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Javier Pastore, le 15 septembre dernier...
Javier Pastore, le 15 septembre dernier...
©Reuters

Ici c'est Poâris

Après sa victoire contre Lyon dimanche, le Paris Saint-Germain, récemment racheté par le Qatar, a pris la tête de la Ligue 1 de football, après de longues années passées dans le ventre mou du championnat. La fin d'un chemin de croix pour tous ses supporteurs habitués aux moqueries...

Laurence Lasserre

Laurence Lasserre

Laurence Lasserre est spécialiste de la communication publique et des medias.

 
 
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Qui n'est pas supporter du PSG ne peut pas connaître le calvaire des lundis matins au bureau. Chaque début de semaine, il devait trouver la force et l'énergie de s'extraire de son lit en entendant en boucle les résultats de sa honte à la radio. Puis il se rendait au bureau, et dès la machine à café, devait faire face aux sarcasmes incessants et renouvelés de ses collègues, qui rivalisaient d'inventivité pour le mettre plus bas que terre en rebaptisant son club préféré : Participer Sans Gagner, Paris Super Guignol, Passoire Super Géante, et j'en passe des plus désagréables, que l'on trouve sur internet sur des sites uniquement consacrés à la maltraitance des joueurs parisiens et de leurs pauvres fans.

Je le sais, je l'ai vécu personnellement. Le club était une légende inversée, au point que les blagues sur le PSG devenaient aussi célèbres et partagées de rires gras que les blagues sur les blondes. Exemples: 98 % des adultes ne croient plus au Père Noël, les 2% restant sont abonnés au PSG. Quelle est la différence entre le PSG et un taxi ? Le taxi n'en prend pas plus de 4 à la fois. Etc etc.
Tel un paria, les jours de match, le Parisien se drapait dans le silence et, la tête basse, sortait du stade la honte au front, réunissant toute sa force mentale pour affronter d'être livré en pâture aux commentaires post match, rentrant chez lui pour voir à la télé des images de vestiaires mornes et vides et des vitrines cassées par ceux d'entre eux qui estimaient avoir payé trop cher leur abonnement dans un virage.

Restait la Coupe, notre Coupe, le seul trophée gagné avec une certaine régularité, objet d'orgueil et de fierté blessée, qui permettait de garder la tête haute sous la pluie continuelle de quolibets. Le Parisien ne pouvait s'empêcher d'y croire. Comme tout être victime d'oppression, il trouvait la force de résister, et de puiser en lui l'énergie de continuer. Parce qu'il y a le Parc, sorte de chaudron magique dans lequel chaque Parisien était uni aux autres dans la même foi, même s'il a plus souvent crié de colère dans le désespoir et l'amertume. Car le Parc est une légende, et aucun stade ne lui arrive au mollet.


Oui, le PSG, ce n'est pas seulement la tension, les bagarres, les déploiements de CRS, l'ambiance fiévreuse, l'état d’alerte, les associations de supporters dissoutes, les hordes barbares qui mobilisent le ministère de l’Intérieur, le préfet de police et des cohortes de forces de l'ordre, y compris à cheval. C'est aussi la solidarité dans la peine et les jours difficiles, les écharpes, les casquettes, le maillot bleu blanc rouge, les fumigènes, les banderoles, l'entrée des joueurs, le speaker qui égrène leur nom, les chants, les hots dogs et la bière à la mi-temps, et Patrick Bruel régulièrement installé dans le carré avec son plaid sur les genoux. Et maintenant, la gagne, la victoire, la fête. Et le Parisien, qui ne sait plus s'il pleure de joie ou d'émotion après tant d'années passées dans la loose et la vindicte nationale.

Plus de dix ans qu'on attendait ca. Conspué, humilié, moqué, le supporter du PSG tient enfin sa revanche. Après une traversée du désert qui semblait devoir durer éternellement, les aficionados du club parisien hurlent désormais leur joie. Paris est (enfin) magique.

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