Paris est-elle vraiment la capitale de l'arrogance et de l'hostilité comme le pensent le Financial Times (et Victoria Beckham) ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Paris serait-elle une ville trop arrogante pour Victoria Beckham ?
Paris serait-elle une ville trop arrogante pour Victoria Beckham ?
©Reuters

So rude !

Un éditorialiste du Financial Time affirme que Paris est une ville "hostile et prétentieuse". Victoria Beckham, qui avait déjà émis des réticences à l'égard de la Ville-Lumière en novembre dernier, a pour sa part choisi de résider à Londres avec ses enfants pendant le transfert temporaire de son mari au PSG.

Olivier  Magny

Olivier Magny

Olivier Magny est diplômé de l’Essec, ancien sommelier du Crillon, entrepreneur, intervenant à Sciences-Po, à l’INSEAD et auteur du livre "Dessine-moi un Parisien".

Dans cet ouvrage, Olivier Magny propose une plongée dans le monde étrange des parisiens et nous donne enfin de bonnes raisons de les aimer ou de les détester.

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Atlantico : Un éditorialiste du Financial Times qui habite à Paris depuis dix ans, dépeint la ville sous les traits suivants  :"Derrière une apparence hostile et prétentieuse, Paris est, en réalité, hostile et prétentieuse." Selon lui, Paris souffre de sa perfection même, et croire qu'elle aurait le monopole du bon goût aurait transformé les Parisiens en snobs éternels. Selon un sondage du site touristique TripAdvisor auprès de 75.000 internautes et classant les 40 premières destinations touristiques dans le monde, Paris arrive 33e pour la convivialité de ses habitants. Paris est-elle la capitale de l'arrogance et de l'hostilité ?

Olivier Magny : Les Parisiens semblent hostiles et prétentieux, mais ces atours - malheureusement souvent bien réels - ne sont que des symptômes. Comme disait Jacques Brel, "il n'y a pas de gens méchants, ou si peu, il n'y a que des gens paresseux". La froideur de nombreux Parisiens - pas tous fort heureusement, il existe encore à Paris des poches de convivialité - relève de cette paresse sociale, de cette torpeur. La matrice de l'époque veut que tout soit offert au plus offrant. Y compris Paris. Ajoutez à cela une fiscalité insensée sur l'immobilier, et vous obtenez au bout de quelques années une ville désertée par ses habitants historiques qui n'ont plus les moyens d'y loger.

Le centre de Paris est aujourd'hui racheté, appartement par appartement, immeuble par immeuble, par des fonds d'investissements, ou par de riches américains, brésiliens et australiens. Du coup, la sociologie de Paris n'est plus celle de Doisneau ou même des années 1980. Ces Paris ne sont plus. Paris est devenu en son centre un espace de jeu et de plaisir esthétique pour les riches du monde entier, et dans ses faubourgs, un lieu où ceux qui acceptent une qualité de vie minée par les prix de l'immobilier et par une économie qui toussote tentent de se bricoler un peu de bien-être. L'âme parisienne est moribonde. Peut-on dans ce contexte reprocher au Parisien son manque de convivialité ?

Cette réputation est-elle liée à la centralisation de la vie culturelle, ainsi que du pouvoir politique et économique à Paris ? 

Oui et non. Les pouvoirs qui demeurent en France sont en effet tous concentrés à Paris. Mais ils relèvent principalement d'une gestion territoriale : le pouvoir financier réel est à Londres et à New York, le pouvoir politique à Bruxelles, etc.Le lustre lié aux postes de pouvoir parisiens s'étiole lorsque l'on comprend que le pouvoir n'est plus à Paris. Les postes proposés sont donc des postes de gestion, pas de pouvoir. Cela draine une certaine population, qui est certes plus "éduquée", mais qui est également une population qui accepte cet état de fait. Paris n'est plus une ville de contestation politique ou culturelle; elle est au contraire devenue une capitale du conformisme et de la bien-pensance.

Dans le même temps, les Parisiens voient beaucoup de personnes quitter non seulement Paris, mais quitter la France. Pour une certaine jeunesse qualifiée, enthousiaste et ambitieuse, Paris est oppressante, et certainement moins attrayante que Londres, Sydney, Shanghai, New York ou Sao Paulo. Les Parisiens sentent bien que malgré sa beauté immuable, Paris n'est plus ce qu'elle était. Ceux qui restent essaient de se dépatouiller avec cet écroulement qui ne dit pas son nom.

Selon le classement de Trip Advisor, Cancun, puis Tokyo et Lisbonne sont les trois villes les plus accueillantes. Moscou se classe en dernière position. Le comportement des Parisiens est-il spécifique à la capitale, ou se retrouve-t-il dans d'autres villes ?

Chaque capitale est imprégnée de sa culture nationale et les Français sont sans doute plus ronchons que la moyenne. Dans mon travail, j'interagis quotidiennement avec des touristes et la plupart me disent combien ils sont surpris par la qualité de l'accueil qui leur est réservé. Tous avant de venir ont entendu pis-que-pendre des Parisiens et chaque sourire, chaque attention, les surprend et les ravit. Les professionnels du tourisme ont fait des progrès considérables depuis vingt ans et c'est tant mieux. Tous ces touristes venus du monde entier sont émerveillés par Paris. Et tous posent la même question: "avec chez eux tant de beauté, d'élégance, de bons vins, et de bons restaurants, comment les Parisiens peuvent-ils ne pas sourire davantage ?". C'est vrai qu'ils n'ont pas tort, et même si Paris verse dans le moins bien, elle perdure dans le très beau et le très bon.  Alors haut les coeurs, malgré tout !

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