weltbild, dont on a découvert qu’un de ses départements éditait des livres pornos. Le pape, averti, a demandé à ses anciens confrères de régler cette désolante bavure d’ordre commercial, mais l’épiscopat allemand, qui a besoin d’argent, a un peu tardé, apparemment, à passer à l’acte !

Finalement peu d'informations fuitent du Vatican, l'opacité est-elle encore présente malgré les efforts de transparence de Benoît XVI ?

La transparence totale dans les affaires d’Etat, au Vatican comme à la Maison Blanche ou au Kremlin, est tout simplement impossible. Benoît  XVI l’a effectivement exigée de la Curie, notamment en matière financière, mais il aura du mal à se faire obéir à 100 %. Il a quand même réussi à ce que le comité Moneyval du Conseil de l’Europe ne classe pas la Cité du Vatican parmi les Etats suspects de blanchiment d’argent, ce qui aurait fait tache…

Peut-on s'attendre à des changements de comportement au Vatican, suite à la sortie de cet ouvrage ?

Sans doute. De même que l’administration américaine a été très secouée par les révélations de l’affaire « Wikileaks », l’affaire « Vatileaks » a fait comprendre au Vatican qu’il était lui aussi à la merci des portables, des réseaux sociaux, des copiés-collés, des tweets et des indiscrétions qui font le tour du monde en quelques minutes ! Mais il lui sera difficile, en matière de communication, de passer directement du Moyen Age au XXIè siècle… 

Propos recueillis par Charles Rassaert

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