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Pourquoi faire plus d’exercice physique n’est pas toujours synonyme de perte de poids
©Flickr

Rien ne sert de courir, il faut manger à point

Vous avez beau courir des kilomètres et des kilomètres pour perdre quelques centimètres au niveau de la taille, cela ne suffira peut-être pas. C'est la conclusion que tirent de plus en plus de chercheurs américains, à l'instar d'Herman Pontzer, professeur d'anthropologie physique à l'Université de New York, qui pointe avant tout les calories absorbées.

Patrick Tounian

Patrick Tounian

Patrick Tounian est professeur de pédiatrie, chef du service de nutrition et gastroentérologie pédiatrique de l'hôpital Trousseau à Paris.

Il dirige le diplôme universitaire " Nutrition et Obésité de l'enfant et de l'adolescent " à Sorbonne Université et intervient comme expert reconnu en nutrition pédiatrique dans de nombreuses conférences.

Ancien secrétaire général de la Société française de pédiatrie et président de la Société francophone de gastroentérologie et nutrition pédiatriques, il est actuellement président de l’Association des pédiatres de langue française. Il est l’auteur de nombreux livres et publications scientifiques sur la nutrition et l'obésité de l'enfant et de l'adolescent.

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Atlantico : Selon une étude parue dans la revue scientifique américaine Current Biology, la perte de poids n'est pas liée à la simple activité physique. Ils suggèrent que les personnes qui ont une grande activité physique ne brûlent pas plus de calories que les personnes modérément actives. La perte de poids serait en réalité conditionnée principalement par ce que l'on mange et en quelle quantité. Quel crédit apporter à une telle étude ?

Patrick Tounian : Un crédit total parce qu'il s'agit exactement de ça. Il existe une régulation du poids au niveau du cerveau. Chaque individu est réglé à un poids de référence qui est génétiquement déterminé. Lorsque l'on augmente sa dépense d'énergie, donc son activité physique, ou lorsque l'on se restreint au niveau alimentaire, donc quand on diminue ses apports énergétiques, le cerveau se débrouille pour prendre le relais et assurer les besoins énergétiques. Quelqu'un qui va avoir beaucoup d'activité physique va avoir davantage faim pour compenser la perte d'énergie supplémentaire et inversement.

Donc, quelqu'un qui a beaucoup d'activité physique va manger davantage et donc ne maigrira pas sauf si, comme le dit cette étude, en plus de l'activité physique, il arrive à se restreindre, c’est-à-dire à manger moins. Dès lors, l'association des deux, l'augmentation de la dépense énergétique et la restriction alimentaire qui permet de ne pas compenser l'excédent de perte énergétique aboutit dans ces conditions à l'objectif recherché, c'est-à-dire la perte de poids.

Comment peut-on expliquer que les personnes plus actives ne brûlent pas plus de calories que celles qui le sont moins ? Existe-t-il un risque à faire trop de sport dans le seul but de maigrir ?

Cela est faux. On brûle plus de calories quand on a plus d'activité physique. Ce qui est vrai, c'est que l'on brûle proportionnellement très peu de calories par rapport à l'activité physique. Par exemple, pour brûler 100 calories, soit l'équivalent de 5 morceaux de sucre, il faut marcher entre 1 et 1,5 km. Pour éliminer un pain au chocolat et ses 300 calories, il faut alors marcher presque 5 kilomètres.

L'activité physique reste toutefois particulièrement bénéfique pour la santé. Mais il ne faut pas aller au-delà de ses capacités. Par exemple, si une personne en surcharge pondérale qui n'a jamais fait de sport décide tout à coup de courir 15 kilomètres trois fois par semaine, elle prend des risques pour sa santé. Ces risques s'ajoutent à ceux de sa surcharge pondérale initiale. Il faut donc savoir adapter ses exercices physiques à ses propres capacités et ne pas chercher tout à coup à passer de rien du tout à une forte activité physique dans l'unique but de perdre du poids, d'autant plus que cela n'est pas très efficace.

Dès lors, quel est le bon équilibre à trouver en vue d'une perte de poids, entre sport et effort nutritionnel ?

L'effort nutritionnel est essentiel, indispensable et incontournable. Sans restriction diététique, il est totalement impossible de maigrir. Parallèlement, le sport sera bénéfique pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il va faire fabriquer du muscle, ce qui ne se verra pas sur la balance mais sur la silhouette. Or, quand on veut maigrir, c'est aussi souvent pour le côté esthétique de la chose.

Le sport aura aussi des vertus échappatoires. Celui qui veut maigrir pensera moins à manger en faisant du sport. De plus, quand on fait du sport et que l'on se prend au jeu, on veut améliorer ses performances et pour améliorer ses performances, il faut souvent perdre un peu de poids, ce qui devient une source de motivation.

Enfin, l'augmentation de l'activité physique diminue les risques cardio-vasculaires liés à la surcharge pondérale sans forcément agir sur la perte de poids. C’est-à-dire qu'une personne obèse qui a une activité physique soutenue, même sans perdre de poids, va réduire ses facteurs de risques cardio-vasculaires. Via la pratique sportive, un individu obèse verra ses risques diminuer pour arriver au même niveau qu'un individu en normalité pondérale qui n'a aucune activité physique.  

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