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Réchauffement climatique et défense de l’environnement : vrais problèmes et fausses solutions
©Nasa / Afp

Bonnes feuilles

Jean de Kervasdoué publie "Les Ecolos nous mentent !" aux éditions Albin Michel. S'appuyant sur des exemples concrets, Jean de Kervasdoué montre à quel point la doxa verte voit tout en noir, de façon quasi dépressive, ce qui a pour conséquence de culpabiliser la société mais aussi de restreindre chaque jour un peu plus nos libertés. Extrait 1/2.

Jean de Kervasdoué

Jean de Kervasdoué

Jean de Kervasdoué est un économiste de la santé français, titulaire de la chaire d'économie et de gestion des services de santé du conservatoire national des arts et métiers (CNAM)et membre de l’Académie des technologies. Il a été directeur général des hôpitaux.

Ingénieur agronome de l’Institut national agronomique Paris-Grignon il a également un MBA et un doctorat en socio-économie de l’Université de Cornell aux Etats-Unis. Il est l'auteur de Pour en finir avec les histoires d’eau. Imposture hydrologique avec Henri Voron aux Editions Plon et vient de publier Les écolos nous mentent aux éditions Albin Michel. 

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Au début de l'année 2020, des hommes d'affaires et des touristes, vecteurs inconscients de l'épidémie, ont voyagé et, en quelques semaines, ont contaminé la planète. Certains écologistes ont vu là un « message de la nature », comme si au courroux divin s'était substitué celui d'une nature personnifiée et vengeresse ! Et, tandis que, pour combattre cette maladie nouvelle, l'humanité joignait ses efforts, mobilisait tous les savoirs et s'efforçait de fabriquer des armes nouvelles : masques, tests, respirateurs, médicaments et vaccins…, les écologistes clamaient que cette épidémie était la justification a posteriori de leurs combats antérieurs.

Il est vrai que l'humanité tue, que l'humanité pollue. De réels problèmes écologiques se posent, notamment dans les pays du Sud, mais les écologistes leur donnent des leçons du nord de la planète. En Afrique de l'Est notamment, la déforestation réduit l'habitat des grands mammifères. L'absence de collecte et de traitement des ordures conduit à rejeter en mer ou à disperser dans la nature des immondices et des millions de sacs en plastique. Les centrales thermiques au charbon de Chine, d'Inde, voire de Pologne et d'Allemagne, contribuent aux rejets de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Tout cela est tristement vrai. Il n'en découle pas pour autant que les éoliennes que l'on tente d'implanter dans nos baies ou au sommet de nos collines vont pouvoir les remplacer.

Il est aussi incontestable que certains milieux marins et terrestres sont gravement menacés. La cohabitation des 9 milliards d'êtres humains annoncés dans à peine trois décennies aura de profonds effets écologiques. Cependant, pour les limiter, la solution ne viendra pas d'un retour à l'agriculture des années 1950 !

Quant à l'évident réchauffement climatique, au nom de ce qui est devenu une écologie politique, on tente de culpabiliser les Français et on cherche à inspirer des mesures – telle la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim –, qui ont l'effet inverse de celui recherché et contribuent notamment à la croissance des rejets de gaz à effet de serre. En outre, ce réchauffement si souvent invoqué ne peut pas être la cause universelle de la sécheresse comme des inondations, de la disparition de certaines espèces ou de la prolifération d'autres. Cette explication universelle, cette cause unique fait écho à la réponse de Toinette à Argan dans Le Malade imaginaire de Molière. À l'énumération de chacun des maux d'Argan, Toinette déguisée en médecin répond : « Le poumon, le poumon, le poumon, vous dis-je. » Aujourd'hui, ce serait : le réchauffement, le réchauffement, le réchauffement, bien entendu. Belle cause à tout faire !

Les généralisations hâtives ne sont pas toutes justifiées. Pour les combattre, la seule arme est la raison. L'abandon de la vérité comme valeur ne conduit pas à la solidarité, comme le clament les penseurs postmodernes, alors que sous nos yeux se développent le cynisme et le règne du plus fort. Les débats scientifiques ont leurs règles et leur place, qui se trouve dans les revues spécialisées, voire dans l'enceinte de l'Académie des sciences et non pas dans les colonnes des journaux, fussent-ils du soir.

Cependant, plus que jamais, la religion écologique tente d'imposer sa loi. Pour y parvenir, elle sort son arme favorite : la peur, s'inspirant de l'Église catholique qui, durant des siècles, s'est servie de celle de l'enfer pour asseoir son emprise. Aujourd'hui, les écologistes utilisent les mêmes ressorts avec le même succès. Ainsi, Greta Thunberg, la Savonarole du Nord, harangue l'humanité et y trouve un terrain fertile : l'écologie est devenue la religion de ceux, nombreux, qui n'en ont plus.

Cette stratégie délibérée ne doit rien au hasard, elle puise sa source dans les écrits du philosophe allemand Hans Jonas, le concepteur du principe de responsabilité et prophète de l'heuristique de la peur. Le développement des sciences et des techniques serait pour lui la grande menace de l'humanité et toute conception utopique de son avenir serait insensée, il faut donc faire peur pour que cessent toute recherche et tout « progrès » technique; d'où le rejet des OGM (organismes génétiquement modifiés), des produits phytosanitaires ou du nucléaire. Quant aux moyens de susciter l'effroi, les écologistes savent que les images portent plus loin qu'un raisonnement et que l'émotion peut faire oublier tout bon sens. Ils en abusent avec la complicité active des médias qui trouvent là de bons sentiments et de belles images.

Cette philosophie a constitué le socle de l'idéologie politique des Verts allemands et progressivement influencé le mouvement écologiste français. Leur premier combat, à ce stade victorieux outre-Rhin, a été mené contre le nucléaire civil. Ce qui n'était à l'origine qu'un groupuscule a très rapidement accru son influence idéologique et dépassé ses succès politiques.

À la fin des années 1980, constatant que la peur des centrales nucléaires pouvait s'atténuer car ce mode de production d'électricité utilise peu d'espace, ne rejette pas de dioxyde de carbone et entraîne peu de décès, le mouvement écologiste a choisi un deuxième cheval de bataille : celui des OGM. Le succès de ce choix stratégique est éclatant, même si cette victoire est une catastrophe pour les agriculteurs comme pour les consommateurs, qui croient qu'un produit « sans OGM » est un signe de qualité, alors que l'inverse est vrai. La France, contaminée par cette campagne, a tout perdu : des équipes de recherche, une industrie innovante et elle importe du soja, du coton et autres plantes génétiquement modifiées.

L'influence politique des partis écologistes a été tangible et ceci, en France, dès le second mandat de Jacques Chirac, à l'époque duquel fut introduit le principe de précaution dans la Charte de l'environnement et interdite la plantation de semences OGM.

Avec le quinquennat de François Hollande, ce poids des écologistes s'est accru. Ses gouvernements se sont engagés dans la réduction du nombre de centrales nucléaires. Et ils ont également banni des villes des véhicules propulsés par certains types de moteurs Diesel.

L'élection d'Emmanuel Macron n'a rien changé. Il s'est attaqué à certains herbicides, comme le glyphosate, et a repris à son compte les décisions de ses prédécesseurs.

Au nom d'une croyance dans les bienfaits de la nature, confortée par une méconnaissance de l'agriculture, les apôtres de la décroissance prêchent en terrain conquis, sans recul, sans débat et sans critique. Comme toute croyance religieuse dominante, elle ne tolère aucune remise en cause. Elle a une telle force, elle est tellement « évidente » qu'elle est encensée, non pas par une police politique, mais par une doxa populaire que les médias relayent. Des « scientifiques », pas nécessairement climatologues ou écologues, appellent à la désobéissance civile et ouvrent ainsi la porte à une dictature verte appuyée sur un mouvement d'opinion qui fait fi des clivages socio-politiques traditionnels et légitime sans débats des décisions lourdes de conséquences qui pénalisent l'agriculture, l'industrie et les Français.

Mediapart diffuse, dès 2017, la demande de l'instauration d'une « dictature écologique par un gouvernement mondial » ! L'eugénisme pointe, non plus au nom de la pureté de la race, mais de l'écosystème de la Terre. « Avoir un enfant nuit à la planète », affirment, entre autres, Seth Wynes et Kimberly Nicholas. Raphaël Glucksmann déclare en 2019 que le facteur unificateur de la gauche sera son « logiciel écologique », c'est‑à-dire « une société du retour d'une forme de contrainte collective qui s'exerce sur les désirs et les libertés individuelles ». Et, le 21 février 2020, le journal Le Monde publie une pétition de « près de 1 000 scientifiques » titrée : « Face à la crise écologique la rébellion est nécessaire ». Rébellion ! Rien de moins, comme si la France qu'ils appellent de leurs vœux pouvait changer quoi que ce soit à l'évolution du climat, alors qu'elle représente moins de 1 % des rejets mondiaux de gaz à effet de serre ! Le lien entre l'écologisme et le fascisme ne date pas d'hier, comme le soulignait déjà Luc Ferry, il y a plus d'un quart de siècle.

Si cet obscurantisme n'avait que des conséquences individuelles ce ne serait qu'une amusante curiosité, mais il a de graves conséquences collectives. Il est à l'origine de la croissance considérable du coût de l'électricité, car au coût de l'énergie se sont ajoutées en France de lourdes taxes. Il explique aussi le recul des exportations agricoles françaises. Il conduit à d'onéreuses réglementations en matière d'urbanisme, à la taxation des moteurs Diesel, à l'interdiction de planter des variétés OGM, au fait que les familles modestes ont le sentiment de mal nourrir les leurs quand, pour des raisons économiques, ils ne peuvent pas acheter de produits bio, dont le bénéfice sanitaire n'a pourtant jamais été démontré.

La balance agricole de la France va devenir déficitaire. Les agriculteurs, et tout particulièrement les éleveurs, payent le prix de ces folies collectives, mais d'autres sont aussi contaminés, comme ce candidat à la mairie de Paris qui, voulant être plus vert que les Verts, imaginait transférer en banlieue une grande gare parisienne !

Ce retour à la nature, cette crainte du progrès, sont d'autant plus étonnants que, jusqu'à l'épidémie du coronavirus, jamais la pauvreté n'avait autant reculé sur terre, jamais l'espérance de vie à la naissance n'avait crû aussi vite dans le monde (4 mois par an). Alors que 820 millions d'êtres humains ne mangent pas à leur faim8, ce chiffre régressait chaque année. Depuis dix ans, la pollution avait baissé de 19 % et la mortalité périnatale s'était réduite d'un tiers. L'opinion demeurait pourtant inquiète et, semble-t‑il, exècre les bonnes nouvelles !

La censure s'étend. Non pas celle de l'État, il n'en a pas encore besoin, mais celle des médias et de l'édition. Ainsi, plusieurs éditeurs ont refusé d'envisager la publication de cet ouvrage, considérant que critiquer la bien-pensance écologique dominante, fût-elle infondée, était inenvisageable. Un retour aux années 1950, où l'intelligentsia trouvait qu'il était inconvenant de critiquer le communisme et l'Union soviétique !

Nous ne sommes pas des drogués des médias, pourtant pas un jour ne s'écoule sans que nous entendions des propos empiriquement faux étayés par une source journalistique, politique ou intellectuelle qui semble incontestable. Mais la religion écologique séduit.

Scientifiques, nous sommes avant tout humanistes. Nous nous plaçons du point de vue des hommes et non de la planète, qui ne nous a pas attendus pour tourner et qui, un jour, tournera sans nous. Si l'espèce humaine a toujours apprivoisé la nature à son profit, nous sommes par vocation soucieux du maintien des écosystèmes qui permettent à l'humanité de se développer.

Certes les menaces ne manquent pas. L'épidémie du coronavirus en fait la tragique démonstration. Les conflits armés ne disparaissent pas ; les déshérités du Sud sont plus que jamais attirés par les pays riches du Nord, qui pourtant ne sont pas préparés au passage de la génération du baby-boom à l'âge de la dépendance. Nous ne sommes pas des utopistes naïfs mais croyons qu'il y a suffisamment de problèmes, y compris des problèmes écologiques, pour ne pas chasser des moulins à vent et que la situation exige que l'on cherche des solutions rationnelles quand elles existent. Sans être scientistes, nous pensons que seule la recherche scientifique et ses applications permettront de nourrir l'humanité et de lui fournir l'énergie nécessaire ; ce qui ne réglera pas tous ses problèmes, mais en éliminera certains.

©Albin Michel 2021

Extrait du livre de Jean de Kervasdoué, "Les Ecolos nous mentent !, Le véritable état des lieux de la planète", publié aux éditions Albin Michel.

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