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Pourquoi la France condamne la "branche armée" du Hezbollah qui n’existe pas
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Editorial

La France souhaite que la branche militaire du Hezbollah, un mouvement chiite libanais, soit inscrite sur la liste des groupes terroristes de l'Union européenne en raison de son soutien au régime de Damas.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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La France a donc attendu que le Hezbollah apporte officiellement son soutien au régime de Bachar El Assad pour hausser le ton. « Compte tenu des décisions qu’a prises le Hezbollah et le fait qu’il a combattu très durement la population syrienne, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, je confirme que la France proposera d’inscrire la branche militaire du Hezbollah sur la liste des organisation terroristes » de l’Union Européenne. Soutenue par l’Allemagne et la Grande-Bretagne, cette initiative a désormais de bonnes chances d’aboutir, même s’il faut que la résolution soit votée à l’unanimité des 27 pour être adoptée.

Cette décision tardive recèle cependant sa part d’hypocrisie. La France se limite, en effet, à une condamnation de « la branche armée » de l’organisation alors que nos diplomates savent tous, et depuis longtemps, qu’il n’existe qu’un seul Hezbollah dont l’action sociale, économique et militaire est coordonnée par un leadership islamiste unique représenté au sein du gouvernement libanais. Dissocier la « branche militaire » de la formation politique ne procède donc d’aucune logique juridique. Le Hamas palestinien ou le PKK kurde, par exemple, sont désignés par l’UE comme des entités terroristes sans distinction de « branches ». « Sans doute, confie un proche du dossier. Mais si le Hezbollah tout entier était inscrit sur la liste des pays terroristes, cela impliquerait que la France ne puisse plus entretenir de relations avec le gouvernement libanais ». Pas forcément. Paris pourrait aussi boycotter les seuls ministres du Hezbollah et ne pas rompre le dialogue avec Beyrouth. Dans les années 2000, Martine Aubry et d’autres membres du gouvernement Jospin refusaient tout contact avec les ministres autrichiens du FPÖ de l’ultranationaliste Jorg Haïder mais la France n’a pas rompu ses relations avec l’Autriche. Et Haïder n’avait pas de sang européen sur les mains, contrairement au Hezbollah, dont la culpabilité dans l’attentat de Burgas du 18 juillet 2012 a été démontrée par les autorités bulgares.

En dépit de ces réserves, le changement d’orientation de la France, s’il emporte l’adhésion des 27, devrait compliquer la vie de l’organisation terroriste soutenue par l’Iran et la Syrie, deux régimes qui entretiennent depuis des années l’instabilité au Liban et font planer des menaces sur la sécurité d’Israël.

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