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Pourquoi le travail dominical n'est que la partie émergée de l'iceberg des contraintes qui pèsent sur les entrepreneurs
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Les entrepreneurs parlent aux Français

Castorama et Leroy Merlin ont été contraints de fermer leurs magasins franciliens le dimanche, deux décisions qui relancent la polémique sur l’actuelle législation du travail.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Libertad ¡ Ce qui est soulevé par le dossier du travail le dimanche, c’est la fin d’un modèle. Un modèle sur lequel la poussière devient plomb. Une chape asphyxiante destinée à protéger ce qu’on pense être d’utiles acquis, à maintenir l’illusion que la loi et l’Etat seront toujours un rempart contre le changement. Il nous faut un Che pour l’économie, une révolution des mentalités pour développer de nouvelles formes de travail.

La société évolue plus vite que le législateur. Le législateur, effrayé par la vitesse, garde le pied sur le frein en ralentissant la société toute entière. Le législateur pense « qu’avant c’était mieux ». Il pense que les acquis sont l’expression universelle de la protection de l’être humain.

Le travail le dimanche n’est qu’une infime partie du problème. La loi française régente tout à coup de convention collective, qui impose la loi du petit nombre. Elle date d’un temps où les moins de 20 ans étaient absents, sans internet. Désormais, nous avons un commerce ouvert sept jours sur sept qui coexiste avec une économie réelle aux 35h. Il faut lancer les états généraux de l’économie, du droit du travail et définir les nouveaux équilibres et les nouvelles protections. Car il ne s’agit pas de piller les acquis mais de les adapter et d’en créer d’autres. Une révolution intégrant les nouveaux acteurs et leurs nouveaux réflexes.

Quelques exemples. Une start-up souhaite lancer à Paris un service de réparation ouvert la nuit de mobiles, tablettes et ordinateur. Ainsi, si vous tombez en panne à 21 heures, vous pourrez retravailler avec votre objet chéri qui contient toute votre vie dès le lendemain. La convention collective qui régit ce secteur impose des salaires et des temps de travail qui risquent de lui interdire de lancer sa société.

Une jeune PME développant des moteurs de recherche souhaite embaucher des développeurs. Soucieuse de les intéresser à la réussite de l’entreprise, elle négocie un salaire raisonnable contre des actions de la société. En France, c’est impossible. Le salaire prévu par la convention collective leur impose un salaire minimum incompatible avec leurs moyens et privant ainsi les salariés d’un intéressement au capital.

A moins d’1km d’intervalle, un magasin peut ou ne peut pas ouvrir le dimanche, face à des syndicats désespérés par leur perte de vitesse et qui s’accrochent à leur pouvoir à défaut de tenter de comprendre les salariés qu’ils sont censés protéger. La fracture qui sépare leurs objectifs de pouvoir de l’envie légitime des salariés les conduira à leur perte. Et malgré leur bêtise et aveuglement, ce n’est pas un bien.

Ce qui est en jeu dans ce combat du travail le dimanche, c’est la perte de liberté de notre société. Lestée par des législations contradictoires, en retard sur l’évolution du monde, confondant évolution et protection en refusant la première au nom de la seconde, notre pays va imploser, perdre son attractivité et perdre sa capacité à protéger les plus faibles. Il ne faut pas seulement faire sauter l’interdiction du travail le dimanche, mais revoir tout ce qui entrave l’évolution des nouvelles formes de travail et d’activité économique. Convention d’entreprises et non plus collectives, liberté entre salariés. Clients (citoyens) et entreprises doivent décider ensemble, d’un commun accord, ce qu’ils doivent faire. Laissons éclore, en tentant d’y associer les salariés (intéressement, primes, taux horaire), les activités qui permettront de doper la croissance, l’emploi et de laisser fleurir les initiatives.

Les activités liées au seul travail du dimanche pour le commerce pourraient rapporter 100 000 emplois. C’est bien. Mais très loin de ce que la révision du droit du travail, l’assouplissement des conventions, l’assouplissement des nouvelles formes de travail, de télétravail, de travail de nuit et de réinsertion des seniors pourraient rapporter. Sans oublier ce que le portage salarial pourrait ramener si l’on évitait que l’intérim ne pèse de tout son poids pour freiner son envol.

Libérer l’économie rapporterait plusieurs centaines de milliers d’emplois. Puisque nous sommes dans un Etat centralisé, laissons le soin à l’Etat et aux partenaires de mettre les pieds dans le plat. Mais jamais sans les représentants de la nouvelle économie. Laissons-leur le pouvoir mais dirigeons l’économie. Elle est au final aux mains des entrepreneurs.

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