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Quand Bruno Le Maire joue les Astérix face à l'envahisseur américain…
©STR / AFP

Trump en rit encore

Le ministre de l'Économie et des Finances raffole des allures martiales. Mais il n'a pas de potion magique.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Trump avait dit : "America first". Macron lui a répondu : "Europa first". Et puis ? Rien ! En tout cas, ainsi que le dit Shakespeare, beaucoup de bruit pour rien. Comme dans un western célèbre, le shérif a rendu son étoile. Il était las de se battre pour les autres, de les protéger, de les dominer même. Et il a déchiré l'accord nucléaire avec l'Iran pour se replier sur l'Amérique.

La fin de cet accord implique le retour automatique de draconiennes sanctions américaines contre l'Iran et contre tous ceux qui seraient tentés de commercer ou de continuer à faire des affaires avec le pays des mollahs.

Pour ne parler que de la France, ça se chiffre en dizaines de milliards de dollars : Total, Airbus, Sanofi, Renault, Peugeot. Qu'ils refusent d'obtempérer à l'injonction américaine et ils en seront de leur poche pour, également, des dizaines de milliards de dollars.

C'est immoral, injuste ? Peut-être. Mais ainsi sont faites les lois américaines. L'Europe proteste, s'indigne, se réunit. Et la montagne "Europa first" accouche d'une souris : une disposition antiblocage datant de 1996. Et ce n'était pas Trump qui était alors à la Maison Blanche !

Il s'agit d'une mesure purement symbolique destinée à ne pas perdre la face. Elle n'a en rien empêché BNP Paribas de payer aux États-Unis une amende de 8 milliards de dollars pour avoir contourné l'embargo contre Cuba.

Toutefois, il fallait quelqu'un pour assurer le service après-vente de "Europa first". Et Macron envoya au casse-pipe son Astérix préféré : Bruno Le Maire. Dans une interview au Figaro, le ministre annonça fièrement que les États-Unis ne pouvaient pas être "le gendarme économique du monde". Il aurait pu ajouter : "mais, hélas, ils le sont". Il a oublié, sans doute.

Pour évoquer la prestation de Bruno Le Maire, c'est une autre BD de l'auteur d'Astérix qui vient à l'esprit : Lucky Luke. Le cow-boy solitaire tirait plus vite que son ombre. Bruno Le Maire tire moins vite, beaucoup moins vite. Même qu'on peut lui trouver quelques côtés plaintifs en commun avec Rantanplan.

Car dans la même interview, il s'empresse de préciser, après sa mâle sortie sur le méchant gendarme américain, que "nous allons discuter avec nos alliés américains, leur demander des exemptions, négocier des délais". Une façon honteuse et à peine dissimulée d'accepter l'"America first" !

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