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Les orphelins du DSKisme
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Zone franche

Qui nous adoptera, maintenant que nous sommes abandonnés dans ce cercle de la raison déserté ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Le, hum, « départ » de Dominique Strauss-Kahn laisse un vide terrible dans le paysage politique français. DSK, et l’on ne saura d’ailleurs jamais si les attentes qu’il suscitait aurait été véritablement comblées, c’était un peu notre homme providentiel à nous, les libéraux de gauche ! Vous savez bien, cette combinaison si exotique dans l’Hexagone d’amateurs de libertés économiques, de libertés individuelles et de justice sociale…

Il était tout ce qu’une droite réactionnaire et colbertiste abhorre, en même temps que tout ce qu’une gauche conservatrice et étatiste déteste. Enfin, je le répète, ce n’était peut-être qu’un mirage : si ça se trouve, une fois élu, il nous aurait appliqué le programme du PS jusque dans ses moindre détails et il y aurait eu force pleurs et grincements de dents.

Mais enfin, vous pensez vraiment qu’il serait revenu sur la réforme des retraites et l’autonomie des universités ? Non, tout de même pas ! Martine ou François, en revanche, avec les gages qu’ils vont devoir donner l'un comme l'autre à Méluche, Montebourg, Hamon, Manu Chao et Daniel Mermet, il faut s’attendre à tout.

Non, DSK, c’était le vent du large. Le type ayant compris que les petites causeries provinciales qui nous servent de débat, les arguties épuisantes sur l'ISF et le Conseil National de la Résistance à l’heure où le monde se recompose, c’était un peu passé de mode.

Alors qu’est ce qui nous reste, franchement ? A droite, rien ou presque. Villepin a bien surpris son monde avec sa proposition d’allocation universelle ― un dispositif qui aurait certainement mérité que le PS y jette un coup d’œil ―, mais le type est imbuvable par ailleurs et on ne sait même pas ce qui va lui arriver avec ses histoires de cabinet noir…

Sarko ? Il a eu quelques bonne intuitions, initié quelques réformes potables, mais il tellement englué dans ses délires identitaires qu’il s’est totalement déconsidéré. Qu’il mette Guéant, Hortefeux et deux trois autres nervis à la porte, qu’il se souvienne que l’Europe, c’est l’endroit du monde où toutes les chaînes diffusent « Jeux sans frontières » et on pourra discuter.

Oh, pas voter pour lui pour autant, soyons sérieux, mais au moins discuter.

De Charybde en Scylla (et retour ?)

Et à gauche, on a quoi ? François Hollande, qui veut être un président « normal » et tente d’imposer son image de gars sérieux qui ne fera pas de vague ? Désolé, mais un autre Corrézien nous a déjà fait le coup de l’immobilisme et on ne le sent pas trop, le bis-repetita. Martine Aubry, qui n’a pas plus envie d’être présidente que moi facteur à Neuilly et crie sur tous les toits qu’elle va nous rejouer 81 ? No Way José.

S’il faut vraiment choisir un candidat dans cette écurie, il y aurait bien Valls, mais il s’est laissé enfermer dans son obsession de la sécurité et, s’il a de bonnes idées, il s’arrange surtout pour qu’elles ne s’ébruitent pas en ce moment (rapport à Manu Chao et Daniel Mermet, qui restent aux aguets).

Ah, il y a bien ce vieux Dany Cohn-Bendit, qui est une sorte de DSK en plus rigolo, plus vert, moins lourd avec les nanas et qui nous aurait bien plu, mais il s’est laissé manger la laine bio sur le dos par Cécile Duflot et, de toute manière, il encore moins envie d’emménager à l’Élysée que la bourgmestre de Lille.

Mais pour le reste, c’est le désert. Pas le moindre petit social-libéral, le type qui comprendrait qu’un pays qui marche sur deux jambes, il a une sécu et des banques, des facs et des entreprises, des sportifs etdes fumeurs de shit, des voitures et des vélos, des centrales nucléaires et des éoliennes, des croyants et des athées, des étrangers et des indigènes, du fromage et du dessert… Non, pas le moindre petit « moderne » qui saurait nous faire vibrer comme savait le faire DSK en ne disant rien du tout, mais qui nous ferait dresser l'oreille en disant des trucs ― pour changer.

Qui nous adoptera, nous les orphelins du DSKisme ?

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