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Ouvrez les fenêtres, il fait froid, c’est bon pour votre poids et voilà pourquoi
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A la dure

Selon les conclusions d'experts américains, relayées par le site américain "The Atlantic", le fait de vivre dans un environnement trop chauffé serait mauvais pour la ligne. Le froid, à l'inverse, permettrait de lutter contre le surpoids.

Arnaud Cocaul

Arnaud Cocaul

Arnaud Cocaul est médecin nutritionniste. Il est membre du Think Tank ObésitéSIl a dernièrement écrit Le S.A.V. des régimes aux éditions Marabout.

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Atlantico : Une récente théorie américaine, intitulée "métabolisme d'hiver", avance que l'obésité n'est pas essentiellement due à la sédentarité : pendant 7 millions d'années l'homme a dû lutter contre la faim et le froid pendant l'hiver. L'homme moderne, ayant résolu ces problèmes, grossit désormais durant cette période. Qu'en pensez-vous ?

Je dirais que l'obésité est une maladie plurielle, je parlerais donc plus volontairement des obésités. Chacun de nous peut prendre du poids pour des raisons diverses et variées. Certains afin de se protéger des variations de la température, mais ils peuvent aussi en perdre pour la même raison. Mais quand on parle de chaleur, le problème majeur est plutôt à chercher du côté du réchauffement climatique ! Il est responsable de pollutions et d'augmentation des microparticules qui ont un impact net sur l'extension du tissu adipeux blanc. Certains d'entre nous stockent ces divers polluants dans les cellules adipeuses qui ont un rôle de système tampon. Ces graisses permettent alors de protéger les autres organes "nobles" comme le cerveau ou le système reproducteur, afin de protéger l'espèce. Si on prend du poids, c'est le résultat d'une adaptation à notre époque actuelle. Selon moi on ne prend pas de poids pour se protéger du froid, même si je me garde de tout jugement sur cette étude. Pour moi, la prise de poids est adaptative à notre milieu ambiant, dans une logique  d'évolution darwinienne.

On entend souvent dire que le froid "fait maigrir". Alors, mythe ou réalité ?

Arnaud Cocaul : Dans notre société actuelle le froid ne fait pas vraiment maigrir. Pour se protéger du froid, on prend de la masse grasse, car le gras est un isolant thermique. On mange  plus gras afin de se protéger du froid, le froid fait donc, indirectement, prendre de la graisse. Par contre, physiologiquement, les gens qui se livrent à une activité physique en plein air quand il fait froid vont développer davantage de "graisse brune". Cette graisse brune, nous l'avons tous : ce sont des adipocytes qui ont un pouvoir d'oxydation des corps gras beaucoup plus développé. Communément, on a une vision plus positive de ce type de graisse car elle contient une protéine dénommée UCP-1, dite "découplante d'énergie", qu'on essaye de développer en privilégiant certaines activités physiques, et, bientôt peut-être, par des médicaments. Tout le monde possède cette graisse brune, en général disposée autour du cou et vers les omoplates. Ce qui est intéressant à noter, c'est qu'elle a tendance à s'estomper lorsqu'on devient obèse. A l'inverse, des personnes ayant subi des chirurgies pour soigner leur obésité ont tendance à la retrouver en perdant du poids. Cette graisse brune ne doit pas être confondue avec la "graisse blanche",  composée des adipocytes classiques, les plus connus, et qui, même s'ils ont une utilité, posent problème pour la santé. Ces adipocytes ne disposent que d'une vacuole, sorte de réservoir, située au centre de la cellule et qui repousse la mitochondrie, l'usine thermique de la cellule en quelque sorte, et sert donc de réservoir d'énergie. L'être humain stocke de l'énergie sous forme de graisses, c'est-à-dire sous forme de lipides, rapidement mobilisables en cas de besoin. C'est un caractère qui s'est développé au fil de l'évolution de l'espèce humaine. Quand on fait du sport on développe surtout de la graisse brune, contenant beaucoup plus de mitochondries, le rôle de centrale thermique est donc plus important : on stocke peu d'énergie mais immédiatement mobilisable pour produire de la chaleur. Cette graisse est très positive mais on ne connait pas encore la façon exacte de la développer. Finalement, quelqu'un qui possèdera plus de graisse brune sera plus mince que quelqu'un qui possède surtout de la graisse blanche. A noter toutefois que la graisse blanche est un excellent isolant thermique, ainsi un obèse sera moins sensible au froid.

Les auteurs affirment que nous vivons dans un environnement trop chaud pour notre organisme. Avant, quand les hommes avaient froid la nuit, ils utilisaient de gros édredons. Maintenant ils ont des maisons chauffées mais dorment toujours avec de grosses couvertures. Cette chaleur quotidienne est-elle mauvaise pour notre poids ?

Oui, je pense que ce n'est pas forcément bon. C'est vrai en partie, et c'est sûrement un élément responsable, mais pas unique, seulement l'un des éléments qui s'inter-ajoutent et ont plus ou moins d'importance. Ce facteur peut être très important chez certaines personnes et beaucoup moins chez d'autres. Il est vrai qu'actuellement nous assistons à une baisse de la résistance au froid, à tel point que dès que le thermomètre approche du zéro on parle de grands froids, alors que ce n'est pas la Sibérie ! La terminologie est en train de changer, et les maisons sont trop chauffées. Sans parler de la pollution que ça génère.

Un inventeur américain a décidé de commercialiser une veste qui contient des poches de glace et qui, portée toute la journée, permettrait de mincir. On se demande alors si la solution pour lutter contre le surpoids n'est pas tout simplement de baisser le thermostat...  Ainsi notre métabolisme fonctionnerait-il de manière plus saine?

Certes, mais il faudrait aussi, dans ce cas-là, commencer "in utero" afin que petit à petit il y ait une transmission de caractère acquis pour limiter les températures. A l'inverse moi je vous dirais aussi que les Américains, quand il fait chaud, usent et abusent de la climatisation. Une utilisation ultra-réfrigérante de ce type de dispositif apparaît totalement aberrante. Dans ce cas-là, si le froid faisait maigrir, on devrait voir les Américains maigrir aussi l'été ! Les considérations sur les températures peuvent donc porter leurs fruits mais si les gens évoluent toujours dans le même milieu. Or, on se protège du froid, certes, mais aussi de la chaleur. Par contre, je pense que l'activité physique quand il fait froid, le football ou la natation en plein air par exemple, est plus productive car dans ce cas la thermogénèse est augmentée. A noter aussi que dans les pays continentaux, comme les Etats-Unis ou le Canada, les températures peuvent varier de -20 degrés l'hiver à plus de 40 l'été, soumettant les organismes à des violences extrêmes qui, dans un cas comme dans l'autre, peuvent participer à des problèmes de poids. 

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