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Plus d’un Français sur 2 ne travaille pas pour sa rémunération : non, l’argent ne mène pas le monde de l’entreprise (en tous cas, pas à lui seul)
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Atlantico Business

La dernière enquête Workforce réalisée auprès de 10 000 actifs montre que la rémunération reste le facteur numéro un pour motiver 47 % des salariés... Ce qui signifie aussi que plus de la moitie sont préoccupés par autre chose.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

Voir la bio »

La dernière enquête Workforce VIe in Europe 2018, réalisée par ADP (Automatic Data Procession) montre que la rémunération reste le facteur numéro un pour motiver 47 % les salariés.

ADP est le leader mondial des solutions de ressources humaines. Il s’est plongé au cœur des processus de motivation des personnels de l’entreprise pour savoir quels étaient, au sortir de la crise, les ressorts profonds et cela sur la France où la pression combinée au chômage de masse, celle du pouvoir d’achat et de la fonction publique avec ses caractéristiques impactent fortement le climat social dans l’entreprise.

Il ressort de cette étude qui portait sur plus de 10 000 salariés actifs représentatifs de la population deux phénomènes principaux.

Premier phénomène, le salaire est effectivement considéré comme le levier n°1 de motivation pour 47% des salariés. Ces chiffres sont plus importants chez les hommes (56%) que chez les femmes (44%). Ces proportions sont stables depuis 2016, la sortie de crise, et il paraît très légitime. Le salaire est un facteur émotionnel du bien être et motive donc les collaborateurs pour s’engager dans leur travail. Les proportions sont très différentes selon les pays européens :

-En Suisse, le pays où les rémunérations sont les plus fortes d’Europe, il n’y a que 35% des salariés hommes qui placent le salaire en haut de l’échelle des rémunérations. Normal, ça doit être les 35 % de salariés suisses parmi les moins bien payés. Les autres sont « gâtés ».

Aux Pays-Bas, 40% sont accrocs au salaire.

En Italie, 43%

En Grande Bretagne, 48%

En France, 50% des hommes

En Espagne 52%

En Pologne, près de 60% privilégient le salaire. A mettre en relation avec un niveau des salaires globalement le plus bas.

Deuxième phénomène, plus de la moitié des salariés estiment eux que le salaire n’est pas la raison première pour laquelle on travaille. Alors dans ce groupe, il y a évidemment des salariés qui sont satisfaits de ce qu’ils gagnent, c’est le cas des Suisses par exemple, mais pas seulement.

Pour plus du cinquième des salariés (22%), l’essentiel de leur raison de travailler se situe dans l’équilibre entre le travail et le la vie privée. En fait, plus de la moitié des salariés veulent absolument vivre dans un cadre épanouissant, avec une entreprise qui donne un sens à ce qu’ils font. Alors ils n’émettent pas ce choix pour des raisons morales ou éthiques, ils font ce choix parce qu‘il leur apporte les conditions optimales pour réaliser leur vie et leur épanouissement personnel. Les suisses privilégient absolument ce critère alors que les polonais ne sont pas forcements concernés. Normal encore si la préoccupation des polonais est d’abord de gagner plus pour atteindre un niveau de vie plus dur à obtenir.

Les Allemands, les Anglais, les Italiens sont assez peu préoccupés par ces raisons d’être. En revanche, les Français sont presque aussi nombreux que les Suisses à revendiquer un art de vivre au travail au delà du salaire.

Ce seul résultat explique et justifie l'effort consenti en France pour que l’entreprise modifie sa raison d’être en introduisant des objectifs sociaux ou environnementaux. Bref, tout ce qui rentre dans la RSE. Cette demande est particulièrement forte parmi les jeunes générations et notamment les millenials. Ils veulent gagner de l’argent certes. Mais ils sont prêts à gagner moins dans une entreprise où ils savent que le climat social sera meilleur et bienveillant. Si l'entreprise cherche à fidéliser ses collaborateurs, c’est évidemment du côté du salaire qu’il faut regarder, mais pas en priorité. Les salariés ont besoin d’autres choses ; un cadre, un décor, un environnement, une organisation, des horaires souples si l'activité le permet, de la transparence et peut être tout simplement de la reconnaissance.

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