Sexcam, sexting : le cyber sexe est désormais la norme pour les ados<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
High-tech
Le web a bouleversé les rapports amoureux qu'entretiennent les jeunes.
Le web a bouleversé les rapports amoureux qu'entretiennent les jeunes.
©Reuters

L'amour sur Internet

Les parents l'ignorent peut-être, mais le web a bouleversé les rapports amoureux qu'entretiennent les jeunes aujourd'hui. Sylvain Mimoun et Rica Etienne énumèrent les risques que peuvent courir les ados en surfant sur la toile. Extrait de "Ados, amour et sexualité" (2/2).

Sylvain  Mimoun et Rica Etienne

Sylvain Mimoun et Rica Etienne

Le Dr Sylvain Mimoun est gynécologue et spécialiste de la sexualité.

Rica Etienne est journaliste, spécialisée dans les questions de santé, de psychologie et de société.

Ils ont co-écrit le livre "Ados, amour et sexualité" aux éditions Albin Michel.

Voir la bio »

Déshabillage en ligne

Le déshabillage en ligne (ou sexting) est une pratique en nette recrudescence ces temps-ci. Piège fréquent : le garçon demande à la fille de dévoiler ses seins. Elle le fait par défi peut-être, l’adolescence est la grande période du « t’es pas cap ». Le problème, c’est que le garçon peut alors menacer de diffuser les images sur Facebook si on ne se met pas totalement nue. Ces cas ont souvent été rapportés sur les différentes plateformes d’écoute. Dans ces situations-là, les plateformes conseillent aux parents de porter plainte à la gendarmerie, tandis que parallèlement le centre d’appel porte le problème devant l’Office central de cybercriminalité qui fait les recherches.

Parfois, le chantage au déshabillage peut aller encore plus loin, avec des demandes d’attouchements devant la webcam ou la caméra du portable.

Même si la fille et le garçon sont consentants tous les deux, même s’il n’y a pas eu viol, la diffusion ensuite via les portables d’images considérées comme « pédo-pornographiques » est interdite. Et il n’est pas rare que l’un ou l’autre des deux acteurs improvisés fasse circuler ces images, destinées au départ à rester très privées.

Autre grande arnaque récente, un étranger (qui se cache habituellement sous l’apparence d’une jolie fille) vous propose sur MSN ou Facebook de devenir votre ami. Vous l’acceptez et le laissez entrer dans votre ordinateur. Le « faux ami » pirate celui-ci, s’infiltre dans votre photothèque. Ensuite, il vous rackette et menace d’envoyer vos images et films les plus confidentiels à tous vos contacts si vous n’envoyez pas de l’argent (en général en Afrique par la Western Union). Cette nouvelle forme de cybercriminalité fait de plus en plus de victimes. Si cela vous arrive, appelez Net écoute famille qui vous indiquera la marche à suivre, à savoir porter plainte. Ensuite, il faudra faire nettoyer l’ordinateur toujours pollué par le virus intrus (un cheval de Troie) à l’intérieur.

Nouvelles tendances

Le dédipix consiste à s’écrire des dédicaces sur le corps avec pour objectif d’obtenir un maximum de commentaires possibles sur son blog et devenir ainsi une « personnalité ». On comprend bien que suivant la partie du corps révélée, les filles et les garçons qui s’adonnent à ce nouveau jeu auront plus ou moins de réactions. Le must étant l’exposition des seins, des fesses et des cuisses dans des positions suggestives.

La Toile et le portable sont donc devenus des outils de drague assez ambigus. Dans la vie en vrai, au collège ou au lycée, on reste très pudiques, mais sur le Net, sous le couvert d’anonymat ou pas, en tout cas à distance de l’autre, et avec la protection supposée du monde virtuel, on expose son intimité sans avoir toujours conscience des risques encourus et de l’escalade vers le trash pour être vu. Le problème, c’est que les infos restent ; On peut oser frimer pour impressionner ses copines, mais cinq ans après, au lycée, à la fac, pour un premier emploi, quelle sera l’influence de cette intimité exhibée ?

La technologie permet d’être le propre producteur de soi-même, à ses risques et périls !

L’amour (ou le sexe) à distance

A force de chatter tous les jours, certains finissent par tomber amoureux d’un ou d’une parfaite inconnue, jamais vu(e) en chair et en os, jamais touché(e) sentie ou caressé(e) pour de vrai. Cette personne renvoie en miroir les émotions que l’on ressent, on est sûr d’avoir enfin trouvé son double. Le sentiment s’avère parfois sincère, immense et réciproque.

Une telle histoire d’amour a-t-elle des chances de durer et de satisfaire totalement ? Sans doute pas si on ne peut jamais rencontrer l’autre dans la vraie vie. C’est seulement là que l’on sera confronté avec la réalité. Cette personne est-elle réellement celle dont on est tombé amoureux ? S’est-elle inventé une histoire à laquelle on a voulu croire ? Il est nécessaire de parler, d’échanger, de se frotter à l’autre pour de bon, il faut risquer de ne pas lui plaire, de le décevoir et d’être déçu soi-même. Comme dans la vie en somme. La possibilité de dialoguer (voir de s’éprendre) à l’autre bout de la planète permet tout, y compris le sexe virtuel via les webcams. Cette situation est-elle nocive au début de sa vie amoureuse ? La vérité, c’est que tout cela est tellement récent dans l’histoire de l’humanité, qu’aucun sociologue, psychologue ou sexologue ne se risquerait à indiquer ce qu’il en est vraiment. Il faudra sans doute plusieurs générations pour comprendre ce qui se joue en réalité au niveau de l’intime. Nous sommes la première génération à tester les possibilités inouïes du numérique, y compris dans le domaine amoureux et sexuel. Il est possible qu’au début, la sexualité virtuelle paraisse moins agressive, qu’elle permette d’apprivoiser son corps et celui de l’autre, que même, elle démultiplie le désir. Encore faut-il s’y abandonner devant la caméra sans culpabilité. Une chose est sûre, à terme, il y aura nécessité de se confronter à un vrai corps, à la douceur d’une peau, à la tiédeur d’une haleine, irremplaçables et tellement humains.

_____________________________________________

Extrait de "Ados, amour et sexualité"

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !