Gentilles attentions
Palmarès des cadeaux faits par François Hollande aux copains-coquins
La République des copains-coquins (celle qui politise systématiquement la haute fonction publique tout en expliquant qu’il faut préserver coûte-que-coûte le statut des fonctionnaires pour éviter ce phénomène…) vient de connaître ce mercredi 15 février un superbe jour de gloire.
Éric Verhaeghe
Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.
La République des copains-coquins (celle qui politise systématiquement la haute fonction publique tout en expliquant qu’il faut préserver coûte-que-coûte le statut des fonctionnaires pour éviter ce phénomène…) vient de connaître ce mercredi 15 février un superbe jour de gloire. Le Conseil des Ministres a en effet permis d’apporter un point d’orgue à une vague de cadeaux et de nominations au bénéfice des thuriféraires du régime. On s’amusera à dresser le palmarès de ce dernier épouillage de la République par un homme qui s’était présenté comme normal et exemplaire
Thierry Lepaon, palme de la nomination la plus burlesque
En Conseil des Ministres, le Premier Ministre a consacré la nomination d’un délégué interministériel à la langue française pour la cohésion sociale. Mais qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire?
Le délégué interministériel à la langue française pour la cohésion sociale apporte son concours à la définition et à la mise en œuvre des politiques favorisant l’accès de tous à la lecture, à l’écriture et à la maîtrise de la langue française, en complément des actions de formation linguistique conduites dans le cadre de la politique d’accueil et d’accompagnement des étrangers.
En ces domaines, et notamment la lutte contre l’illettrisme, il coordonne l’action des différents ministères compétents et veille à la cohérence des actions conduites par l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme et la délégation générale à la langue française et aux langues de France.
Ce sont les termes du décret. Cette farce absolue, qui constitue une sorte d’aboutissement dans l’imagination administrative permettant de servir la soupe aux copains, récompense les bons et loyaux services de Thierry Lepaon, ancien gourou de la CGT (épinglé, on s’en souvient, pour son train de vie). Les mauvaises langues noteront que Thierry Lepaon paraissait spécialement taillé pour ce poste dédié à l’illettrisme. En bon franc-maçon, il ne sait en effet ni lire ni écrire.
Michel Yahiel, palme de la nomination la plus éphémère
Il y a quelques jours, François Hollande a désigné son conseiller social, Michel Yahiel (le rigide Michel Yahiel, si proche de la CFDT qu’il s’est pendant plusieurs mois dispensé de recevoir les autres organisations syndicales), à la tête de France Stratégie, en remplacement de Jean Pisani-Ferry, parti avec armes et bagages chez Macron. Si la gauche ne repasse pas en mai, il devrait rapidement quitter ses fonctions.
On imagine qu’il croise les doigts pour garder son fromage.
Philippe Martin, palme de la nomination la plus charassienne
C’est un peu passé inaperçu, mais l’ex-ministre (fabiusien) de l’Ecologie, Philippe Martin, balayé par l’arrivée au pouvoir de Valls en 2014, a été nommé président du conseil d’administration de l’Agence française pour la biodiversité en janvier 2017 (on attend la ratification des chambres). Ce fromage devrait lui faire chaud au coeur. Martin est en lui-même un preuve de la biodiversité politique de ce pays. L’intéressé a en effet mené une longue carrière de thuriféraire, commençant dans les années 80 avec Quillot, puis Quilès, avant d’être propulsé préfet du Gers par Michel Charasse en 1992.
Ah! le lobby auvergnat!
Jean-Marc Ayrault, palme du parrain le moins respectueux
Comme le souligne très bien Acteurs Publics, Jean-Marc Ayrault fait polémique en proposant, quelques semaines avant la fin du quinquennat, une vague de 28 nominations d’ambassadeurs, dont celle de son directeur de cabinet, de l’un de ses conseillers, et de l’ex-conseiller diplomatique de Manuel Valls. Dans la pratique, Sarkozy n’avait pas forcément fait mieux en 2012, mais lui, au moins, ne se prétendait pas exemplaire !
La Cour des Comptes, palme de la valeur refuge la plus sûre
"Malgré mon âge, 40 ans, j’ai déjà fait beaucoup de chose. J’avais envie d’une vraie vie professionnelle. Mon contrat avec le Conseil régional dont j’étais en disponibilité depuis 2015 est tombé avec la parution de ma nomination au Journal officiel."
Entendre quelqu’un soutenir que la Cour des Comptes permet d’avoir une “vraie vie professionnelle” en dit long sur son oisiveté durant ses mandats électifs.
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