Pour les chefs d’entreprise, les perspectives économiques et sanitaires ont complètement plombé les partis de gauche, mais aussi les populistes<!-- --> | Atlantico.fr
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Anne Hidalgo, la Maire de Paris et candidate du Parti socialiste à l'élection présidentielle d'avril 2022, prononce un discours lors du Congrès des maires, à Paris, le 18 novembre 2021
Anne Hidalgo, la Maire de Paris et candidate du Parti socialiste à l'élection présidentielle d'avril 2022, prononce un discours lors du Congrès des maires, à Paris, le 18 novembre 2021
©LUDOVIC MARIN / AFP

Atlantico Business

Alors que l‘approche de l’élection présidentielle cristallise le débat sur les questions migratoires et sécuritaires, le monde des affaires constate avec inquiétude qu‘au niveau des réformes structurelles, il y a peu de propositions alternatives à la politique Macron...

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La majorité des chefs d’entreprises, des managers et plus largement tous les CSP+ (toutes les catégories moyennes et supérieures) estiment qu’il n’y a pas d’alternatives sérieuses et crédibles à Emmanuel Macron.

Ce n’est pas que le personnage les emballe. Il y a beaucoup d’« anti-macronisme » dans les enceintes patronales et on considère aussi que, dans l’offre politique de la droite historique, il y a des éléments de réformes très macro-compatibles. 

Le problème n’est pas là. Le problème est qu‘il n’existe pas de confrontation responsable entre une droite et une gauche qui seraient très fortement identifiées par des marqueurs et incarnées par des leaders légitimes.

Plus grave, l’opposition au macronisme qui pourrait s’exprimer dans les urnes est écrasée du moins dans les sondages et les intentions de vote.

Mises à part les différentes chapelles écologistes qui sont tiraillées entre les positions radicales à l’économie de marché et la tentation du compromis de Yannick Jadot qui rêve d’une gouvernance, il n'y a rien d’opérationnel.

Le parti socialiste avec Anne Hidalgo n’existe plus. Le parti communiste reste dans un couloir de nage très étroit. Le courant identitaire et nationale portée par Arnaud Montebourg reste marginal mais l’homme n’imprime pas dans l’opinion.

Par contre, il reste les mouvements extrémistes qui flirtent avec les tentations populistes. L’extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon, les Insoumis, et la droite extrême qu’on retrouve en partie chez Marine Le Pen et en partie chez Éric Zemmour. Mais on ne sent pas, dans l’offre populiste, un souffle qui pourraient comme aux États-Unis avec Trump ou en Grande Bretagne avec Boris Johnson, embarquer une majorité dans une ambition de gouvernance. Cette ambition n'aura sans doute jamais d’assise électorale.

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C’est ce vide politique qui inquiète tous ceux qui sont attachés à la démocratie. On n’a pas, comme aux USA, comme en Grande Bretagne, des leaders populistes et des partis politiques capables de prendre des responsabilités. La situation est d’ailleurs aussi perturbée en Italie et en Espagne.

Bref, ce qui est dangereux dans la situation française, c’est que les mouvements populistes ou écologistes radicaux n‘ont pas d’autres moyens de s’exprimer que dans la rue. On le voit avec les zadistes qui vont d’un centre-ville à un autre en déplaçant maximum un millier de militants pas plus, qui forment une petite armée de l‘ombre. On l’a vu vécu, avec le mouvement des Gilets jaunes, qui a perturbé la vie quotidienne des centres-villes pendant presque deux ans, en mettant en exergue certainement de vrais problèmes mais sans avoir les moyens de les résoudre.

Le plus grave et le plus inquiétant, c’est que cette opposition ne s’est pas écrasée pour des raisons de déficit d’idéologie, elle s’est écrasée pour des raisons de déficit d’expertise.

Cette opposition frontale à Macron et qui regroupe cet ensemble hétéroclite qui va au-delà France Insoumise, à extrême droite, c’est à dire un bout de Marine Le Pen et un autre bout de Zemmour, qui a beaucoup critiqué la gestion Macron soit sanitaire, soit économique de la crise, qui a reproché au gouvernement de mentir en pemanence. Cette opposition-là a, elle, même beaucoup menti pour conforter ses critiques et s’est trompé de diagniostic sur le sanitaire comme sur l’économie.

Sur la politique sanitaire, le bilan de la gestion Macron ne sera certes pas sans défaut, mais sera-t-il beaucoup plus mauvais que celui des autres pays européens ? Pas sûr. L’opinion reconnaît aujourd’hui que le gouvernement a navigué à vue avec ce qu‘il avait en moyens préventifs et en moyens mobilisables et qu'au bout de deux ans de pandémie, il faut reconnaître que les membres du gouvernement ne savaient pas grand-chose sur l’évolution de la Covid. Il était aux manettes et il fallait gérer et réagir. Ce qu’il a appris à faire. Mais si on regarde la situation dans tous les autres pays, on peut se consoler.

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D’autant que personne dans cette opposition extrémiste et populiste n’avait de solutions miracles.

Sur la politique économique, l’opposition extrémiste et populiste s’est particulièrement manifestée par des prédictions catastrophiques, dès le début de la pandémie. Dès les premiers jours, la critique des confinements s’appuyait sur l’annonce d’une vague de faillites et d’un tsunami social. Cette condamnation allait jusque à considérer que le gouvernement et sa politique du quoi qu’il en coute n’en faisait pas assez. Et quelques mois plus tard, les mêmes reprochaient au gouvernement d’en avoir trop fait ; condamnant sévèrement la politique de l'endettement public.

Tout cela trahit une méconnaissance relative des mécanismes économiques. Cette opposition s’est beaucoup trompée puisque le pays n’a pas été emporté par ces vagues de faillites et de chômeurs qu’on nous annonçait.

Mieux, la mécanique de reprise a repris ses droits très vilement avec des indicateurs qui sont encore aujourd’hui au vert. La croissance, l’investissement, l’emploi, les déficits publics en baisse. Alors la situation n’est pas florissante, mais elle n’est pas catastrophique. Cette réalité-là disqualifie tous les opposants et les critiques qui se sont déversés pendant toute la période.

L’opinion publique sait que les diagnostics établis par les oppositions populistes se sont révélés faux, et leurs prescriptions irresponsables.

La meilleure preuve, d’ailleurs, est que l’opinion publique a supporté les restrictions liées aux politiques sanitaires, y compris dans la nécessité de vacciner massivement. Ce qui n’était pas évident.

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Beaucoup de dirigeants politiques de l’opposition se sont donc complètement décrédibilisés. Et actuellement, ils continuent de se tromper dans la construction de leurs programmes politiques pour les présidentielles. L’opinion le sent et les sanctionnent sévèrement dans les sondages.

Tout se passe comme si les responsables n’avaient pas compris les changements opérés et continuaient de réfléchir avec des logiciels de l’ancien temps.

1) Sur le pouvoir d’achat, si on prend les chiffres, il n'y a pas débat. Le pouvoir d’achat ne s’est pas écroulé, ni avant, ni pendant, ni après la pandémie. On assiste à des augmentations de prix douloureuses pour certaines catégories sociales sur l’essence et le gaz, certains produits alimentaires etc… mais il n’y a pas de risque d’inflation généralisée. En revanche, il y a un problème avec le pouvoir de dépenser, parce qu‘avec la modernité, le digital, une partie des dépenses de consommation sont des dépenses contraintes, donc des frais fixes. Jamais un homme politique n‘a osé parler de cette évolution, il préfère nous annoncer la catastrophe inflationniste; ce qui est hors sujet. L’opinion publique le sait.

2) Sur l’emploi, les quirielles de responsables continuent de crier contre le chômage de masse, l’afflux des contrats courts alors que le marché de l'emploi a été rarement aussi dynamique. Avec même des problèmes de pénurie.

La difficulté, c’est un socle de chômeurs qui n’ont ni formation, ni job, ni même d’éducation. Plus d’un million condamnés au RSA. La situation interpelle le gouvernement certes, mais met évidemment en cause l’Education nationale, son fonctionnement, sa compétence depuis plus de 20 ans.

3) Sur l’entreprise, le protectionnisme, les délocalisations, l’opinion publique a bien compris que le programme d’une opposition politique qui ne jure que par le « made in France » ne résoudra pas le problème de la sous-industrialisation. La réindustrialisation nécessaire ne sera possible que si on fait un effort de productivité considérable (donc si on travaille plus longtemps) et si le consommateur accepte de payer plus cher son produit made in France que son concurrent chinois. Les agriculteurs ont bien compris cela parce qu’ils sont malins. Si on veut rapatrier de la valeur, il faut la vendre plus cher et si on veut la vendre plus cher, et bien il faut faire du bio. 

Sur la plupart des axes de la politique économiques et sociale, les mouvements populistes n’ont pas voulu comprendre (pour des raisons purement politiques ou idéologiques) ni même les leaders de la gauche qui préféraient se réfugier dans la posture que de reconnaître qu’il fallait adapter le discours à l’évolution de la situation.

Si rien ne bouge, d’ici à la présidentielle, Emmanuel Macron va se retrouver réélu pour un deuxième mandat, par 25% maximum du corps électoral, qui l’auront choisi au premier tour. Donc avec cette assise-là, il lui faudrait une majorité parlementaire solide et renforcée par une opposition cohérente et forte.

Il risque fort de n’avoir ni majorité solide, ni opposition forte. C’est la pire des situations. Sa majorité sera fragile parce que composée par des anciens de la gauche et des députes qui auront quitté le bateau des LR. Quant à l’opposition, elle aura tendance à camper sur ses présupposés politiques qui lui fabriquent des diagnostics faux et des prescriptions erronées. Cette opposition n’aura pas d’autres moyens d’exister que d’essayer de ne pas se laisser dépasser par la rue.

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