Quand la génération Z récupère des études du MIT qui démontrent que le QI d'un groupe ne dépend pas de la somme des QI de ses membres, ça plait aux féministes<!-- --> | Atlantico.fr
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De jeunes membres d'une entreprise lors d'une réunion.
De jeunes membres d'une entreprise lors d'une réunion.
©Flickr/Victor1558

Atlantico Business

La génération Y, rattrapée aujourd'hui par la génération Z, qui a grandi dans le grand bain du numérique, s'est convaincue que la performance d'un groupe ne dépend pas de l'intelligence cumulée de ses membres. Les féministes sont contents et les études du MIT nous disent pourquoi.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La plupart des chefs d'entreprise s'en doutaient  depuis longtemps. Ce n'est pas en s'entourant d'hyperdiplômés avec des QI qui débordent de partout qu'ils réussiront à constituer un comex plus performant. On pourrait d'ailleurs appliquer le même raisonnement dans l'administration, où l'on s'est aperçu que ce n'était pas en ajoutant des énarques aux polytechniciens que l'État était mieux géré.

Un certain nombre de formateurs en management, de psychosociologues, de médecins (comme Emile Servan-Schreiber ou Lucile Merra, par exemple) ont réhabilité des études réalisées au MIT juste après la grande crise financière. Celles-ci montrent qu'il existe d'autres facteurs que l'intelligence seule pour réussir à faire fonctionner un groupe avec efficacité. Deux séries d’observations :

La première série d’observations confirme qu'il existe une intelligence collective. Les groupes de direction, de réflexion, de production, etc., sont plus ou moins rapides, efficaces ou efficients. L'habitude dans les écoles de management classiques était  de penser que les différentiels dépendent de ce QI collectif. Or les chercheurs du MIT ont découvert que l'existence de cette intelligence collective au sein des groupes dépendait de la capacite a coopèrer et  travaillent  ensemble, mais cette capacité d'intelligence collective ne dépend pas de l'accumulation des intelligences individuelles des membres du groupe.

La quantité de diplômes ou, comme le disent les chercheurs, leurs capacités cognitives, n'est pas le facteur premier de la réussite collective. Ce qui est important, c'est que la tendance à coopérer efficacement est liée au nombre de femmes dans le groupe. Nous sommes en 2010, c'est-à-dire avant la vague féministe. Les conclusions sont claires :

D'une part, l'intelligence d'un groupe augmente avec le nombre de femmes. D'autre part, tous les autres facteurs explicatifs ne sont pas probants. La satisfaction, la cohésion culturelle ou sociale, la motivation, ont peu d'influence sur l'intelligence globale. À l'époque, ce type de conclusion n'avait guère plu aux réseaux des grandes écoles ni aux spécialistes des relations humaines. Ce qui est intéressant, c'est que les chercheurs du MIT ont défini les facteurs qui, pour eux, sont plus déterminants dans la performance :

  • La perception sociale des personnes de groupes, la façon de deviner ou de cerner leurs émotions.

  • La répartition des temps de parole, veiller à ce que la parole ne soit pas monopolisée par quelques-uns, mais répartie équitablement.

  • Le pourcentage de femmes dans le groupe, car les femmes influencent l'intelligence collective de façon plus positive que les hommes. Pour Lucile Merra, consultante et docteure en sociologie, la présence des femmes fluidifie effectivement la communication et donc la qualité des connexions, d'où une plus grande capacité pour un groupe à résoudre des problèmes. D'où la tentation pour certains groupes féministes de récupérer ces conclusions et d'affirmer que les femmes relèvent le niveau d'intelligence d'un groupe... les exemples dans l'histoire ne manquent pas.

La deuxième série d'observations est plus récente, puisqu'elle date de 2014. Les chercheurs du MIT ont essayé de mesurer l'impact du télétravail, bref, de savoir si les conclusions concernant l'intelligence collective s'appliquaient aussi bien en présentiel qu'en numérique. Eh bien, les facteurs qui pèsent sur l'intelligence collective d'un groupe jouent aussi bien si le travail est en présentiel qu'en numérique. C'est là que la génération Z rejoint le terrain de la génération Y.

Les groupes en ligne fonctionnent de la même manière que les groupes en face-à-face. Leur intelligence collective ne dépend pas de l'intelligence de chacun, mais leurs relations, leur fluidité de communication, leur égalité de temps de parole peuvent s'exprimer de la même manière, et ce sont ces facteurs qui déterminent la performance globale. L'étude a été réalisée avant l'explosion du télétravail de l'après-Covid, certes, mais le télétravail n'avait pas attendu la pandémie pour se développer. La génération Z, celle dont les hommes et les femmes ont grandi avec les jeux vidéo et les ordinateurs, a été très active sur les réseaux sociaux. Ils accordent une très grande importance à leur vie personnelle, qu'ils priorisent avant le travail. Ils sont créatifs, communicatifs, rassembleurs. Le télétravail généralisé en temps de crise sanitaire est conservé en partie pour des raisons de bien-être au travail. Et le bien-être est évidemment un facteur d'intelligence collective.

Pour aller plus loin : Lucile Merra , fondatrice d’eureka time, cabinet de communication RSE&Talent  management

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