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Quand chaque jour porte une nouvelle atteinte aux pépites de l’éducation française
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Je ne veux voir qu'une seule tête

"Tout ce qui dépasse, différencie, privilégie ou perfectionne doit être aboli", tel est l’esprit des lois et projets qui ne cessent d’attaquer dans leurs fondements les pépites de la culture française.

Emmanuelle  Ory-Lavollée

Emmanuelle Ory-Lavollée

Emmanuelle Ory-Lavollée n’est ni grande, ni blonde, ni fashion victim… elle n’a pas de toutou, ni de 4×4, ne trie pas ses ordures. Elle fume parfois et s’accorde même un petit verre de temps en temps.

Comme les vaches, elle regarde passer le train de la vie politique et sociale française, qui à maints égards et tour à tour la consterne, la révolte ou l’amuse…

Emmanuelle Ory-Lavollée anime le blog 2quoijmemêle.com.

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Le rapport de Bernard Attali sur l’école polytechnique propose d’ouvrir les portes aux étudiants post bac. Les matières estampillées « bons élèves » sont lentement évincées du collège. Les bourses offertes aux élèves prometteurs ont subi une diète drastique. L’institution de la Légion d’honneur, exception historique, est en ligne de mire de l’association « Ministère des bonnets d’ânes » au nom de l’égalité. Les classes prépas sont régulièrement dans le collimateur…

« Tout ce qui dépasse, différencie, privilégie ou perfectionne doit être aboli », tel est l’esprit des lois et projets qui ne cessent d’attaquer dans leurs fondements les pépites de la culture française. Au nom d’un égalitarisme qui tuera ce qui reste d’éducation, d’érudition et d’élite, tout ce qui contrevient à la mystification égalitaire sera arasé.
L’enfant doit être l’égal de son/ses parents, comme en témoignent beaucoup d’ouvrages –dont certains très intéressants- consacrés à l’éducation. Peu importe que l’adulte en sache plus ou plus long sur la vie, il ne peut envisager de rapport vertical avec son petit parce que c’est inégalitaire. L’enfant seul décidera ce qu’il souhaite devoir à ses prédécesseurs. La grotesque polémique autour du dernier tube des enfoirés « Toute la vie » achèvera de nous en convaincre.  
L’élève est l’égal de son enseignant et au nom de ce principe,l’interactivité et le ludisme prennent le pas sur l’apprentissage. Peu importe qu’il existe en français comme en mathématique des règles ou des théorèmes. L’enfant doit jouir de son temps scolaire et s’y épanouir. S’il le faut, on lui mettra entre les mains l’outil formidable du savoir magique –le big data scolaire-. Puisqu’on parle d’égalité, s’est-on demandé ce qu’il en était de la jouissance du professeur dans de telles conditions ?
La femme est l’égale de l’homme aussi ? Et bien non, il se trouve qu’elle a certaines aptitudes que n’ont pas les hommes et inversement. En matière de maitrise du français justement, elle lui est supérieure comme le montre l’étude du Projet Voltaire menée par Olivier Fromont… D’ailleurs les languedociens coiffent également leurs compatriotes au poteau. Faudra-t-il les priver de livres pour que les autres français s’en sortent aussi bien qu’eux ?
Le dirigeant sera l’égal de ses subordonnés. Dans l’entreprise comme dans la gestion du pays, honte à ceux qui soutiennent une différence de traitement entre le patron et les autres. Pourquoi diable un entrepreneur, qui veille à la pérennité de son entreprise et à l’avenir de ses salariés, mériterait-il un traitement plus favorable que son personnel ? Que certains assument plus de risques et fournissent plus de travail est anecdotique : un patron qui gagne sa vie, c’est inégalitaire !
Mais si le chef est l’égal de ses administrés, pourquoi un Premier Ministre voyagerait-il aux frais de la République ? Si ce malheureux déplacement footeux offusque, c’est qu’à force de nivellement, nos dirigeants successifs ont dévoyé aussi les plus hautes fonctions républicaines. C’est le décalage qui heurte les français : entre ce qu’ils prônent et la façon dont ils ce comportent, entre ce qu’ils promettent et ne feront jamais, entre la solennité de leur responsabilité et leur irresponsabilité chronique. Ce n’est pas de petits bonshommes désespérément normaux dont la France a besoin. Et s’ils se comportaient en grands hommes inspirés et respectables, nous n’aurions que faire de consacrer quelques impôts à leur permettre de se déplacer plus vite…
Pour entretenir l’illusion que demain sera égal, on veut bannir les locomotives de la pensée et du savoir. Mais supprimer les filières susceptibles de créer une élite éclairée envoie un message désespérant aux français. « Ne cherchez plus d’inspirateur, désormais tout le monde se vaut ». Nabilla, Kim kardashian ou Zlatan sont la nouvelle intelligentsia. Admirer est interdit, comme s’élever, se dépasser, se motiver ou se cultiver.
Pourtant l’égalité n’existe nulle part, pas même dans la nature. Et ceux qui la prêchent le savent mieux que quiconque. Pourquoi ? Parce qu’ils sont plus instruits, les escrocs !
Cet article a également été publié ici.

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