Riche ou classe moyenne à 4000€ ? Ce que les détracteurs de François Bayrou feraient bien de méditer s’ils se soucient vraiment des inégalités sociales<!-- --> | Atlantico.fr
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François Bayrou Haut commissaire au plan 4000 euros richesse classe moyenne
François Bayrou Haut commissaire au plan 4000 euros richesse classe moyenne
©ERIC FEFERBERG / AFP

Richesse

Interrogé dimanche sur RTL, François Bayrou, Haut-commissaire au Plan, avait déclaré que "4.000 euros par mois, pour moi, c'est les classes moyennes (...) je ne dis pas que c'est les riches". Critiqué sur les réseaux sociaux, il a depuis précisé sa pensée sur sa page Facebook.

Mathieu  Mucherie

Mathieu Mucherie

Mathieu Mucherie est économiste de marché à Paris, et s'exprime ici à titre personnel.

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Dans le petit monde des journalistes du service public de l’information qui se moquent de Bayrou, la richesse commence à 4000 euros par mois, c'est-à-dire à 50 euros par jour une fois payés en Ile de France le loyer, les charges du quotidien et la redevance obligatoire qui les nourrit et les protège de la concurrence. C'est-à-dire 500 fois moins que ce qui reste à un intellectuel à crampons du PSG dont ils commentent les exploits tous les soirs, ou 90 fois moins que ce qui reste à un guitariste engagé qui n’aime pas l’injustice et qui le fait courageusement savoir sur leurs antennes. A l’époque pas si lointaine où ils n’étaient pas bassement hollandistes mais plus noblement marxistes, ces journalistes du service public ne commettaient pas ce genre de confusion : ils savaient qu’un vrai riche ne travaille pas, ou du moins pas pour un salaire mensuel ; c’est d’ailleurs la définition même du Kapital, dont Lénine disait que ses représentants vivent de la « tonte des coupons », en bons parasites sociaux. France Info et RTL, c’est ce qui reste du marxisme de cuisine quand on a tout oublié...

Pourquoi tout ce fatras mérite tout de même qu’on s’y penche quelques minutes ? Parce que derrière se joue une jolie opé noire de préparation au matraquage fiscal des classes moyennes. Après les élections, quand la facture du Covid va être présentée sous la forme d’une CTDSTE (contribution- temporaire-de-solidarité-tous-ensemble), on ne pourra pas taxer que des riches authentiques, parce que l’arithmétique de base ne l’autorisera pas : si on doublait le taux d’imposition des 10% les mieux payés, ce qui serait énorme (pour rappel, aujourd’hui 500 000 personnes assurent déjà la moitié des recettes de l’impôt sur le revenu en France), et en supposant qu’aucun d'entre eux ne réduirait ses efforts, le surcroît de produit fiscal serait de 1,3% du PIB ; donc : faire payer les hauts revenus (à peine des cadres moyens, à ce niveau-là !) ne ferait rentrer dans les caisses que 1/7ème du déficit actuel de l‘État (hors sécurité sociale, hors hors-bilan, etc.), et n’entamerait pas du tout le stock de dettes bien entendu. Nos « riches » ne sont tout simplement pas assez nombreux ! Ou pas assez riches, mon fils…  Par conséquent, il ne reste que 3 options :

1/ la voie socialiste (Piketty, France Info) : considérer comme riches tous ces vils capitalistes en Dacia, ces profiteurs mondialisés et genrés en Kia, ces exploiteurs du peuple libéraux en Twingo. Ah tous ces salauds, on les aura !

2/ la voie brunolemairiste : on affirme qu’il n’y aura pas de hausses d’impôts, et en même temps qu’il faut payer toutes les dettes rubis sur l’ongle, et en même temps qu’il faut engager tous les mois de nouvelles dépenses (plan vert, plan supercalcul, plan santé, plan à plusieurs), et en même temps qu’il faudra revenir un jour à un déficit en dessous de 3% (Bruno est bilingue allemand-allemand). Je propose donc : Bruno à la Maison Blanche !! Car seul le budget des Etats-Unis (couplé à une belle croissance, et au soutien inconditionnel de la FED) pourrait financer longtemps ce « en même temps »,

3/ la voie raisonnable (qui bien entendu n’a aucune chance de passer, nous sommes en France) : on cesse le plus vite possible de répandre la peur du Covid qui nous coûte un pognon de dingue, on demande gentiment à la BCE de cantonner et d’effacer une partie des dettes issues de ce choc externe dénué d’aléa moral (une banque centrale peut fonctionner durablement en valeur nette négative, et RIEN dans le Traité ne l’interdit), après son refus on le fait nous-mêmes en tordant le bras à la Banque de France (si la banque centrale allemande a fait disparaitre 600 milliards de créances pourries des banques régionales il y a moins d’une décennie, pourquoi pas nous ?), et on évite le gros de l’ardoise fiscale ; et, si vraiment il faut payer, on fait payer les vieux, car les jeunes ont assez pris en 2020 : les vieux, cela signifie l’immobilier, les rentes et les journalistes du service public. Je ne suis pas très fier de cette épanadiplose, mais j’avais promis à Atlantico un texte en moins de 3000 signes et l’on ne me taxera pas de dépassement petit-bourgeois.         

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