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Industrie : ma petite entreprise 
ne connaît que trop la crise !
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SOS made in France

Philippe David revient sur deux récents articles publiés dans Atlantico sur le "made in France". Un modèle : l'exemple allemand. Un objectif : mettre enfin en œuvre les réformes nécessaires pour favoriser les PME françaises.

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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Deux articles publié récemment sur Atlantico (l'un de Valérie Langlois et Xavier Charpentier, l'autre de Robin Rivaton) se demandaient où était passé le "made in France". Excellente question ! Mais que faire pour restaurer la compétitivité de l'industrie et des PME françaises? Le « made in France » est malheureusement devenu une espèce en voie de disparition, tué par le « made in Germany » dans le haut de gamme, et par le « made in China » pour tout le reste. Mais comment en sommes nous arrivés là ?

Tout simplement en faisant tout le contraire de l'Allemagne qui bat d'années en années des records d'excédents commerciaux, tandis que nous battons d'années en années des records de déficits commerciaux.

L'exemple allemand

Les raisons sont multiples. Tout d'abord l'Allemagne exporte massivement par les biais de ses PME, qui croissent beaucoup plus vite que les TPE françaises. Ces dernières restent alors de petites entreprises pendant que les allemandes deviennent de moyennes entreprises. La cause est bien connue : quand en Allemagne on considère les PME comme étant le moteur de la croissance, on les considère en France comme des citrons à presser. La preuve ? Quand certaines entreprises du CAC40 payent 0 euro d'impôt sur les sociétés, nombre de nos TPE en payent 33%, et de fait ne peuvent ni embaucher ni se développer.

A titre indicatif l'IS plafonne en Allemagne à 25%, c'est à dire nettement moins qu'en France. Ainsi, les PME allemandes représentent 40% des 950 milliards d'euro des exportations de l'Allemagne, quand les PME françaises ne représentent que 20% des 392 milliards d'euro des exportations françaises. Il suffit de prendre une calculatrice pour voir que les PME allemandes exportent autant à elles seules que l'ensemble des entreprises françaises. Ce qui en dit long sur la compétitivité et les performances de notre économie dans l'économie mondialisée.

Ensuite, les grandes entreprises allemandes ont pour nombre d'entre elles un « noyau dur » familial dans leur actionnariat, contrairement à nos entreprises du CAC 40 qui appartiennent pour plus de 40% à des actionnaires étrangers. Nos grosses entreprises sont généralement dirigées par des « managers » issus de grandes écoles, et qui considèrent dans leur immense majorité que produire en France est ringard. Ces derniers se moquent d'ailleurs comme de leur première chemise de virer 3 000 ouvriers en France pour aller fabriquer en Pologne, en Chine ou au Guatemala.

L'industrie automobile : emblème de la "mort lente" française

Le cas de notre industrie automobile est emblématique de cet état de fait. En 2002, les usines françaises battaient leur record de production avec près de 3 300 000 véhicules particuliers. En 2010, les usines françaises d'automobiles ont sorti de leurs chaines 1 922 000 véhicules. Dans le même temps, les usines allemandes avaient produit 5 120 000 véhicules en 2002, elles en ont produit 5 550 000 en 2010. Les chiffres parlent d'eux-mêmes, pas besoin d'en rajouter.

Il faut dire que pendant ces années, Carlos Ghosn a transféré la production de la Twingo de Flins à Novo Mesto en Slovénie, celle de la Clio a été délocalisée à Bursa en Turquie pour la majorité de la production, tandis que la chaine Mégane a quitté Douai pour aller à Palencia en Espagne. Les nouveaux modèles ont tous été directement localisés à l'étranger : Espagne pour la Modus, Turquie pour la Fluence, Corée du Sud pour Koleos et Latitude. Aujourd'hui Renault, dont l’État est actionnaire à hauteur de 15%, ne produit que 19,8% de ses voitures en France quand PSA en produit 37% dans l'hexagone. On est loin des pourcentages des fabricants allemands, qui ont eu dans le même temps la chance d'avoir un fantastique coup de pouce à leur industrie avec l'instauration de la TVA sociale au 1er janvier 2007. 2007, année où sur un coup de menton de Laurent Fabius lors d'un débat télévisé entre les deux tours des législatives, Jean-Louis Borloo, alors Sarkozyste, a capitulé comme ses compagnons d'alors sur ce sujet. Depuis, le déclin industriel de la France n'a fait qu'accélérer, et la domination de l'industrie allemande sur l'Europe qu'accroitre. Merci à nos politiques pour leur démagogie côté PS, et pour leur absence de courage côté UMP.

Le contexte fiscal et social, aussi responsable !

Le « made in France » est malheureusement mourant, tué depuis des années par les charges trop élevées sur nos entreprises, par le 35 heures, par les grèves a répétition (le cas des ports français est dans ce domaine emblématique), par un euro trop fort que nos entreprises, contrairement aux entreprises allemandes, ne pouvaient pas supporter. Sans oublier que la qualité de nos produits laisse à désirer par rapport à leur prix.

Réindustraliser la France est donc un vœu pieux, dès lors qu'on n'aura pas engager toutes les réformes qui s'imposent, à commencer par la TVA sociale. Ceci est urgent, car c'est une question de survie.

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