Pendant que les écologistes français s’inquiètent de jets privés ou de panneaux publicitaires lumineux, l’Allemagne ferme ses dernières centrales nucléaires. Mais quel est le pire pour la planète ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Une centrale nucléaire
Une centrale nucléaire
©PATRICK HERTZOG / AFP

Réchauffement climatique

Nombre d’écologistes semblent avoir TOTALEMENT perdu la notion des ordres de grandeur…

François Momboisse

François Momboisse

François Momboisse intervient régulièrement sur des sujets énergétiques et s’exprime ici à titre personnel. Cliquez ici pour retrouver son compte Twitter.

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Jean-Paul Oury

Docteur en histoire des sciences et technologies, Jean-Paul Oury est consultant et éditeur en chef du site Europeanscientist. com. Il est l'auteur de Greta a ressuscité Einstein (VA Editions, 2022), La querelle des OGM (PUF, 2006), Manifester des Alter-Libéraux (Michalon, 2007), OGM Moi non plus, (Business Editions, 2009) et Greta a tué Einstein: La science sacrifiée sur l’autel de l'écologisme (VA Editions, 2020).

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Atlantico : Le ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck, estime que la sortie du nucléaire est irréversible et garantit un approvisionnement énergétique sûr. Pourtant, un récent sondage montre qu’en Allemagne, 52 % des personnes interrogées pensent qu'il est mal de fermer les derniers réacteurs nucléaires. Comment expliquer un tel décalage entre les réalités énergétiques et les idéologies de certains groupes écologistes ? Pourquoi cet entêtement à fermer des centrales nucléaires ? 

François Momboisse : Cette journée est triste pour la climat puisque l’Allemagne a confirmé sa décision d’arrêter ses trois derniers réacteurs nucléaires. Et en parallèle, il y a quelques mois, elle avait ré-autorisé le démarrage des centrales à charbon. Cette préférence allemande pour le charbon (et le gaz) par rapport au nucléaire est une catastrophe pour le climat. Et pourtant, comme vous le soulignez, l’opinion publique en Allemagne est hostile à cet arrêt du nucléaire. Et médiatiquement, on en parle très peu. 

En fait, l’obstination dogmatique des dirigeants Verts allemands (Robert Habeck est l’ancien chef du parti) contre le nucléaire est historique, depuis le fondement du mouvement écologiste. Elle est à mon avis en partie liée au traumatisme de la guerre qui a entraîné un profond pacifisme, et l’hostilité résolue à la bombe atomique, et à l’amalgame entre nucléaire civil et militaire. Elle trouve aussi sa source chez Greenpeace, qui s’est créé aux États Unis en opposition aux premiers essais nucléaires américains, et milite partout dans le monde contre l'atome. Greenpeace est très implanté outre-Rhin et en Europe de l'ouest, et très influent dans la mouvance écologiste. Sa capacité et son expérience pour mener des actions coup de poing visibles et médiatiques sont très fortes.

L’influence de Greenpeace s’étend également dans des organes de décision. Ainsi, il y a un an, l’Allemagne a embauché Jennifer Morgan, ancienne patronne de Greenpeace International , au sein de son gouvernement avec le titre d’Ambassadrice du climat. Et le directeur de cabinet de Frans Timmermans, numéro deux de la Commission Européenne, est aussi un ancien de Greenpeace. Le groupe a donc une énorme influence sur la politique européenne, et entretient une hostilité profonde et viscérale au nucléaire en Europe, jusqu’au sein des organes de décision de l’UE, quelles que soient les évidences scientifiques. Dans cette histoire, nous sommes au-delà de la raison et, au sens propre, nous avons affaire à un véritable entêtement dogmatique.  

Jean-Paul Oury : Tout d’abord quelques données en guise de rappel pour ce qui concerne la production d’électricité en Allemagne puisque c’est le sujet dont il s’agit. Comme le rappelle l’expert énergéticien Benoit Humbert, dans un article de référence qui compare les politiques énergétiques de la France et de l’Allemagne, avec la guerre en Ukraine et le prix du gaz : « les centrales à charbon et à lignite ont plus tourné (+10%) pour compenser les 3 centrales nucléaires fermées en 2021.Vis-à-vis du réchauffement climatique, 279 millions de tonnes de CO2 ont été émises soit 15 millions de tonnes de plus qu’en 2021. L’intensité carbone annuelle est à 508 gCO2/kWh » ( à titre de comparaison la France c’est 35 millions de tonnes de CO2  émises soit 5 millions de plus qu’en 2021. L’intensité carbone annuelle est à 83 gCO2/kWh). Le même auteur rappelle que dans les années 70, l’Allemagne avait fait le choix du nucléaire et jusqu’au milieu des années 80, aussi « l’arrivée des Grünen au pouvoir en 1998 a très vite mis un point d’arrêt au nucléaire et a converti l’industriel Siemens vers les turbines à gaz et les éoliennes. Et afin de se passer de charbon et de gaz, l’Allemagne rêve d’hydrogène vert. »

Certains énergéticiens tels que Samuel Furfari,Jean-Pierre Riou, Bernard Durand, André Pellen pour n’en citer que quelques-uns dénoncent depuis plusieurs années la supercherie de l’Energiewende, la fameuse transition énergétique allemande, hélas leurs explications  sont rarement écoutées par les grands médias. Ce désastre est pourtant reconnu au niveau international et pas seulement en Europe. J’ai pu interviewer Steven E Koonin récemment lors de sa visite en Europe. L’ancien secrétaire à l’énergie de Barack Obama ne ménage pas ses mots. Quand je lui ai demandé « s’il avait un conseil à donner aux décideurs politiques européens ? »Il a répondu  « Je pense que le conseil est de ne pas prendre conseil auprès de l’Allemagne. Regardez ce qu’elle s’est infligée à elle-même. En Allemagne on a une trop grande dépendance à l’égard de l’énergie éolienne et solaire, instable ou peu fiable…. mon Dieu, un refus de construire des terminaux d’importation de GNL et une dépendance manifeste à l’égard d’un fournisseur peu fiable par le biais du gazoduc Nordstream. De nombreuses personnes savaient qu’ils auraient des problèmes et le leur ont dit… même dix ans auparavant. Les scientifiques et les techniciens le savaient déjà depuis longtemps. Je dirais donc « merci » aux Allemands et ensuite je songerais à faire quelque chose de sensé. »

Mais loin de se remettre en question les Allemands avec leur ministre de l’économie non seulement s’entêtent à vouloir développer leur modèle, mais en plus rêvent de l’imposer à l’Europe, voire, pourquoi pas au monde entier. Les Grünen ont parfaitement réussi leur coup. Ayant jadis étudié en Allemagne il m’arrive souvent de parler avec des amis allemands de longue date. Quand j’échange avec eux, je fais toujours mon mea-culpa sur la gestion catastrophique des politiques français en matière économique et vante la bonne et saine gestion du capitalisme rhénan. Mais eux, à part un ou deux, ne font jamais de mea-culpa pour ce qui concerne la gestion catastrophique de l’Energiewende… et pourtant ce sont des individus rationnels. Tout cela pour dire à quel point les verts ont bien fait leur boulot de lavage de cerveau de la population ! 

Toutefois, les choses semblent légèrement évoluer. Le sondage que vous citez annonce que l’opinion est en train de se ressaisir avec 52% d’Allemands en faveur du maintien des derniers réacteurs… Il est important de souligner que cette opinion trouve sa représentation parmi les élus puisqu’au sein du FDP, le parti libéral allemand, Oliver Luksic, membre du Bundestag défend le nucléaire. Sur son compte Instagram, il affirme dans un poste : « Les expériences de l'hiver dernier le montrent : Un approvisionnement énergétique stable ne vient pas tout seul. Je partage la conviction que les trois centrales nucléaires allemandes restantes devraient être maintenues au moins comme option de repli. La possibilité de les remettre en service contribuerait à la stabilité des prix et à la sécurité de l’approvisionnement. Il est regrettable que les Verts maintiennent leur aversion pour l'énergie nucléaire et bloquent ainsi une source d'énergie sûre et durable. » On peut donc garder l’espoir que l’opinion allemande  changera. N’oublions pas qu’un tel revirement  a eu lieu en France également, pour cela il suffit d’expliquer et d’avoir une politique énergétique claire. 

En France, les écologistes s’inquiètent des jets privés ou des panneaux publicitaires lumineux. Dans quelle mesure s’agit-il de mesures dérisoires par rapport à la fermeture d’une centrale nucléaire ?

François Momboisse : Les experts qui travaillent autour de l’énergie ont calculé que l’impact de la fermeture d’une centrale nucléaire et du nécessaire remplacement de l’électricité qu’elle fournissait par d’autres sources génère de l’ordre de 5 millions de tonnes de CO2 par an. En ce qui concerne le nucléaire, les seules émissions de dioxyde de carbone interviennent lors de la construction des infrastructures. Une fois la centrale construite, elle n’émet (quasiment) plus de CO2. Mais une fois fermée, cette centrale sera remplacée par des sources bien plus polluantes, le mix allemand sur les 12 derniers mois étant composé de charbon à 25% et de gaz à 10% (et de nucléaire pour un peu moins de 5%). Sur ces mêmes 12 derniers mois, l’Allemagne a émis  environ 400g de CO2 par KWh pour produire son électricité, contre moins de 100g pour la France.

À côté de ces 5 millions de tonnes par centrale, les jets privés représentent environ 4% du trafic aérien soit environ 80,000 tonnes de CO2 par an. Une goutte d’eau dans l’océan. 

Jean-Paul Oury : Comme je le montre dans mes deux ouvrages (Greta a tué Einstein et Greta ressuscité Einstein) pour prendre le pouvoir l’écologisme (défini comme idéologie) après avoir désacralisé la science prométhéenne a récupéré l’acception commune de l’idée de science pour en faire un concept politique. Autrement dit on est passé de la science des ingénieurs à la science des législateurs. On fait désormais de la recherche pour définir les limites que l’humanité ne doit pas dépasser et créer de nouvelles législations, de nouveaux interdits. En matière de politiques publiques, c’est en ce sens que tous les gestes et les attitudes sacrificielles sont valorisées. Et celles-ci doivent être visibles ! Mais on ne questionne jamais l’utilité de ces attitudes et c’est là que l’on voit qu’on est bien dans l’idéologie, comme le rappelle Bjorn Lomborg. Lors « d’Ethical Man », une émission de la BBC, un homme a raconté comment lui et sa famille avaient diminué leurs émissions de CO2. Il a isolé sa maison, vendu sa voiture, réduit sa consommation de viande, et s’est même renseigné sur les enterrements écolos (bien que personne ne soit mort)... au total, il a réussi à réduire ses émissions de 20 % avec un coût élevé sur le plan personnel et financier... mais le plus drôle étant qu’il a fini par annuler tous ses efforts en emmenant toute sa famille en Amérique du Sud, explosant ainsi l’intégralité des économies de CO2 de sa famille. Le calcul coût-bénéfice de ce genre d’action montrerait qu’il y a toujours un effet rebond… à cela s’ajoute le fait que les populations n’accepteront pas volontiers les sacrifices comme se l’imagine volontiers les apprentis dictateurs, néo-scientistes climatocrates, dont certains nous promettent que nous allons devoir réduire nos voyages en avion à 4 par individu pour une vie.  

La récupération politique de la science par l’écologisme s’opère par le biais de cinq sophismes comme je l’ai démontré. La moralisation du débat est le troisième sophisme… c’est le cas par exemple dans le débat sur les énergies où l’on ne parle plus de risque bénéfice mais en terme de bien ou mal. Le nucléaire civil est tombé sous les balles de ce feu nourri…Il faut faire une psychanalyse du nucléaire civil comme le suggère Riou car les militants anti-nucléaire on réussi à diaboliser le nucléaire civil en le faisant se confondre avec le nucléaire militaire. C’est un travail de sape de longue date.

Alors qu'Emmanuel Macron est régulièrement accusé de ne pas s’attaquer au réchauffement climatique, comment expliquer qu’on entende très peu parler de l’arrêt du nucléaire en Allemagne ? Les écologistes ont-ils tous perdu la notion des ordres de grandeur ?

François Momboisse : Selon moi, ce soudain intérêt des écologistes pour les jets privés est une diversion. Je me souviens que lorsque le jour où la France à ouvert une centrale à gaz en Bretagne, à Landivisiau, Greenpeace a organisé une action sur le site de Flamanville pour attirer les caméras à cet endroit. Et ça a marché, on a montré à la télé les activistes de Greenpeace et on n’a pas parlé de Landivisiau. Et d’ailleurs, qui sait en France qu’on a ouvert une centrale à gaz toute neuve, ce qui est un non sens climatique?  Pendant le temps où on s’occupe aussi des jets privés, on ne parle pas du nucléaire, et j’ai vu que ce mouvement anti-jets est européen. Entendons-nous, je ne dis pas qu’il ne faut pas s’intéresser aux émissions des jets et les réguler, je dis que la coïncidence est troublante, et que les ordres de grandeur n’ont rien à voir.

Je pense que dans la pensée écologiste, la lutte contre le nucléaire est un élément historique, simple à comprendre, qui permet de souder le mouvement et de recruter. On joue sur la peur, on prononce les mots de Tchernobyl ou Fukushima (sans dire que le Japon relance le nucléaire) et on n’a pas à argumenter. Le rapport sur la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France a montré qu’empêcher la recherche sur la fermeture du cycle du nucléaire (à travers la fermeture Superphénix puis récemment l’arrêt du programme ASTRID) était un objectif de longue date. Cette recherche visait à éliminer la quasi-totalité des déchets nucléaires, ce qui aurait rendu caduc un des principaux arguments sur le traitement des déchets.

Jean-Paul Oury : Concernant Emmanuel Macron, je pense que son problème est le manque de clarté au niveau de sa politique scientifique. Comme je l’ai rappelé une fois dans Le Point, « le en même temps » est une stratégie bien commode qui lui a permis de vouloir briser le nucléaire au début de son premier mandat et de le défendre à la fin, alors qu’il aurait pu l’utiliser pour dire je défends le nucléaire parce qu’il permet d’apporter une énergie abondante et bon marché pour les Français et en même temps de préserver l’environnement . S’il avait adopté un message clair dès le début de son mandat, cela n’aurait pas généré toutes les confusions dans l’opinion. Aujourd’hui il semble clairement défendre le nucléaire, mais il ne tient pas pour autant fermement tête aux écologistes. N’oublions-pas qu’il est celui qui a répondu au mouvement des gilets jaunes dont l’origine était une révolte contre la taxe carbone trop élevée, par une convention citoyenne pour le Climat. Et à l’issue de cette Convention, il a validé une mesure telle que le permis carbone - tout le contraire de ce que voulaient les gilets jaunes à l’origine ! On marche sur la tête et monsieur Macron aurait donc tout intérêt à préciser le camp dans lequel il se trouve. 

Pour ce qui regarde maintenant les accusations de « ne pas en faire assez par rapport au réchauffement climatique » c’est de nouveau un sophisme typique de la récupération politique de la science par la politique. Récemment j’ai commenté pour Le Figaro un passage de David Lisnard qui s’est fait prendre à parti par la journaliste Salomé Saqué sur le manque d’action par rapport aux enjeux climatiques. Contrairement au discours scientifique qui cherche à définir son objet en le mesurant, le discours politique engagé, lui, affectionne la démesure : les politiques climatiques sont toujours insuffisantes, que l'on n'en fait jamais assez, qu'il faut en faire plus, qu'il faut agir maintenant, mettre toujours plus de moyens… des propos vagues, qui souffrent d'abstraction et d'un manque de fond. Des propos également qui ne sont pas sans rappeler la logique du «risque zéro», c'est-à-dire un concept qui ne relève pas de la science. 

Notons que face à la jeune journaliste déchaînée, Monsieur Lisnard a su conserver son calme et lui a rappelé qu’il était regrettable qu'on ait démantelé la filière nucléaire et qu'on avait perdu dix ans à cause de militants écologistes… Au moins un politique qui a les idées claires en matière de politique scientifique et qui ne fait pas dans les atermoiements du « en-même temps Macronien ». 

Pour revenir à vos questions, si les écologistes ne s’en prennent pas à la politique énergétique allemande c’est, une fois de plus, parce qu’ils ne cherchent pas des solutions techniques, ils s’appuient sur leur idéologie politique pour prendre le pouvoir, c’est tout ce qui les intéresse. C’est la raison pour laquelle non seulement ils ont perdu la notion des ordres de grandeur, mais ils cherchent la démesure pour affoler l’opinion et lui faire perdre tous les repères (autre exemple qu’on pourrait citer la confusion entre climat et météo pour biaiser l’expérience). 

A-t-on d'autres exemples de décisions prises selon des motifs idéologiques sans réflexion sur leur impact écologique réel ?

François Momboisse : Je crois que le cas des OGM est très parlant, l’Europe était le seul continent au monde à interdire toute recherche. Paradoxalement, le prix Nobel de chimie 2020 a été attribué à une française, Emmanuelle Charpentier, pour ses recherches sur la technologie CRISPR, qui permet notamment l’édition et la modification de génome sur les végétaux. L’Europe étant le seul continent au monde à ne pas faire de recherche sur l’édition génomique, Emmanuelle Charpentier est obligée de les faire à l’étranger.

Pourtant, la technologie CRISPR pourrait permettre de rendre les plantes plus résistantes à la sécheresse, aux virus, aux insectes … Cette interdiction est absolument ridicule et, encore une fois, il s’agit de pur dogmatisme. En réalité, de  nombreuses personnes ont peur et associent à tort les OGM avec le cancer. Et pour entretenir cette peur dans la population, les moyens ont été violents comme des saccages de champs avec des OGM par les célèbres « faucheurs volontaires », champs bien souvent plantés par l'Institut national de recherche agronomique (Inra), qui testait plusieurs plantes afin de trouver des solutions pour les générations futures. Concernant ces technologies, je pense et j’espère que la législation européenne  va évoluer car nous serons obligés de trouver des végétaux qui résistent mieux à la sécheresse ou à la chaleur. Mais, comme pour le nucléaire, le moteur des anti-OGM est la peur. Le mot fait peur, empêche le débat, et cristallise toute une lutte idéologique…

Jean-Paul Oury : L’exemple que je connais est celui des OGM bien évidemment. Si vous revenez à l’origine de la querelle des OGM vous pouvez comprendre la manière dont fonctionne toutes les idéologies en général et pourquoi il faut les fuir. La méthode scientifique consiste à partir du réel et à le questionner pour chercher à le comprendre et éventuellement le modifier dans l’objectif d’adapter l’homme à son environnement. L’idéologue lui au contraire par de sa thèse et veut l’imposer à la réalité, quitte à tordre celle-ci et entretenir une forme de lutte des classes homme vs nature. Ainsi les anti-OGM ont revendiqué que la transgénèse (le transfert de gène entre deux plantes qui ne se croisent pas naturellement ) n’était pas naturelle parce que ce n’était pas un mode de reproduction des plantes à l’état sauvage et en conséquence n’était pas bonne. Or cette conception est fausse. Le transfert horizontal de l’information génétique existe bel et bien dans la nature et quand nous faisons des OGM en laboratoire nous ne faisons que copier les processus qui se trouvent dans la nature. En remettant en cause un fait avéré de la science puis en contestant l’application technologique qui en découlait, l’écologisme a réussi à créer un magnifique paralogisme : tous les êtres naturels sont bons, les OGM ne sont pas naturels, les OGM ne sont pas bons. Se faisant, ils ont propagé une contre-vérité dans l’opinion grâce à des méthodes d’agit-prop… Les conséquences sont catastrophiques pour notre recherche, pour notre agriculture, pour les Français et pour l’environnement : avec le recul nous avons désormais suffisamment de preuves pour savoir que ces plantes ne représentent aucun danger. Elles sont cultivées dans plus de 27 pays partout dans le Monde sauf en Europe (à l’exception de l’Espagne et du Portugal). Contrairement à ce qui a été dit, ce sont essentiellement des petits paysans qui profitent de leurs performances et à qui elles garantissent la sécurité alimentaire. Mais surtout pour répondre directement à votre question elles peuvent présenter des traits avantageux pour l’environnement en réduisant par exemple l’empreinte écologique des agriculteurs (qui vont moins dans leurs champs avec leur tracteur) grâce aux plantes qui produisent leur propre insecticide, ou sont moins gourmandes en eau parce que le trait qu’on leur a transféré le permet. C’est le cas pour certaines variétés de maïs qui pourraient être des alternatives aux émeutes de Sainte Soline… mais les idéologues semblent préférer de continuer de se rouler dans la boue et certains politiques les regarder sans vraiment définir une politique scientifique claire !

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