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Républicains : un dur ou un modéré pour affronter Obama ?
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Primaires US

Ce jeudi a lieu un débat télévisé des primaires républicaines. Il devrait réunir les candidats les plus sérieux à l'investiture du parti. Revue des candidats les plus sérieux au poste d'adversaire d'Obama.

Nicole Bacharan

Nicole Bacharan

Nicole Bacharan est historienne et politologue, spécialiste de la société américaine et des relations transatlantiques.
Elle a co-écrit avec Dominique Simonet  "11 septembre le jour du chaos" (Perrin, à paraître le 18 août 2011).

Son prochain livre est Le guide des élections américaines de 2012, co-écrit avec Dominique Simmonet,  à paraître aux éditions Perrin.

Voir la bio »

Atlantico : Pouvez-vous nous présenter les principaux candidats de la primaire républicaine ?

Nicole Bacharan : Mitt Romney est un ancien gouverneur du Massachusetts, qui est surtout connu pour sa brillante carrière d’affaire, puisqu’il a créé une entreprise qui a fait de lui un multimillionnaire. Il a été admiré de sa gestion économique et financière et il est aussi l’homme qui est connu pour avoir sauvé les JO de Salt Lake City à l’époque ou dans la préparation il y avait de fortes accusations de corruption et d’inefficacité. Il a fait toute sa carrière politique comme un Républicain centriste, et en 2008 il a essayé de se réinventer en Républicain très à droite pour satisfaire les tenants des valeurs morales mises sur le devant de la scène politique. Il a perdu du crédit des deux côtés, les modérés ne le lui font plus confiance, et les ultra conservateurs non plus. Par ailleurs, nombreux sont ceux qui se méfient de sa religion de mormon, même si cela évolue dans les mœurs.

Michele Bachmann est Représentante dans le Minnesota et siège au Congrès depuis 5 ans. Elle n’a pas une carrière très solide. C’est une juriste. Elle est devenue la pasionaria des Tea Parties, mouvement très à droite au sein du Parti républicain. C’est une chrétienne vraiment fondamentaliste. Elle représente l’aile dure des Républicains. Elle est belle, elle a du charisme, de la présence, mais il n’est pas sûr qu’elle tienne le choc d’une vraie campagne sur ses compétences, son expérience, sa capacité dans une élection générale, à rassembler la majorité de l’électorat car elle peut faire peur à beaucoup de gens

Rick Perry, c’est celui qui bouleverse le champ actuel des primaires : il est parti tard et a une stature politique forte. C’est le gouverneur du Texas, il en est à son 3e mandat, et ça fait 25 ans qu’il est dans la vie publique de cet État. Il a débuté sa carrière chez les démocrates. Il est crédité d’avoir bien géré le marché de l’emploi au Texas, en sachant que cet État bénéficie de la manne pétrolière avec le prix du baril dans ces dernières années. Il a une forte présence et du charisme : il est les favoris des Tea Parties et mord dans l’électorat de Michèle Bachmann. Il a également bien verrouillé les sponsors du Parti Républicain au Texas, et le Texas c’est considérable, c’est beaucoup d’argent pour sa campagne. Ce qui peut jouer contre lui c’est son aspect profondément texan qui, après Bush, ne passera peut-être pas bien auprès de l’électorat général.

Ron Paul. C’est un libertarien. Il est très en phase avec le slogan central des Républicains : « L’État est le problème et non la solution » que l'on doit à Ronald Reagan. Moins d’État, moins d’impôt, plus de responsabilité locale, et que l'administration se mêle du moins de chose possible. Sur le plan économique et politique, il est très en phase avec la tendance actuelle des Républicains, mais moins sur les valeurs morales puisque la position libertaire c’est aussi la liberté de mœurs, de choix sexuels, éventuellement de prendre de la drogue, et que l’État ne s’en mêle pas. Sur ce point-là il est donc décalé par rapport à l’électorat.

Jon Huntsman,ancien gouverneur de l’Utah, ancien ambassadeur à Pékin, cherche à construire une image de modéré et d’homme éligible par l’électorat en 2012. Il faut voir s’il arrive à percer. Ça ne semble pas encore le cas.

Qu'en est-il de Rudolph Giuliani et Sarah Palin ?

Rudy Giuliani a brulé toutes ses chances en 2008. C’était un homme extrêmement populaire, notamment par sa présence remarquable lors des attentats du 11 septembre. Mais sa campagne a été extrêmement mal gérée, il n’était même pas sûr de vraiment y aller. Et puis c’est un Républicain New Yorkais, il est contre le port d’arme et pour l’avortement.

Sarah Palin est quelqu’un de très imprévisible. Ça reste une star du "fund raising" ("levée de fonds") et des médias, et elle donne beaucoup de signes qu’elle va se présenter, par ses voyages et ses paroles. Il est tout à fait possible qu’elle se présente, mais elle est difficile à gérer. Impossible de déterminer ses chances aujourd'hui.

Quelles sont les lignes de fracture entre les différents candidats ?

Ce n’est pas clair. Ils sont d’accord sur les deux points principaux : il faut chasser Obama et réduire le gouvernement. Ils ont l’air de partir sur l’exploration du passé des uns et des autres pour prouver que leur parcours n’est pas cohérent et donc que la candidature n’est pas fiable. Ron Paul a récemment attaqué Rick Perry en rappelant qu’il avait soutenu Al Gore dans les années 1990. Cela reste donc assez centré sur les attaques personnelles.

Comment se différencient-ils de Barack Obama ?

La question cruciale est la taille du gouvernement. Obama est vu comme quelqu’un qui pense que le gouvernement fédéral doit résoudre davantage de problème, être responsable de davantage de choses et de proposer davantage de services aux Américains. Et les Républicains pensent que cette approche là plombe l’économie et les libertés individuelles, et veulent réduire la taille du gouvernement, les finances du gouvernement, l’argent qu’il coûte et le rôle qu’il joue.

Quel candidat a le plus de chances de gagner les primaires ?

Rick Perry. Il a une forte expérience, il est très à droite, conservateur, il a un vrai charisme, il a de l’expérience sur l’économie qui est la seule véritable question actuellement. Mais ce n’est pas quelqu’un qui sait se faire aimer. Les primaires vont durer jusqu’au mois de juin donc il va se passer beaucoup de chose. Les thèmes qui pourront être abordés lors du débat sont le rejet d’Obama, moins d’État et la crise économique.

Quelles sont leurs sentiments vis-à-vis de la France, et les conséquences pour nos relations ?

Les Républicains actuels et particulièrement Romney ou Bachmann qui se sont exprimés la dessus, ne sont pas des amis de la France, ce qui est triste pour Romney parce qu’il y a passé 2 ans comme missionnaire mormon. Ce sont des gens qui ont tendance à voir la France comme un pays d'assistés, comme un modèle à ne pas suivre.

On a à faire a des Républicains qui sont plutôt isolationnistes et qui sont dans une position de repli par rapport au monde extérieur. Les relations seraient plus difficiles, et plus tendus. Il y aurait moins de confiance. Mais on voit bien au fil des dernières années que les intérêts communs sont tellement importants qu'Européens et Américains sont obligés de travailler ensemble. La situation serait nettement plus tendue avec un candidat républicain actuel, jusqu’à ce qu’il revienne au monde réel et qu’il comprenne que les valeurs communes et les intérêts communs dominent.

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