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Pourquoi La France insoumise a encore du pain sur la planche avant de convertir son score à la présidentielle en domination sur la gauche
©AFP

Un pour tous

Son intransigeance à l’égard des autres mouvements la pousse à tenter le passage en force aux élections législatives, en comptant sur l’échec de toutes les formations de gauche.

Raul Magni-Berton

Raul Magni-Berton

Raul Magni-Berton est actuellement professeur à l'Université catholique de Lille. Il est également auteur de notes et rapports pour le think-tank GénérationLibre.

 

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Atlantico : la France Insoumise semble refuser toute forme d'accords avec les autres partis de gauche, PCF, EELV, PS. Faut il voir dans cette forme d'intransigeance une volonté de passage en force d'une France insoumise ayant pour objectif de monopoliser l'électorat de gauche, au dela de partis pouvant paraître usés par ces dernières années ?

Raoul Magni-Berton : Non. Il y a en France trois phases où l'alliance peut être contractée: avant le premier tour, entre les deux tours, ou après le deuxième tour. L'enjeu principal avant le premier tour est de parvenir au seuil pour se maintenir au second tour. L'enjeu entre les deux tours est de gagner un maximum de circonscriptions. Enfin, l'enjeu après le deuxième tour est de réussir à gouverner.

Par ailleurs, plus l'état des forces électorales est clair, plus il est facile de se mettre d'accord. En fait, une des raisons principales pour lesquelles les négociations n'aboutissent pas est qu'il y a trop d'incertitude et que chacune des partie surestime sa force.

Entre les partis de gauche - notamment le PS et la France Insoumise - il est difficile de déterminer le gain d'une alliance en termes de candidats atteignant le seuil de 12,5 des inscrits et ayant une chance de gagner. En outre, la division de la gauche pourrait mobiliser l'électorat et les voix utiles profitent au plus fort - actuellement les candidats de la France Insoumise. Donc je dirais qu'il y a trop d'incertitude pour qu'une alliance se crée avant le premier tour. En revanche, je pense qu'entre les deux tours cela arrivera, une fois que l'état des forces sera clair.

Atlantico : à quelles conditions la réussite d'un tel passage pourrait se produire ? Le parti de Jean Luc Mélenchon n'est elle pas dans le fantasme ?

Les conditions sont simples: il suffit pour tous d'atteindre le seuil pour attendre le second tour dans un maximum de circonscriptions. Le parti le plus présent au second tour bénéficiera des reports de voix des autres partis de gauche, et sera dans une position de force dans la négociation. Le rapport de forces sera plus clair, et chacun concédera des choses en fonction de ses forces et ses faiblesses. 

Le risque n'est pas démesuré, puisqu'il ne s'agit pas à ce stade de gagner les circonscriptions, mais simplement de passer le premier tour. Naturellement, sans alliance préalable, le seuil pourra être atteint dans un plus petit nombre de circonscriptions, mais, vraisemblablement, ce n'est pas dans celle-ci que les chances de gagner au second tour sont les plus élevées. 

Donc, je dirais que Mélenchon n'est pas dans le fantasme.

Atlantico : est-ce que les ripostes amorcées par Benoît Hamon qui souhaite créer un mouvement, ou de Anne Hidalgo et Martine Aubry qui veulent aussi proposer une alternative, peuvent permettre de faire face à une France Insoumise ?

Le PS à ce stade part dans une situation difficile. Face à une défaite il est difficile de se recompacter, même si tout le monde sait que c'est la seule chance d'être compétitif. Mais encore une fois, à ce stade, il est question de garder un maximum d'électeurs là où ils sont forts, pour peser dans la négociation avec Mélenchon. Au final, un accord finira par arriver, surtout si, après le premier tour, la gauche reste compétitive pour obtenir une majorité au parlement.

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