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Sarkozy : le retour sans retour mais en revenant quand même un peu ?
©Thomas SAMSON / AFP

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Lors d'un colloque pour commémorer les 50 ans de l'élection de Georges Pompidou, Nicolas Sarkozy a distillé quelques messages à sa famille politique.

Frédéric Mas

Frédéric Mas

Frédéric Mas est journaliste indépendant, ancien rédacteur en chef de Contrepoints.org. Après des études de droit et de sciences politiques, il a obtenu un doctorat en philosophie politique (Sorbonne-Universités).

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Atlantico : Lancien chef de l'État, après son discours sur les 50 ans de l'élection de Pompidou dans lequel il a flatté le bilan de l'ancien chef de l'Etat (tout comme le sien), remercié ses soutiens de leur fidélité, publie jeudi un livre de souvenirs. Quelle est cette stratégie de Nicolas Sarkozy que l'on pourrait qualifier de "retour sans retour mais en revenant quand même un peu ?"

Frédéric Mas : L'analyse actuelle de la situation de Nicolas Sarkozy est bonne mais j'ai quand même l'impression qu'il cherche à revenir complètement. Nicolas Sarkozy est une bête politique qui a fait toute sa carrière en politique et ne vit que pour la compétition politique. Le grand problème de l'ancien président en ce moment ce sont les affaires qui lui mettent des bâtons dans les roues et qui retardent son retour. Il me semble que cela fait partie des choses qui font qu'il est encore dans l'entre-deux. De l'autre côté, est-ce que les Républicains qui cherchent un leader pour sortir de la crise qu'ils traversent accepteraient son retour ? Mais au final, cette position du "un pied dedans, un pied dehors" est certainement la position la plus confortable qu'il pourrait avoir aujourd'hui car il se place ainsi au-dessus de la mêlée, au-dessus des querelles partisanes et se donne une stature ainsi. Il y a comme une stratégie chiraquienne, presque paternaliste visant à rassembler au-delà des familles politiques et des clivages qui divisent les Français.

Dans son discours d'il y a trois jours, il porte aussi cette critique de la droitisation du mouvement instaurée par Laurent Wauquiez. Il loue dans le pompidolisme un « élargissement du gaullisme » qui l’aurait simplifié et apaisé. Derrière cet éloge du « recentrement » du gaullisme opéré par Pompidou, on devine aussi le propre positionnement de Nicolas Sarkozy, qui semble se préparer à un retour dans l’arène politique, mais cette fois-ci dans la posture du vieux sage plus que de « Sarko l’américain ». Cet appel à l’ouverture rappelle beaucoup les discours qu'ils tenaient en 2007 quand il essayait de rassembler au-delà de sa formation politique en cherchant à tailler des croupières au centre-gauche.

Quand il dit qu'"une rupture peut-être une fidélité" en parlant de la relation de Pompidou à De Gaulle, il fait écho justement à cette rupture avec la droitisation des LR. La rupture qu'il prônerait (et comme l'a prôné Pompidou) en vantant l'élargissement en opposition à la politique de Laurent Wauquiez serait en fait un acte de fidélité à son parti et à son pays.

C'est d'autant plus amusant quand on se rappelle que la stratégie de la droitisation est ce qui a contribué à faire gagner Nicolas Sarkozy en 2007, enfin si l’on en croit certains de ses conseillers et stratèges.

Si l'on doit comparer le discours qu'il a tenu il y a quelques jours à celui qu'il a tenu pour les 100 ans de la naissance de Pompidou en 2011, quels changements notables sont à noter ?

Ce qu'a apporté Nicolas Sarkozy en 2007 est le discours de la modernisation, de la modernité et de la rupture avec la politique d'avant. Aujourd'hui ce discours est évidemment porté par Emmanuel Macron et de manière peut-être plus légitime aux eux de l'opinion. En 2011, Nicolas Sarkozy parlait de Pompidou comme un réformateur, quelqu'un qui avait de l'avance sur son temps, notamment sur la question écologique.

Il ne parle plus de Pompidou en ces termes. Au contraire, il parle de la rupture de Pompidou envers le gaullisme et de l'élargissement qui en a suivi. Il fait là écho à sa propre volonté d'ouverture du parti vers le centre en rupture avec ce qu'a entamé Laurent Wauquiez.

Quel est l'avantage de cette stratégie pour Les Républicains ? Et au contraire les inconvénients ?

D'abord évidemment la personnalité de Nicolas Sarkozy et ses réseaux. Dans une formation en voie de sclérose, il peut être le pilier auquel se référer. Il bénéficie d'une très bonne cote de popularité auprès des électeurs de droite et cela peut être un avantage.

Le problème c'est qu'aujourd'hui Nicolas Sarkozy n'incarne plus cette modernité. Il semblerait qu’aujourd’hui ça soit LREM qui incarne le mieux aux yeux des électeurs le discours de modernisation, quoiqu’on pense de la réalité des réformes engagées par la formation présidentielle.

Puis il y a la question des affaires qui inexorablement pèsent sur les LR in extenso. Enfin, il n'est pas sûr que ce retour soit vraiment positif, car même s'il est aimé des militants LR, sa cote de popularité en-dehors est plus basse. Il y a parmi les militants LR une volonté de retrouver en Sarkozy leur « Macron de droite », c’est-à-dire une figure suffisamment unificatrice de la droite et populaire dans l’opinion -comme le fut Macron au moment de la dernière présidentielle- pour porter la formation de droite au pouvoir une nouvelle fois. Je pense qu’il faut qu’ils surmontent le traumatisme des dernières élections pour sortir de l’ornière.

Peut-être n'est-il pas le mieux placé pour incarner cette ouverture.

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