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Près de 4 Français sur 10 pensent que leurs emplois seront remplacés par des robots. Et les plus jeunes sont les plus inquiets.
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Atlantico Business

Les Français pensent que nous serons tous remplacés par des robots dans les 15 prochaines années.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Cette étude Workforce View in Europe, réalisée par ADP, le leader mondial des solutions de ressources humaines, fait partie de celles que les responsables politiques gardent sous le coude pour ne pas augmenter le stress social et inquiéter les salariés, c’est à dire qu’on la garde un peu secrète.

Et pourtant cette étude, qui a été menée sur tous les pays d’Europe, corrobore les résultats de beaucoup de recherches publiques ou privées pour essayer d’évaluer l’impact de la révolution digitale dans son étape ultime, c’est à dire celle où les robots seront capables d’assurer l’automatisation des taches de production de richesses. 

De cette étude réalisée auprès de 9908 salariés en Europe, dont 1300 en France, on peut en tirer 5 conclusions.

1er point : Près de 4 salariés français sur 10, 38% exactement, pensent que leur emploi sera remplacé par des robots dans les 15 prochaines années. Les résultats révèlent que seulement 4% des travailleurs pensent qu’un robot prendra leur emploi dans les 12 prochains mois, mais ce pourcentage monte à 11% si on se projette à deux ans. Par ailleurs, 22% estiment que l’automatisation de leur emploi interviendra dans les cinq ans, compte tenu des progrès des intelligences artificielles et de la robotique.

2e point : c’est parmi les plus jeunes que l'inquiétude est la plus forte et la plus partagée. 42% des 16/34 ans redoutent de voir leur emploi automatisé au cours des dix prochaines années et 40% des 35/44 ans partagent le même sentiment. Cela contraste avec un peu plus d’un quart (28%) des personnes de plus de 55 ans qui s’inquiètent d’une automatisation au cours des dix prochaines années, se sentant moins susceptibles d’être touchés.

3e point : le degré d’inquiétude dépend aussi de l’activité. 52% des employés des services financiers craignent de voir leur emploi remplacé au cours de la décennie à venir, tout comme 46 % des salariés des secteurs vente & loisirs et 41% de ceux de l’informatique et des télécommunications. Le contraste par rapport à d’autres secteurs est saisissant, avec 27 % dans l’éducation et 29 % dans le commerce et le marketing qui s’attendent à une automatisation de leurs métiers.

4e point : les Français sont parmi les Européens les plus anxieux avec les Italiens. Les Anglais sont moins inquiets (33%). Les plus sereins sur la qualité et la pérennité de leur job sont les Allemands, les Hollandais et les Suisses sont aux alentours de 20% d’inquiets seulement. Alors, les explications divergent mais le calme relatif des salariés allemands s’explique sans doute par la qualité de leur formation et un système qui leur permet de mieux anticiper et s’adapter aux changements. 

5e point : la question serait de tirer les leçons de ce type d’études dont les conclusions vont toutes dans le même sens. En fait, il apparaît que la révolution digitale dérègle un peu les lois de Schumpeter. L’économiste autrichien a toujours expliqué que l’innovation technologique était destructrice d’emplois mais qu‘elle permettait de remplacer les emplois détruits par des emplois nouveaux de plus grande valeur. Aujourd’hui, la destruction n’est sans doute plus créatrice d’emplois dans des proportions qui permettraient de compenser les emplois disparus. L’innovation crée et commande des emplois à haute valeur ajoutée et des emplois de recherche mais fait très certainement disparaître les emplois de faible qualité. 

Les économistes ne sont pas sans réponse à ce phénomène. Ils savent que si l’innovation ne crée plus d’emplois comme avant, l’innovation doit générer de la productivité. Bref elle créée de la valeur et cette valeur doit permettre de financer un revenu universel et/ou de financer des activités qui ne sont pas ou mal solvabilisées par le marché aujourd’hui. Des activités de recherche, des activités sociales ou même des activités artistiques. 

Ce type de scénario est audible tant que les robots ne seront pas eux-mêmes capables de faire de la recherche, de créer ou même d’avoir des sentiments. Mais aucun économiste ne serait prêt à parier aujourd’hui que les robots ne seront jamais assez intelligents pour qu’ils soient, capables de réfléchir, inventer l’avenir et diriger nos vies.

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