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Quand un pervers narcissique fait voler en éclats l'unité d'une famille
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Bonnes feuilles

Parfois, une relation amoureuse nous détruit, au lieu de nous épanouir. Hélène Montel, victime d’un manipulateur, relate la manière insidieuse, sournoise, mais terriblement efficace utilisée par son mari afin de l’anéantir, tant psychologiquement que physiquement. Humiliée, déstabilisée, elle trouve le courage d’échapper à Dominique qui, tel un vampire affectif, n’a de cesse de la vider de toute volonté et d’esprit critique. Extrait du livre "DÉTRUITE. J'ai épousé un pervers narcissique" (2/2) aux éditions de l'Archipel.

Hélène  Montel

Hélène Montel

Hélène Montel est auteure et journaliste. Elle fut mariée à Dominique, un pervers narcissique qui brisera sa vie.

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Noël 2009 arrive. Un an pile depuis le soir où l’homme que j’aimais m’a annoncé qu’il partait. Je suis incapable de savoir comment je me sens. Une année de folie s’est écoulée. Je n’ai pas vu le temps passer.

C’est surtout le premier Noël «séparé». L’ordonnance de non-conciliation lui donne la garde des filles la première partie des vacances d’hiver.

Angélique est partie toute fière chez son père avec ses nouvelles Adidas grises aux pieds. Le cadeau de Noël de Christine, sa marraine. Christine a toujours gâté sa filleule.

Quelques heures avant son retour, Angélique me noie de SMS. «Maman, Emmanuelle m’a acheté des chaussures», «Elles sont super belles!»...

Je ne réponds pas. Y a un truc. Comme si ma fille prenait la température. Ça sonne. J’ouvre. Sarah se jette dans mes bras. Sa sœur reste en retrait.

— Tu as vu mes nouvelles Adidas? teste Angélique.

— Bonjour...

Angélique m’embrasse.

— Tu as vu mes baskets?

— Oui.

— Et?

— Et quoi?

— Ben, tu ne dis rien? s’impatiente-t-elle.

— Je suis censée dire quoi?

— Je ne sais pas! Tu les aimes?

— Tu n’as pas eu les mêmes, il y a dix jours?

— Si, mais Emmanuelle a dit que la couleur était moche et qu’elle pouvait m’en acheter de plus belles. Des roses!

— Rappelle-moi juste: qui a voulu absolument des grises, il y a dix jours? dis-je en tentant de garder mon calme.

— Moi...

— Et celles de ta marraine, tu comptes en faire quoi?

— Ben, maintenant, je préfère celles-là ! Mais, de temps en temps, je veux bien continuer à mettre les vieilles! se défend Angélique.

— Les vieilles? Ah! Tu parles sûrement des Adidas à120 euros de la semaine dernière! m’emporté-je.

— Tu ne les trouves pas jolies?

— Ce n’est pas la question! Qui les a payées? Ton père ou Emmanuelle?

— Ben, elle!

— Alors, ça va être simple! Retour à l’envoyeur! Je ne veux pas de ces chaussures chez moi!

— Emmanuelle m’avait dit que tu ferais des histoires, que tu serais jalouse comme ça vient d’elle!

Ça y est, je passe pour la méchante! J’avais entendu beaucoup de choses négatives sur Mlle Emmanuelle Poulpiquet. Que ça, d’ailleurs. Mais j’avais décidé de ne pas écouter. Je m’étais imaginé qu’elle était peut-être elle-même une victime de Dominique.

Tous les gens qui l’avaient approchée s’étaient moqués de moi à l’époque.

«Elle? Une victime?», «Y a pas pire salope!», «Tiens! Je croyais qu’elle était homo !»...

Jusqu’à présent, cette femme était le moindre de mes soucis. D’ailleurs, mes amis ne saisissaient pas mon manque d’intérêt à son égard.

Je comprends désormais que ce n’est pas une personne bien.

Le lendemain, alors que je regarde la neige tomber à gros flocons, mes troubles anxieux reprennent. Une sorte d’anxiété flottante. Un sentiment d’insécurité et des bouffées d’angoisse comparables à des attaques de panique. La peur ne me quitte pas, je la sens, elle rôde, elle m’effleure, comme si elle jouait avec moi. Mais je ne sais pas de quoi j’ai peur.

Dans la rue, il suffit d’une silhouette évoquant Dominique pour que je sursaute, terrifiée. Mais terrifiée de quoi?

Quoi qu’il en soit, je ne peux plus nier mon traumatisme.

Le jour suivant, je décide de me rendre sans plus attendre dans une armurerie. Je veux une petite bombe lacrymogène. L’armurier m’écoute puis tire un long tiroir dont il extrait un petit spray rose fluo qui ressemble à un diffuseur de parfum.

« Spécialement conçu pour les femmes, le meilleur produit d’autodéfense! Discret, esthétique et surtout extrêmement efficace!»

Mes questions sans fin trahissent mon inquiétude au sujet de ce produit.

— Je ne comprends pas, vous voulez vous défendre ou pas? me dit l’armurier. Vous savez si vous commencez à vous inquiéter des contre-indications, c’est comme les médicaments, vous ne prenez plus rien!

L’aérosol ne me quittera plus. Tout en sachant au fond de moi que je n’aurai sans doute jamais le courage de m’en servir. En rentrant à la maison, je relirai les contre-indications une ixième fois.

En mars 2010, je viens d’avoir une réponse positive de la mairie concernant ma demande de logement HLM. Un appartement vient de se libérer. Ma situation a été prise en compte. Une chance incroyable. C’est inespéré! Quand le bailleur social m’appelle pour confirmation, je dis « oui» à tout: surface, étage, localisation. Je veux juste un toit pour mes filles.

De notre arrivée à Paris en septembre 2008 à notre déménagement, nous serons restées presque vingt mois dans l’appartement de fonction de Dominique. Vingt mois dont seize mois absurdes, surréalistes. Je me suis retrouvée dans une région que je ne connaissais pas, dans une ville que je ne connaissais pas avec un mari que je croyais connaître. Enfin, dans un appartement où je n’avais rien à faire.

Le déménagement est prévu pour le mois de mai 2010.Un lien de moins avec mon mari. Je suis ravie, les filles moins.

Angélique a immédiatement envie d’y recréer la déco de notre appartement de Nantes. De «la vie d’avant», comme elle dit. Pour le salon, les mêmes rideaux beiges, a même moquette bleue. Je refuse.

Extrait du livre "DÉTRUITE. J'ai épousé un pervers narcissique" aux éditions de l'Archipel, 2015. Pour acheter ce livre, cliquezici

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