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Risque ou pas ? Plongée dans les petits calculs du PS (et de l’Elysée) derrière l’appel de Cambadélis aux cadres du parti pour trancher la candidature Hollande 2017
©Reuters

Billards et bandes

A l'heure où aucune candidature déclarée, ni crédible, ne s'est faite jour face à François Hollande, Jean-Christophe Cambadélis a appelé ce vendredi matin les cadres du PS à affirmer publiquement leur soutien, ou non, à la candidature du président pour 2017. Un moyen de redonner à François Hollande un semblant de légitimité, alors que celui-ci est de plus en plus contesté à gauche.

Gérard Leclerc

Gérard Leclerc

Gérard Leclerc est un philosophe, journaliste et essayiste catholique. 

Il est éditorialiste de France catholique et de Radio Notre-Dame.

Il est l'auteur de l'Abécédaire du temps présent (chroniques de la modernité ambiante), (L'œuvre éditions, 2011). 

 

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Atlantico : Jean-François Cambadélis a annoncé ce vendredi matin qu'il souhaitait consulter les cadres du Parti socialiste pour savoir s'ils voulaient que François Hollande soit candidat ou pas en 2017 à l'élection présidentielle. Pourquoi fait-il cela ? Est-ce une manière de fermer la porte à la primaire ?

Gérard Leclerc : On pourrait interpréter cela comme un moyen de fermer la porte à la primaire, mais c'est surtout une manière d'agir en bon soldat. Face au désordre au sein du PS et à la contestation de Hollande, il s'agit de mettre chacun face à ses responsabilités, et surtout en ordre de marche derrière l'actuel Président. Deux raisons expliquent les propos de Cambadélis : d'une part, parce que la candidature de François Hollande n'est plus évidente pour certains, qui commencent à imaginer un autre candidat pour la présidentielle ; et d'autre part parce que, pour Cambadélis, la candidature de Hollande est de loin la plus souhaitable. Dans l'éventualité où Hollande ne se porterait pas candidat, on pourrait songer à Manuel Valls, ce que Cambadélis ne veut pas, de même que pour Emmanuel Macron qu'il envisage presque comme le "diable". Hormis ces noms, on ne voit pas qui pourrait être candidat face à Hollande.

"Les dirigeants, les ministres et ceux qui sont dans les collectivités locales" seront donc inviter "à s'exprimer publiquement de quelque manière que ce soit", a déclaré le locataire de la rue de Solférino. Thomas Piketty dénonce "des face-à-faces mano a mano" qui risquent "d'intimider tout le monde et clore le processus". A-t-il raison ?

C'est possible. Ce qui est sûr, c'est que Jean-Christophe Cambadélis compte jouer sur le réflexe légitimiste : publiquement, il est difficile pour un militant et élu socialiste de prendre position contre le président de la République. C'est donc une action visant à leur forcer la main afin qu'ils se rangent derrière le Président. J'insiste sur ce réflexe légitimiste : François Hollande a été élu Président en 2012 ; il est également l'ancien secrétaire du PS, etc. Ainsi, même s'il a déçu l'aile gauche de la gauche, il reste un socialiste historique. Dans ces conditions, il est difficile de s'opposer à lui. Dans le cas où Hollande ne serait pas désigné candidat par le parti, ce serait la foire d'empoigne. Mais dans la mesure où il n'y a pas d'alternative au Président pour l'heure…

Y-a-t-il cependant un risque pour que les cadres et les élus socialistes, qui pensent avant tout à leur carrière, ne soutiennent pas l'idée d'une candidature Hollande ?

Cela va être difficile dans la mesure où, comme je le disais, il n'y a pas véritablement d'alternative, d'autant plus que, comme vous le dites, chacun pense à sa carrière et à son avenir politique. C'est pour cela que je suis assez prudent quant à l'idée que François Hollande refuserait à tout prix la primaire. Bien sûr, s'il pouvait s'en passer, il le ferait. Mais s'il est contesté, la primaire pourrait être finalement le meilleur moyen de retrouver une légitimité indiscutable, en jouant donc sur ce réflexe patriotique des socialistes. Néanmoins, la tradition nous montre que cela ne va pas de soi : on voit mal un Président en exercice aller se confronter à d'autres candidats, se faire critiquer, etc.

Le fait qu'il n'y ait pour l'instant aucune autre candidature déclarée est-il un avantage pour l'actuel Président ? Les cadres du parti ne préféreront-ils pas sa candidature à l'inconnu ? Qui pourrait incarner une alternative à Hollande ?

Comme je le disais, la seule alternative possible à Hollande serait Manuel Valls dans le cas où le premier décidait finalement de ne pas y aller. Mais dans le cas où François Hollande irait, Valls ne le pourrait pas : cela paraîtrait pour le coup très difficile, et le PS se rangerait alors derrière Hollande. Encore une fois, hormis Manuel Valls, il n'y a pas d'alternative à François Hollande : quand on en arrive à songer à des candidatures comme celle de Christian Paul, on ne peut pas dire que cela soit très crédible.

Je ne pense pas que François Hollande sera candidat à tout prix. S'il ne parvient pas à obtenir des résultats sur l'emploi, ni à améliorer son image, je ne pense pas qu'il ira. En aucun cas il ne souhaitera laisser dans l'Histoire l'image potentielle d'un Président sortant éliminé au 1er tour. Le fait qu'il puisse ne pas se porter candidat aboutirait à une situation absolument apocalyptique pour le PS, même si, dans tous les cas, cela risque de l'être.  Il n'ira donc que s'il n'y a pas de problèmes à l'horizon ; et le meilleur moyen pour cela, c'est que le PS soit dans l'unité, rangé derrière lui.

Il est évident que cette absence d'alternative aide François Hollande, mais deux précautions valent mieux qu'une…Ce qui pourrait arriver, c'est qu'il y ait véritablement un vent de fronde au sein du PS, et donc qu'Hollande soit "mal désigné" en tant que candidat socialiste à la présidentielle, avec une bonne partie du PS qui rechignerait à cette désignation. La proposition de Cambadélis, au contraire, vise à donner un semblant de légitimité à cette désignation. 

Propos recueillis par Thomas Sila

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