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Premier bilan à mi-mandat, le match économique Hollande-Sarkozy.
Premier bilan à mi-mandat, le match économique Hollande-Sarkozy.
©Reuters

Sur le ring

Un match économique entre deux présidents pourrait relever du fantasme tant l’influence du contexte macroéconomique en fausserait le résultat. Pourtant, une monnaie unique, des contraintes budgétaires similaires et les 17 concurrents européens permettent de mesurer relativement les résultats de l’un ou de l’autre durant son mandat. Et le gagnant est...

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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  • Entre 2007 et 2012, les indices PMI francais "sur-performent" durablement ceux de la zone euro;
  • Depuis 2012, ces mêmes indices marquent une sous-performance du pays par rapport à l'ensemble du continent;
  • Une tendance négative qui s'observe également sur le front des chiffres du chômage depuis 2012. la France devient "l'homme malade de l'Europe";
  • Entre 2007 et 2012, la pression fiscale est stabilisée dans le pays. Entre 2012 et 2014, les hausses d'impôts atteignent 44 milliards d'euros;
  • Si les deux Présidents ont du faire face à des contextes extrêmes, la période 2007-2012 a été plus relativement plus favorable à la France que celle débutant en 2012.

Un match économique entre deux Présidents pourrait relever du fantasme tant l’influence du contexte macroéconomique en fausserait le résultat. Pourtant, certains indicateurs permettent bien de réaliser une telle comparaison. Pour cela, il suffit de mesurer, non pas simplement les chiffres d’un Président par rapport à l’autre, mais de comparer les performances relatives de chacun d’entre eux par rapport à ses pairs européens. Une monnaie unique, des contraintes budgétaires similaires, et 17 concurrents qui permettent de juger avec objectivité des résultats de l’un ou de l’autre Président.  

Dans un premier temps, la mesure du niveau de confiance des acteurs économiques dans leur propre pays permet de se faire une idée du climat. A cette fin, il suffit de prendre en compte les indices des directeurs d’achats (PMI, publiés par Markit) qui, mois après mois, sondent les entreprises sur le contexte économique auquel elles sont confrontées. L’avantage que présente cet indice est son haut niveau de fiabilité, c’est-à-dire sa corrélation avec l’emploi ou la croissance du pays considéré.

Afin de réaliser une comparaison entre les deux Présidents, il suffit de mesurer l’indice publié pour la France et de le comparer à l’indice de la zone euro. En additionnant et en cumulant les données de cette façon pour les 31 premiers mois de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, le résultat ne fait aucun doute :

Match PMI. Cumul relatif de la France par rapport à la zone euro. Markit.

Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, mois après mois, la France enchaîne des résultats supérieurs à ceux de la zone euro. De façon symétrique, l’entrée en fonction de François Hollande coïncide avec un retournement de la situation. Et la France sous-performe la zone euro dans des proportions importantes. Pour un constat clair, les sorties récentes sur le malaise d’une France "homme malade de l’Europe" ne sont pas infondées.

Et le niveau de confiance dans l’économie est primordial. Car, et dans un second temps, la "confiance" agit fortement sur la situation du chômage. Il est donc tout à fait naturel de retrouver la même tendance sur le front de l’emploi. Entre le mois de mai 2007 et le mois d’octobre 2014, le taux de chômage français est passé de 8.16% à 10.52%. Mais cette progression n’a pas été linéaire :

Taux De chômage. Zone Euro. France. Source. Banque Centrale Européenne.

Lorsque Nicolas Sarkozy arrive en fonction, le taux de chômage français est supérieur à celui de la zone euro. Les premiers mois de mandat subissent les effets d’une croissance soutenue au niveau mondial, et la baisse du taux de chômage français s’accélère pour rejoindre celui de la zone euro. Le niveau de 7.16% est d’ailleurs atteint en février 2008, une première en France depuis 25 ans, soit depuis le mois de juin 1983.

Puis, lorsque la crise frappe l’ensemble du continent, les deux taux vont évoluer de concert. Mais la structure de l’économie française va permettre de contrer une partie du choc. C’est ainsi que le bilan de Nicolas Sarkozy est d’avoir débuté son mandat avec un taux de chômage supérieur à celui de la zone euro et de l’avoir terminé avec un taux inférieur. La situation de François Hollande est inverse. Et cette différence entre les deux Présidents est visible dans le graphique ci-dessous, représentant la performance relative de chaque Président par rapport au taux de chômage de la zone euro :

Taux de chômage. Sur et Sous performance de chaque Président par rapport à la zone euro. Source Banque centrale europénne.

La situation est claire. Si les cinq années de la période 2007-2012 ont permis de contrecarrer une portion du choc de l’année 2008, les années Hollande ont vu la situation de la France s’aggraver par rapport aux autres pays de la zone euro. Et l’inversion de la courbe du chômage n’aura jamais eu lieu.

Enfin, et concernant la pression fiscale, le match se révèle également déséquilibré. Lors de l’entrée en fonction de Nicolas Sarkozy, le total des prélèvements obligatoires représentait 42.8% du PIB (fin 2006, données INSEE). A la fin 2011, le ratio avait atteint 42.6%. Ainsi, les recettes supplémentaires de la fin du mandat Sarkozy sont venues compenser les baisses octroyées en début de quinquennat. Si Nicolas Sarkozy a débuté son mandat dans un contexte  favorable permettant la modération fiscale, la survenance de la crise est venue annihiler ses premières actions.

Depuis la prise de fonctions de François Hollande, la pression fiscale est passée de 42.6% à 44.7% (fin 2013), soit plus de 2 points de PIB supplémentaires en deux ans. En effaçant les effets de la croissance sur les recettes, c’est-à-dire en corrigeant les données, les hausses d’impôts mises en place par François Hollande représentent plus de 44 milliards d’euros.

Pour comparer plus "justement", il suffit de prendre en compte les hausses décidées pendant le quinquennat Sarkozy et ce, à partir du moment où la pression fiscale a effectivement été alourdie, c’est-à-dire depuis la fin 2009. Ainsi, entre 2009 et la fin 2011, les prélèvements obligatoires (hors effets de cycles) ont progressé de 32 milliards. Dès lors, le partage du fardeau de la hausse de la pression fiscale depuis 2009 repose à 57% sur les épaules de François Hollande et à 43% sur celles de Nicolas Sarkozy. Etant entendu qu’en prenant en compte l’ensemble de la période 2007-2012, c’est-à-dire les baisses d’impôts de début de quinquennat, le bilan de Nicolas Sarkozy est neutre du point de vue fiscal. Car les impôts n’ont pas augmenté, tout simplement. Contre 44 milliards de hausse pour François Hollande, pour le moment.

En conclusion, et pour en arriver au point essentiel. Nicolas Sarkozy et François Hollande ont tous deux été confrontés à un contexte macroéconomique extrême. Contexte dont ils peuvent également être jugés responsables en raison de la place prépondérante de la France au sein des organes qui gouvernent la zone euro. Mais il ne fait aucun doute, factuellement, que les "performances" relatives de l’économie française par rapport à la zone euro ont été supérieures sous la présidence Sarkozy que sous l’actuelle Présidence Hollande.

Ce qui est le plus éclairant, dans cette comparaison, est que François Hollande a été élu, notamment, sur un discours anti austérité. Et pourtant, ses résultats ne font que démontrer qu’une chose : il est le Président de l’austérité française. Non pas une austérité de la baisse des dépenses, mais une austérité de la hausse des prélèvements obligataires. Et l’immobilité de la stratégie européenne a fait le reste. Pour des résultats qui ne se sont pas fait attendre.

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