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Rebond ou non, ce sombre avenir économique que révèlent les chiffres de la croissance pour qui les regarde de près
©LOIC VENANCE / AFP

2021, l'année de tous les dangers

Le reconfinement risque fort d'entraîner un repli significatif de l'activité au point de modifier deux éléments : l'ampleur définitive de la récession en 2020 et par ricochet le niveau de croissance en 2021.

Jean-Yves Archer

Jean-Yves Archer

Jean-Yves ARCHER est économiste, membre de la SEP (Société d’Économie Politique), profession libérale depuis 34 ans et ancien de l’ENA

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L'Insee vient de publier une série de résultats aussi instructifs que déceptifs. Concernant la "croissance" de 2020, il est confirmé une récession de – 11% et ainsi Bruno Le Maire a été obligé de modifier le chiffre qu'il avait initialement retenu : - 10%.

Or, cette modification intervient avant le futur impact réel du confinement version 2 dont les médecins estiment qu'il pourrait être amené à durer 6 semaines et non pas 4 comme l'a envisagé, dans sa récente annonce, Emmanuel Macron.

Le quatrième trimestre (T4) risque fort d'acter un repli significatif au point de modifier deux éléments : l'ampleur définitive de la récession en 2020 ( - 13% ? ) et par ricochet le niveau de croissance en 2021.

A ce sujet, il est fondamental d'intégrer que la crise sanitaire sera – faute de vaccin abouti – encore présente et que nous serons probablement soumis à une pratique de stop & go : de période active du virus alternant avec des phases plus quiescentes issues d'un nouveau couvre-feu voire d'un reconfinement.

Pour l'heure, le taux de croissance du PIB en volume rapporté au trimestre de l'année précédente est le suivant : 2019 T4 : +0,7% , 2020 T1 : -5,8% , 2020 T2 : - 18,9% , 2020 T3 : -4,3% Ainsi la France devrait bien subir une récession globale de – 11% pour l'ensemble de l'année 2020 et demeurer en deçà du niveau de 2019. La récession n'est pas ponctuelle, elle est vigoureuse et serait encore accrue s'il n'y avait l'arme dynamique de la politique monétaire.

De plus, suivant l'évolution sur le terrain de la lutte actuelle contre la circulation de la Covid-19 en novembre et décembre, il est à craindre que ce chiffre de -11% ne soit revu, en aggravation. Par-delà les affirmations du jour du ministre de l'Économie.

Certains économistes, rompant avec les séries de comparaison annuelle, mettent en avant le taux de croissance du PIB en volume rapporté au trimestre précédent.

D'où la séquence quantifiée suivante : 2020 T1 : -5,9% , 2020 T2 : -13,7% et 2020 T3 : +18,2%.

A la lecture du dernier chiffre, ils avancent la fameuse notion de rebond qui alimente une large part de leur optimisme valablement nourri par les récents chiffres de la consommation intérieure. Après analyse, je demeure néanmoins réservé quant à cette approche car, in fine, rebond ou pas rebond, la France sera appauvrie de plus de 11% en cette année éprouvante et porteuse d'un endettement plus que conséquent : la barre des 120% est en ligne de mire.

De la même manière qu'une jolie hirondelle ne fait pas le Printemps, ce chiffre de plus de 18% doit être mis en perspective.

A cet effet, citons l'analyse idoine de Julien Pouget en sa qualité de Chef du département de la Conjoncture à l'Insee.

Source Tweeter @J_Pouget

- 4,3 % : c’est le glissement annuel du PIB trimestriel, c’est-à-dire que par rapport à son niveau du T3 2019 le PIB du T3 2020 est inférieur de 4,3 %.

Ce chiffre est à la fois faible et important :
- faible par rapport à ce qu’a été ce glissement au cœur du 1er confinement (environ -30% en avril) : le rebond lié au déconfinement a donc été très vif - important d’autant que ces pertes sont surtout concentrées dans certains secteurs;
-8,3% : c’est, en termes techniques, ce que l’on appelle l’ « acquis de croissance » pour 2020 à l’issue du T3, c’est-à-dire l’évolution annuelle du PIB en 2020 par rapport à 2019 si le PIB conservait au T4 son niveau du T3. Cet « acquis » porte doublement très mal son nom,
parce que cette année il ne s’agit pas de « croissance » mais de contraction, - et parce qu’il est loin d’être acquis et sera probablement enfoncé compte tenu de la résurgence de l’épidémie ayant entraîné la mise en place d’un 2e confinement."

( Fin de citation ).

L'acquis de croissance qui sous-tendait l'évaluation de la croissance par la Banque de France en 2021 ( pour un résultat de 7,1% ) risque donc d'être " enfoncé " ( sic ) ce qui signifie, en creux, que l'Insee ne valide plus la prévision du Gouvernement qui prétendait obtenir un rebond de +8% en 2021 : voir le contenu du PLF 2021.

Déjà se profile la perspective d'un PLFR : projet de Loi de finances rectificatif.

La France est dans une situation où tant son corps social que son tissu productif vont être mis à l'épreuve. Les souffrances financière et sociale ( précarité ) seront effectivement bien présentes comme une pierre-ponce sur le visage tuméfié des plus démunis.

Dès lors, il revient d'être rigoureux face à la détermination des forces récessives qui sont à l'œuvre.

Si l'on pense à la valeur des taux de croissance depuis 15 ans ( autour de 1 à 2% ), on voit mal comment une économie brutalisée comme la France pourrait présenter un rebond lui permettant, selon Bruno Le Maire d'atteindre en 2022 le niveau de PIB d'avant-crise.

Il y a des rêves politiques que la réalité dément, hélas, avec gourmandise.

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