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Panne de mondialisation ? Ce milliard de personnes qui pourraient retomber dans la pauvreté avec le ralentissement de la croissance globale
©Flickr/danielmoyle

Montagnes russes

La croissance mondiale devrait être de plus en plus faible ces prochaines années, ce qui représente un risque très important pour les 700 millions de personnes qui, ces dix dernières années, ont pu s'extraire du seuil d'extrême pauvreté, fixé à un revenu de 1.25$ par jour.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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De conférences en conférences,  le FMI, la Banque mondiale, ou d’éminentes personnalités (Larry Summers, ancien secrétaire au Trésor américain) répètent la même prédiction. La croissance mondiale sera de plus en plus faible dans les années à venir. Les pays développés voient ainsi leurs prévisions de croissance être abaissées de plus de 2%, en comparaison du rythme de progression pré-crise. Une croissance également moins forte dans les pays émergents qui aura pour principale conséquence de ne plus permettre une réduction de la pauvreté mondiale sur les mêmes rythmes connus au cours des dernières décennies. En 2013, seuls 2.7% des travailleurs sous le seuil d’extrême pauvreté sont parvenus à s’extirper de cette catégorie. Soit un des taux les plus faibles de ces dix dernières années.

A lire également : Le retour des damnés de la terre ? Ce que l’histoire nous apprend sur les (dés)équilibres sociaux qui nous attendent ‹

Le seuil d’extrême pauvreté

Le segment de l’extrême pauvreté correspond aux personnes ayant un revenu inférieur à 1.25$ par jour. Ce chiffre peut paraître totalement arbitraire mais il correspond à la frontière qui sépare les personnes ayant la capacité de se nourrir, de ceux qui souffrent de malnutrition. Ce sont 1.2 Milliard de personnes, soit 17% de la population mondiale, qui perçoivent un revenu inférieur à ce niveau. En parallèle, et selon l’ONU, 870 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde. Au cours des dix dernières années, 700 millions de personnes ont pu s’extraire de ce seuil pour atteindre un revenu supérieur à 1.25$ par jour. Ceci notamment grâce au développement économique chinois, indonésien, et indien. Car n’en déplaise aux partisans de la décroissance, la corrélation entre croissance et baisse de la pauvreté est forte. La baisse de la pauvreté est bien la conséquence de la croissance. C’est ainsi que les pays ayant eu la progression économique la plus forte ont également eu la plus forte baisse du nombre de pauvres « extrêmes ». En 1981, 70% de la population des pays émergents vivaient sous le seuil de 2$ par jour, contre 40% aujourd’hui.

Revenus par jour. Population mondiale. 1981-2010. Ajusté de l’inflation et du pouvoir d’achat. Source FT.

La « Nouvelle classe moyenne »

Le segment de la « nouvelle classe moyenne », il faut comprendre les classes moyennes des pays émergents, est quant à lui défini de plusieurs manières. Pour la Banque asiatique de développement ce segment est atteint dès lors que le revenu est supérieur à 2$ par jour, mais pour d’autres organismes cette classe moyenne est composée des personnes percevant un revenu supérieur à 10$ par jour. Sur ces bases, le Financial Times a mené l’enquête.

Selon le quotidien Britannique, 2.8 milliards de personnes, soit 40% de la population mondiale, s’insèrent entre ces deux bornes de revenus, c’est-à-dire entre 2$ et  10$ par jour. Ce qui frappe ici est que la majorité des personnes ayant franchi le stade de la pauvreté extrême se retrouve figée dans la partie basse de cette échelle.  En effet, près de 1 milliard de personnes (952 millions) vivent avec un niveau de revenu compris entre 2$ et 3$ par jour, c’est-à-dire juste au-dessus du seuil le plus critique. Plus largement, 1.5 milliard de personnes perçoivent un revenu compris entre 2$ et 4$ par jour.  

1 Milliard de personnes à risque.

Les prévisions de ralentissement de croissance ont de quoi inquiéter. Malgré les évidentes réussites des dernières décennies qui ont permis une baisse sans précédent des niveaux de pauvreté, la situation reste fragile. Car les premiers signes de ralentissement économique se sont immédiatement traduits dans cette réalité. En Indonésie par exemple, 50% des personnes en dessous du seuil de pauvreté étaient au-dessus de ce même seuil l’année précédente. Ce qui marque une forte instabilité de la situation ou les personnes évoluent d’un seuil à l’autre d’une année sur l’autre, la rotation est très forte.

Une croissance mondiale en baisse qui a pour principale cause de voir également baisser le taux de personnes parvenant à sortir du stade l’extrême pauvreté. Un ralentissement continu de la croissance aurait alors pour conséquence de voir les chiffres s’inverser, c’est-à-dire de voir progresser le taux de population en situation d’extrême pauvreté. Le déclin.

Enjeux

La croissance est bien l’objectif économique numéro 1. Seule une croissance stable et continue permettra de lutter efficacement contre l’extrême pauvreté. Les pays émergents sont alors confrontés à une problématique simple : plus de croissance. De leur côté, les pays développés sont confrontés à une problématique double : croissance et inégalités. Car si les inégalités mondiales, c’est-à-dire entre les personnes les plus pauvres et les plus riches de la planète se sont amoindries depuis 2005 (coefficient de Gini mondial en baisse de 3 points entre 2005 et 2011 selon le FMI), les inégalités au sein des pays développés se sont accrues. Les classes moyennes « occidentales » n’ont pas été invitées au développement connu au cours des 30 dernières années.

Mais au-delà de cette situation occidentale, ce sont bien 1 milliard de personnes qui sont aujourd’hui confrontés au risque de retomber dans une situation de pauvreté extrême.

Pour lire le Hors-Série Atlantico, c'est ici : "France, encéphalogramme plat : Chronique d'une débâcle économique et politique"

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