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Plaidoyer pour une France "fière, forte, renouant avec la grandeur, épousant la réussite individuelle et collective et reprenant le chemin de l’égalité des chances"
©JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

Bonnes feuilles

Guillaume Peltier publie "Milieu de cordée" aux éditions Plon. Dans ce premier livre et face au capitalisme financier d'Emmanuel Macron, il appelle la droite à bâtir le parti des "milieux de cordée" et aspire ainsi à réconcilier "les républicains des deux rives". Extrait 2/2.

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier est député de Loir-et-Cher et vice-président délégué des Républicains. Il a été professeur d'histoire-géographie, chef d'entreprise et porte-parole de Nicolas Sarkozy.

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Quand le 15 avril 2019, en début de soirée, nous avons découvert les flammes embrasant Notre-Dame de Paris, chaque cœur de France a pleuré. Le deuil, la colère, les esprits abattus, la flèche qui s’effondre et la cendre qui nous recouvre. L’inconsolable sidération d’un traumatisme national devenu mondial. Pourquoi ? Parce que, soudain, nous avions peur de perdre, en quelques heures, ce que nos prédécesseurs avaient bâti en près de mille ans. Et soudain ? Soudain, des pompiers qui, valeureux, s’avancent et parviennent à circonscrire le feu redoutable, les tours en beffroi qui restent debout, la tunique de Saint Louis et la couronne d’épines sauvées, un peuple en silence et en prière qui enveloppe Notre-Dame de Paris, devenue Notre-Dame de la nation, Notre-Dame de France. Voilà le miracle français : c’est quand tout semble perdu que tout renaît. Divisés, abattus, cédant aux oiseaux de mauvais augure, aux esprits étriqués du spiritualisme, du défaitisme, du complotisme comme du matérialisme, nous pouvons tout perdre. Mais, unis, nous sommes capables de renaître. De transmettre. D’assumer tout à la fois d’être des héritiers et des bâtisseurs. 

À travers l’épreuve de Notre-Dame, c’est notre Histoire et notre vocation qui sont convoquées par les dieux. N’aimer que le passé ? Ne rêver qu’à l’avenir ? Ni l’un ni l’autre. Notre génération doit écrire l’histoire de France et emmener, loin, haut et fort, les Français. 

Et dans vingt ans ? Dans vingt ans, que laisserons-nous à nos enfants ? 

Une France dépendante, aliénée, divisée, fragmentée dans laquelle les Français seront devenus de simples consommateurs du quotidien, sans repères du passé, sans volonté d’unité, sans rêve d’universel, enfermés dans le conformisme de la pensée, dans le capitalisme débridé, dans l’islamisme conquérant, dans la religion de l’immédiateté, dans la métropolisation asphyxiante, dans le relativisme absolu, dans le primat de l’économisme, dans le productivisme effréné de quelques multinationales, dans la privation des libertés individuelles par des Gafam américains et des BATX chinois ? Un peuple à genoux dans un pays à genoux ? 

Ou – et tel est le grand défi que nous lançons – une France debout, fière, forte, renouant avec la grandeur, épousant la réussite individuelle et collective, reprenant le chemin de l’égalité des chances, de l’ascenseur social, de la fierté nationale et de sa vocation universelle ? Comme le rappelle Natacha Polony dans son livre Changer la vie, l’Empire romain s’est-il effondré des invasions à ses frontières ou, bel et bien, de sa propre abdication morale ? 

Notre société des droits et des devoirs, de l’ordre juste, vaut mieux que les sociétés d’oppression religieuse, que les sociétés dépendantes de la mondialisation et du nomadisme. 

Oui, il est bon parfois d’éteindre les écrans qui nous gouvernent pour ouvrir des livres, contempler notre patrimoine, revisiter notre histoire et partir découvrir le monde. 

Nous sommes des citoyens et des penseurs libres avant d’être des consommateurs, nous refusons la dépossession de nous-mêmes par l’absolutisme du consumérisme : nous n’acceptons pas de voir nos ressources naturelles pillées sans cesse, des algorithmes nous aliéner, des rentiers nous gouverner. Être français a du sens : nous rejetons le narcissisme de l’Homo oeconomicus, nous sommes un grand peuple ; l’ordre, la justice, l’unité ne sont pas des valeurs galvaudées ou appartenant au passé. 

La France n’est pas mortelle si nous restons vigilants et attentifs, car nous sommes une civilisation universelle, nous devons la protéger comme la prunelle de nos yeux, notre passé prestigieux nous engage à construire un avenir commun : la seule contemplation étriquée du passé n’a aucun sens, la seule soumission naïve à la religion du progrès n’en a pas plus, tant la France, c’est tout à la fois des racines et des ailes.

Nous sommes le peuple de l’émancipation, du panache, du libre arbitre, de la grandeur et de l’amour des nations libres, du mérite patiemment récompensé, du doute assumé, puisque douter rend toujours plus fort, de la responsabilité individuelle, de l’esprit de combat collectif qui transcende les égoïsmes, de l’humanisme qui éprouve l’inaliénable dignité de l’homme, de l’admiration pour nos héros. 

Nous devons être fiers d’avoir la gorge nouée, le cœur serré, les yeux éplorés, l’âme en frisson quand nous entendons les derniers vers de Cyrano, le récit du martyre de Maximilien Kolbe, un poème de Baudelaire, les larmes mourantes de Louis XIV, l’audace de Napoléon, la solitude rédemptrice du général de Gaulle, le courage pur du colonel Beltrame. Leur grandeur vaut mieux que nos petitesses. 

Nous devons nous unir dans l’exigence du bien commun, qui dépasse nos intérêts privés et particuliers. Nous pouvons fédérer tous ceux qui croient encore à notre modèle national et républicain. 

Je veux vous dire qu’il nous faut un véritable printemps civique et politique. J’en appelle à une « révolution tranquille », comme François Mitterrand parla de sa « force tranquille ». 

Nous ne sommes pas condamnés au duel mortifère entre le « bloc élitaire » du vieux système politique et le « bloc populiste » des extrêmes. 

Il existe une autre voie, un premier choix, celui d’un rassemblement populaire de tous les républicains. Le progrès n’est pas nécessairement réservé aux élites et nous pouvons le rendre populaire. 

Les victoires du capitalisme financier, de l’islam politique, du dérèglement climatique et du centralisme jacobin ne sont pas inéluctables. La récompense du travail, l’affirmation de la laïcité et la puissance de nos provinces sont les solutions de demain. 

Je veux vous dire que la France est une grande nation, et les Français un grand peuple, que nous sommes les maillons d’une chaîne qui nous oblige : nous sommes des héritiers d’un patrimoine culturel édifiant, mais aussi et surtout des bâtisseurs de civilisation et d’universel. Nous pouvons faire de notre siècle un grand siècle en assumant nos rêves individuels comme collectifs pour créer non pas un « nouveau monde » comme si la nouveauté était gage exclusif de progrès, mais véritablement un monde meilleur. 

« Nous avons pour nous, pour nos rêves, pour nos ambitions, pour nos espérances toute l’étendue de l’horizon et toute la hauteur du ciel ». 

Je veux vous dire, comme nous l’ont enseigné Euripide, Aristote, Thucydide, Solon et Jacqueline de Romilly, que la juste mesure, le bel équilibre, la ligne de crête étroite constituent toujours un plus grand bien que les excès, que les idéologies, que les chemins faciles. « Ne t’irrite pas trop, chemine comme moi au milieu de la route », chantait Théognis.

Extrait du livre de Guillaume Peltier, "Milieu de cordée", publié chez Plon

Lien vers la boutique : ICI

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