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Raser la basilique du Sacré-Coeur : quand la démocratie participative de la Mairie de Paris révèle d’étonnants fantasmes
©Reuters

Fantasmes

Sur le site officiel du « budget participatif » de la Ville de Paris, on peut découvrir (et soutenir) une proposition consistant à détruire le Sacré Cœur de Montmartre, « verrue versaillaise qui insulte la mémoire de La Commune de Paris. Le projet consiste en la démolition totale de la basilique lors d'une grande fête populaire. » Pourtant, déni de démocratie participative !

François Martin

François Martin

François Martin est haut-fonctionnaire, ancien élève de l'Ena. Soumis au devoir de réserve, il s'exprime ici sous pseudonyme.

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D’après France TV Info, alors que ce projet a reçu le plus grand nombre de "J'aime" parmi les 2 448 projets soumis, la Mairie envisage de ne pas donner suite, et privera même les Parisien-n-e-s du droit de voter pour ce beau projet… et ce, pour de pauvres raisons juridiques : « Le Sacré-Cœur n’appartient pas à la Ville de Paris et il s’agit d’un monument classé historique » selon l’adjointe à la maire de Paris chargée de la démocratie locale. Quel dommage, vraiment. 

On n’insistera pas sur la surprise de voir ainsi figurer sur un site officiel une potacherie qui, après tout, ne pourrait chagriner que des catholiques ou, à la limite, des Versaillais, espèces particulières de citoyens qui ont, eux, et c’est bien normal, le droit d’être stigmatisés (sans encourir les protestations d’Amnesty International) et le devoir d’aimer ça. On espère seulement que les modérateurs du site, s’il y en a, n’ont pas laissé s’exprimer tous ceux (et il suffit d’être un) qui aimeraient voir démolir l’immeuble d’en face ou la grande mosquée de Paris, et qui estiment qu’un simple blog ou un article sur les réseaux sociaux aurait été insuffisant pour leur assurer un quart d’heure de légitime célébrité. 

On regrettera seulement que ce magnifique projet ne soit qu’ébauché : car que construire sur le site, après la démolition de la basilique ? Faisons une suggestion à la Mairie. A la place de la « verrue », créons un restaurant alter gastronomique, baptisé « On mange ! » fondé sur les concepts suivants : 

-Dans l’enceinte du bâtiment démoli, une voie cycliste, piétonne et végétalisée serait ouverte pour traverser l’espace ainsi recréé, redécouvert et restitué au public, afin que les clients puissent se réapproprier la rue, et vice-versa. En effet, un restaurant ne doit plus être un lieu clos centré sur la consommation mais doit faire corps avec son environnement urbain, les deux s’autofécondant mutuellement, réciproquement et fondamentalement dans une synergie de respiration citoyenne, tournant résolument le dos à toute forme d’exclusion ; s’agissant du nom de la nouvelle rue, la proposition « Avenue de la Tolérance – Cesare Battisti » semble recueillir l’adhésion spontanée des conseils de quartier, de rue, d’immeuble, d’étage, et des collectifs lycéens. Une arche de verre traverserait la rue pour permettre une circulation fluide et spontanée dans l’espace, symboliser le Dialogue des cultures et permettre de disposer en son centre d’une tribune pour des manifestations festives et citoyennes. 

-À l’intérieur de ce Lieu partagé, autour d’espaces-ateliers, construits en matériaux respectueux, consacrés à l’accueil des réfugiés, à la jeune création artistique solidaire et à des activités ludiques, pas de tables ; le CLIENT (Citoyen en Lutte contre l’Intolérance Engagé pour une Néo Territorialité) prendrait son repas à même le sol, lequel serait recouvert de terre battue provenant du jardin de la maison natale d’Hugo Chavez. Cette proximité avec la Terre menacée d’empoisonnement par la civilisation industrielle, participerait à la prise de conscience globale des défis écologiques et contribuerait ainsi à compenser le peu d’écho rencontré à Paris par les Faucheurs Volontaires, non certes faute de volontaires mais du fait que Paris a trop longtemps tourné le dos à sa vocation agricole (des progrès sont attendus sur ce plan avec le projet tendant à transformer les Tuileries en jardins ouvriers).

-Chaque CLIENT, à l’entrée, serait invité (sauf les jours naturistes) à revêtir une toge unisexe connectée, fabriquée en fibres de pavot cultivé suivant les méthodes de l’agriculture raisonnée par des paysans afghans reconvertis au commerce équitable, afin de montrer l’égalité de toutes et de tous et de masquer les soi-disant différences, d’ordre économique ou sexuel, imposées par la coercition sociale. 

-La cuisine serait naturellement bio, gluten free, équitablement représentative des terroirs authentiques du Matrimoine et du Patrimoine mondial de l’Humanitée et de l’Humanité, avec des jours réservés pour les végétariens, végétaliens, alter végétaliens et autres aliens. Il est cependant envisagé dans une autre hypothèse, afin de permettre la communion de ces différents groupes sans discrimination, qu’aucune cuisine ne soit servie, ceci également afin de lutter contre le risque de dérive commerciale qui menacerait le restaurant si des réactionnaires exigeaient que de la nourriture leur y soit systématiquement proposée. 

Madame Hidalgo, encore un effort ! 

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