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OPA de l'UDI sur le centre : Borloo montre les dents mais a-t-il vraiment les moyens de ses ambitions ?
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Au centre toute !

Jean-Louis Borloo, président de l'Union des démocrates et indépendants (UDI) qui tient ce dimanche à Paris son assemblée constituante, souhaite faire de sa formation politique, héritière de l'ex-UDF, "le premier parti de France". Mais a-t-il l'autorité nécessaire pour fédérer des centristes éparpillés ?

Atlantico : Jean-Louis Borloo (voir ici) ne cache pas ses ambitions pour l'Union des démocrates et indépendants (UDI), dont l'assemblée constituante est prévue ce dimanche à la Mutualité de Paris et où sont attendus quelque 2.000 participants. Mais a-t-il l'autorité nécessaire pour fédérer des centristes éparpillés ?

Edouard Rumeau : La question du leadership est désormais tranchée. Par son expérience, sa notoriété et sa capacité à rassembler les individualités, Jean-Louis Borloo a réussi à fédérer des familles autrefois éclatées : des libéraux-sociaux, des républicains, des radicaux, des démocrates. Depuis son résultat au 1er tour de l’élection présidentielle de 2012 [NDLR : 9,13%] et son appel à voter en faveur du candidat socialiste, François Bayrou s’est aliéné une partie de ses troupes. Il y au moins un point sur lequel tous les chefs de file sont d’accord : Jean-Louis Borloo est le seul capable d’incarner une alternative crédible à l’UMP, en défendant des valeurs sociales, républicaines, écologistes et européennes.

On se souvient qu'il avait renoncé à la dernière minute à se présenter à l'élection présidentielle de 2012. A-t-il la volonté d'aller jusqu'au bout de ses ambitions nationales ?

Reconnaissez que les faits lui ont donné raison ! Au moment où il a pris sa décision, le Front national atteignait des niveaux records et le candidat Nicolas Sarkozy était au plus bas dans les sondages. Pour le reste, lorsqu’il mène un projet qui lui tient à cœur, Jean-Louis Borloo le fait à fond. Il y a eu Valenciennes, le plan de cohésion sociale, la rénovation urbaine, le Grenelle de l'environnement. Aujourd’hui, son projet est de construire une grande formation moderne, à l’image du FDP allemand ou des Libéraux-démocrates au Royaume-Uni. N’est-ce pas déjà une belle ambition nationale ?

La mairie de Paris pourrait-elle être un tremplin ?

C’est plutôt Jean-Louis Borloo qui pourrait être un tremplin pour Paris ! Tout le monde reconnaît, y compris à l’UMP, qu’il ferait un excellent candidat. Personne, parmi les élus parisiens, ne semble s’imposer. Par ailleurs, Paris fait partie de ces villes, avec Angers, Caen ou Rouen, que l’UMP seule ne peut reconquérir. Leur sociologie a beaucoup changé. Il faut leur proposer une nouvelle offre politique.

Avec l'UDI, Jean-Louis Borloo semble vouloir prendre ses distances avec l'UMP. L'UDI est-elle une réponse à la stratégie de droitisation de Nicolas Sarkozy ?

C’est une conséquence. En novembre 2010, Jean-Louis Borloo et les radicaux avaient lancé un appel en faveur d’un virage social pour lutter contre les effets de la crise. Ils n’ont pas été écoutés. En 2011, l’UMP a opté pour une stratégie de droitisation. De nombreux militants radicaux qui, comme moi, venaient du centre, ne se sont plus reconnus dans les valeurs qu’elle défendait. Il y a des moments où, pour paraphraser Gambetta, il faut se soumettre ou se démettre. Une fois hors de l’UMP, il était logique que les modérés se retrouvent autour de leurs valeurs, d’un projet et d’un leader. Ce ne sont pas eux qui ont changé de cap mais l’UMP !

La stratégie de droitisation de Nicolas Sarkozy a porté ses fruits entre les deux tours où il a récupéré une partie de son retard sur François Hollande. L'UMP a-t-elle vraiment besoin du centre pour gagner ?

Nicolas Sarkozy a peut-être récupéré une partie de son retard, mais il a perdu. L’objectif, aux élections, n’est pas d’enchaîner les scores honorables, mais les victoires. Et pour gagner, il faut rassembler un peu plus que son camp. Depuis que l’UMP a droitisé son discours, elle n’a cessé de perdre. Certains l’ont peut-être oublié, mais en 2007, quand Nicolas Sarkozy formulait une proposition dite de "droite", celle-ci s’accompagnait souvent d’une proposition réputée de "gauche". C’est ainsi qu’il était parvenu à dépasser les clivages traditionnels, en construisant, non pas une synthèse molle, mais un projet équilibré. La vraie droite "forte", qu’elle soit dure ou plus modérée, sera celle capable de recréer cette alchimie. Au rythme où vont les choses, l’UDI a toutes ses chances.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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