Séries et films en streaming : pourquoi l’avenir du piratage est dans votre poche<!-- --> | Atlantico.fr
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La semaine dernière un épisode de Games of Thrones a été posté en live streaming sur le site Periscope.
La semaine dernière un épisode de Games of Thrones a été posté en live streaming sur le site Periscope.
©Reuters

Capitaines Crochet

Lundi 12 avril, le premier épisode de la nouvelle saison de Game of Thrones totalisait huit millions de téléspectateurs lors de sa diffusion sur la chaîne américaine HBO. C'était sans compter les nombreux internautes qui l'ont regardé en ligne sur des sites de téléchargement illégaux... Parmi ces plateformes, Periscope, application de streaming, qui n'a pourtant rien d'illégal.

Francis  Nahm

Francis Nahm

 
A 23 ans, il est CEO et co fondateur de Sidemash, le réseau social du partage d'évènements en direct. Titulaire d’un diplôme d’Ingénieur en Télécommunications & Réseaux de l’INSA de Lyon et diplômé du Master 2 IREN ( Industries de Réseaux et Économie Numérique ) de la Graduate School de l’Ecole Polytechnique, il est spécialiste du streaming. 
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Atlantico : La semaine dernière un épisode de Games of Thrones a été posté en live streaming sur l'application Periscope et visionné par plusieurs centaines d'internautes sur leurs téléphones. Quels sont les avantages et les inconvénients du live streaming par opposition au streaming "traditionnel" ?

Francis Nahm : Le principal avantage du live streaming est son immédiateté. La vidéo est filmée en directe, l'internaute qui la visionne est donc au cœur même de l'évènement. On montre et on partage ce qu'on fait au moment même. Le live streaming c'est l'évolution directe des réseaux sociaux : Facebook a démocratisé l'immédiateté, Instagram a permis de partagé instantanément des photos de tout ce que l'on fait, Twitter est dans le contexte du direct en augmentant la vitesse de partage quant à Whatsapp et Snapchat ils permettent de partager ce que l'on vient juste de vivre. Le live streaming s'inscrit donc dans une continuité. La 4G a rendu possible cette expansion du live streaming : la connexion internet est plus rapide, la qualité meilleure. La 4G est donc adaptée à la rapidité de l'information. De plus, le live streaming profite de l'essor majeur que connaît actuellement la vidéo. Une étude de Cisco (entreprise informatique américaine) prévoit qu'en 2018, 80% de la consommation internet sera des vidéos.

Les défauts du live streaming sont peu nombreux, les principaux étant l'assez mauvaise qualité des vidéos postées en ligne et leur manque de fluidité bien qu'elles soient tout à fait regardables. Il est aussi impossible de savoir ce que l'on va regarder à l'avance et on ne dispose pas de la possibilité d'accélérer l'image pour passer à un passage que l'on trouve plus intéressant. En ce qui concerne les vidéos professionnelles, leurs inconvénients sont mineurs. Leur qualité est identique à celle mise en ligne sur un site de streaming traditionnel étant donné que les caméras utilisées sont de bonne qualité et filment en HD.

Enfin, comparer les sites de streaming traditionnels aux sites de streaming en directs est compliqué puisqu'en matière de live streaming ce sont les utilisateurs qui décident de ce qui sera posté.

Va-t-on devoir faire face à un réel phénomène ? 

Le live streaming est en train de devenir un vrai phénomène notamment avec le boom actuel que connait la vidéo. Par exemple, Facebook a gagné des utilisateurs grâce à l'usage des vidéos.

En ce qui concerne Periscope, l'application avait été racheté avant même d'être mis sur le marché. Twitter et les autres acheteurs potentiels ont donc compris qu'il s'agissait là d'un marché d'avenir. Face à son concurrent Meerkat qui est aujourd'hui moins référencé sur Twitter, Periscope gagne du terrain. Si aucun chiffre n'a été donné on estime qu'il aurait environ 500 000 utilisateurs.

HBO a bien fait parvenir des requête à Periscope mais la chaîne se trouve face à un nouveau défi dans la mesure où il n'y pas de fichiers stockés et donc pas du fichier à supprimer. Comment les chaînes peuvent-elles faire à ces nouveaux défis? 

En effet, sur Periscope les vidéos ne sont en ligne que 24h et cela pose un réel problème. C'est pour cette raison qu'en créant Sidemash je me suis assuré que le contenu resterait en ligne.

Dans le cas où le contenu n'est pas stocké, il n'y aucun moyen de prouver qu'il y a ou non violation des droits d'auteur. Mais il faut remettre ceci dans son contexte, il y a peu de risque que le live streaming devienne un moyen de piratage. Principalement parce que les images ne sont pas de très bonne qualité et que le son est relativement mauvais. Or, pour un contenu cinématographique la qualité de l'image est primordiale. Ainsi, la principale source de piratage demeurera les torrents sur lesquels on trouve des fichiers de très bonne qualité. HBO et les autres chaînes de télévision devraient donc se concentrer sur les torrents avant de s'attaquer à Periscope et ses semblables. Par exemple, Popcorn Time (site de téléchargement illégal) qui menace bien plus le droit à l'image. En outre, bien qu'illégal, il continue de croitre et représente un danger bien plus important que Periscope et les autres sites de live streaming.

De plus, les sites de live streaming ne sont pas les seuls à ignorer les droits d'auteurs : sur Youtube on peut trouver des vidéos qui constituent une entrave à la propriété intellectuelle.

La plateforme enfreint-elle la loi en acceptant que les internautes postent ces vidéos? Est-elle responsable des actions de ses internautes?

Qu'on se situe en France ou aux Etats-Unis, la plateforme n'est pas responsable des vidéos postées, seuls les utilisateurs le sont. Les vidéos mise-en-ligne doivent illustrer des évènements privés. Ce sont les internautes qui seront tenus responsables si les vidéos qu'ils postent contiennent des contenus illégaux. Cependant, dans le cas où un hébergeur aurait été informé d'un contenu illicite, il doit réagir promptement -c'est-à-dire retirer la vidéo du site- sans quoi il pourrait alors être poursuivi en justice. Ce sont les internautes ou les compagnies de  production, les chaînes télévisées…   qui préviennent le site internet. Ensuite, c'est le rôle du modérateur de les supprimer.

En ce qui concerne Periscope, les vidéos n'étant pas stockées, ils ne peuvent être tenus responsables ni en France ni aux Etats-Unis.

Quels sont les moyens mis en place par ces plateformes afin de contrôler/ vérifier ce que postent les internautes?

Plusieurs moyens de contrôler ou de vérifier ce que postent les internautes. Tout d'abord, le site peut utiliser un fil d'actualité orienté vers des évènements précis, c'est-à-dire que les vidéos postées par les utilisateurs sont ensuite structurées par l'équipe gérant le site internet. Si une vidéo n'est pas reprise par le fil d'actualité, il sera difficile de la retrouver. C'est par là-même que l'on limite l'utilisation illégale de ce type de sites. Afin d'éviter le détournement de l'usage premier du site, il faut également sensibiliser les internautes (par exemple sur la plateforme Sidemash qui sera en ligne en France au mois de mai, un message précisant que poster des vidéos sans en posséder les droits d'auteurs est illégal sera ajouté aux premières vidéos). Le modérateur est aussi là pour supprimer les contenus gênants. Enfin, sera bientôt développé la catégorisation sémantique, un outil qui identifiera à l'avance le contenu posté et permettra de modérer les vidéos en amont, de façon proactive.

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