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Alors que la France est riche de son épargne, 30% des PME disent rencontrer des problèmes d'accès au crédit.
Alors que la France est riche de son épargne, 30% des PME disent rencontrer des problèmes d'accès au crédit.
©Reuters

One direction

Le rapport Berger-Lefebvre pour "dynamiser l'épargne financière des ménages pour financer l'investissement et la compétitivité" a été remis cette semaine au gouvernement. Mais il est possible de mieux faire pour que l'épargne des Français puisse financer les entreprises, l'emploi et de la croissance.

Bernard Cohen-Hadad

Bernard Cohen-Hadad

Bernard Cohen-Hadad est président de la commission financement des entreprises de la CGPME. Il est également président du think-tank Etienne Marcel et assureur.

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Après le Rapport Duquesne sur l'épargne réglementée (330 milliards d'euros), le rapport Berger-Lefebvre sur l’Epargne financière (3 600 milliards d'euros) arrive au même constat : la France est riche de son épargne et il convient de mieux l’orienter vers les PME et les Entreprises de taille intermédiaire (ETI). Qui peut s’en plaindre ?  Pourtant depuis le mois de mai 2012, les PME attendent un peu plus  en matière de financement que des constats.  Elles réclament des mesures d’urgence, des mesures concrètes, des mesures efficaces. Acteurs économiques de terrain, les PME représentent plus de 2 millions et demi d’entreprises et 30% d’entre-elles* connaissent régulièrement des problèmes d’accès au crédit.

Alors aider au financement des PME par l’épargne c’est sans doute créer un choc. Mais en grâce, pas un choc de confiance.  Et si l’on veut créer tel ou tel nouveau produit, tel ou tel nouveau support pour mieux orienter la collecte vers le financement des entreprises moyennes rien ne doit être envisagé sans garantir aux entreprises la stabilité et aux épargnants et aux investisseurs privés la sécurité, la liquidité et la rentabilité. C’est pourquoi le financement des PME par l’épargne responsable doit marcher sur ses deux pieds : l’épargne réglementée et l’assurance vie.

En effet le financement des PME doit passer, sous certaines conditions notamment celle du rôle moteur de la Banque de France, par l’épargne réglementée c'est-à-dire le Livret A et le Livret de Développement Durable dont on a augmenté les plafonds. Et dont on attend en retour, une augmentation du financement des PME.  C’est pourquoi en ce qui concerne la part non centralisée de l’épargne, la plus grande transparence est nécessaire dans la destination des fonds et dans la distribution des fonds. Les banques doivent améliorer leurs retours statistiques afin de permettre d’obtenir une photographie précise des fonds affectés aux PME patrimoniales, comme ceux qui ne le sont pas. Des efforts ont été faits par les établissements financiers. Mais aujourd’hui avant de s’en remettre à telle ou telle mesure miracle, il faut d’abord aller plus loin en ce sens. D’autant que la dynamique de la collecte est au rendez-vous et qu’elle a même atteint en 2012 un niveau record. Rappelons que les entreprises-elles mêmes ont souhaité être responsable et limiter les fléchages non pertinents. On doit aussi rester vigilants dans les mesures d’accompagnement d’augmentation du livret A et dans l’évolution de son taux afin de conserver à ce support son attrait originel et son originalité fiscale. Car les différentes sources de financements PME doivent prendre en considération le court terme, le moyen terme et le long terme. Et l’assurance vie, qui est un placement de long terme – et un financement de long terme -  ne doit pas être mise en danger par une trop forte attractivité du livret A ou sous le coup d’une menace juridique et fiscale permanente.

En ce domaine, une question centrale doit être également clairement traitée en matière de financement des PME par l’Assurance Vie. Les assureurs sont-ils des partenaires fiables de long terme pour le financement des PME, compte tenu des règles de Solvency 2 et de la nature de leurs investissements PME actuels ? A l’analyse des crises depuis 2009 et de Solvency 2"l’engagement" pris par les assureurs en septembre 2004 d’accroître leurs investissements, à travers l’épargne des ménages à concurrence de 2% de l’ensemble de leurs actifs, dans les PME innovantes à fort potentiel de croissance, non cotées ou cotées n’est plus d’actualité. Même si cela représente de 20 à 30 Milliards d'euros. D’autant que ce taux n’a pratiquement jamais été atteint. En effet, les PME attendent de l’investissement des assureurs autre chose qu’un pourcentage mais plutôt un partenariat constructif de long terme pour accompagner "toutes" les PME et ETI dans leur développement. Elargir le critère d’éligibilité des entreprises bénéficiaires est une priorité afin de conforter les PME françaises indépendantes et permettre aux plus performantes d’entre-elles de se renforcer à l’export ou éviter de passer sous le contrôle de grands groupes internationaux. Accompagner et soutenir  aussi les PME responsables, celles qui ont de bons résultats.

Quand on parle financement PME, on évoque Bâle III pour préparer les PME à un durcissement du crédit. En revanche on parle moins Solvency 2 qui garantit aux épargnants la bonne santé financière des assureurs. Les assureurs ont gagné une bataille mais quid de leur capacité à investir demain durablement dans les PME ?  La FFSA ne déclare-t-elle pas avoir enregistré, en 2009, plus de 2, 5 milliards d’euros de moins-values sur ses investissements dans le non-coté ? Et toutes les sources montrent, jusqu’à présent, un désengagement des assureurs pour les investissements en actions, faute de rentabilité. En février 2012, en présence de François Baroin et de René Ricol, les assureurs, alliés à la Caisse des Dépôts, ont créé deux fonds d’investissement "Nova 1" et "Nova 2" qui totalisent 161.5 millions d'euros de capitaux pour investir, à l’occasion des introductions et des augmentations de capital, exclusivement dans les PME-ETI françaises cotées des secteurs industriels et des services. Nova 1 a été une réussite. Nova 2 doit le devenir et il convient de multiplier ce genre d’investissements et de fonds. Mais cela n’est qu’une infime partie du financement des PME.

Chacun l’aura bien compris, l’orientation de l’épargne des Français est au centre du débat sur le financement des PME. Encore faut-il avant tout changement - dans les circonstances économiques et financières que vivent nos entreprises – ouvrir un vrai débat sans postulat avec cependant comme objectif de retrouver nos équilibres puis de se donner les moyens de les protéger. Pour se développer et faire face à la concurrence internationale, les PME patrimoniales sont à la recherche de soutiens financiers privés et publics de long terme. Elles ont aussi besoin de règles adaptées, de stabilité et de confiance. 

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