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Ohé Bayrou et Juppé, mais qu'est-ce qui vous prend d'assassiner Macron ?
©JOEL SAGET / AFP

Tontons flingueurs

L'un et l'autre sont ce qu'on appelle des poids lourds de la politique française. Et en tant que gros camions, ils foncent sans pitié sur le président de la République.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Ça tire. Ça mitraille. Ça fusille. Ça perfore. Ça démolit. Ça éparpille. Ça massacre. Nos tontons flingueurs sont deux. On ne sait pas ce qu'ils ont bu. Du vin de Bordeaux pour Alain Juppé? Une piquette béarnaise pour François Bayrou?

C'est lui qui a dégainé le premier. Normal, Bayrou est le maître incontesté de la catégorie "d'abord j'aime, ensuite je tue". Une célèbre devise d'Edgar Faure dit tout sur ce genre d'individu : "la girouette ne tourne pas. C'est le vent qui la fait tourner". Et le vent, ça, il connaît Bayrou. Il va toujours du côté d'où il souffle…

Simone Veil l'avait ainsi compté avec férocité. "Bayrou, c'est pire que tout", "une imposture". Et ultime coup de poignard : "je connais ses trahisons successives". Elles sont en effet si nombreuses qu'elles mériteraient de figurer dans le livre Guinness des records. En 1995, il rame pour Balladur. Mais dès l'élection de son rival, Jacques Chirac, il se précipite pour demander un job au vainqueur.

Comme le vent capricieux ne faiblit pas, en 2007 il fait la cour à Ségolène Royal contre Nicolas Sarkozy. En 2012, le vent tourne encore, et Bayrou tourne avec. Sa détestation de Sarkozy n'ayant pas faibli, il appelle à voter Hollande. Le nouveau président de la République ne l'en récompensera pas. Même pas un hochet. Hollande, finalement, n'était pas si con que ça…

En 2017, c'est le grand amour pour Macron. Il se pacse avec lui pour le meilleur et pour le pire. Il aura d'abord le meilleur : le poste de Garde des Sceaux. Pas pour longtemps. Viendra rapidement le pire : très vite, il sera poussé hors du gouvernement. Et ça, ça ne se pardonne pas. Humilié, Bayrou s'en prend maintenant à celui qu'il a fait élire. "Je ne comprends pas où il va". "C'est flou". "Je m'interroge". Et la prochaine fois ? Comme Bayrou a beaucoup servi, il n'y aura peut-être pas de prochaine fois…

Le pedigree d'Alain Juppé est nettement moins chargé. Mais dans l'art de l'assassinat, il surclasse nettement Bayrou. Lors des primaires de la droite, "le meilleur d'entre nous" avait fait feu de tout bois pour écrabouiller Sarkozy. Puis, il a continué, avec persévérance, à savonner la planche de François Fillon. Opération réussie, car grande est la capacité de nuisance d'Alain Juppé. Vint Macron, et ce fut l'amour. Juppé lui donna même un de ses plus fidèles disciples, Edouard Philippe, comme Premier ministre.

Et là, on ne sait pas ce qu'il s'est passé. Macron, qui ne touche plus terre, a-t-il refusé de prendre Juppé au téléphone ? Le président a-t-il fait preuve de mépris à l'égard de son Premier ministre qui, amer, s'en serait plaint auprès du maire de Bordeaux ? Le fait est que – saluons l'artiste – Juppé a fait appel à la grosse mitraille contre Emmanuel Macron.

Ses premiers trois mois à l'Elysée ? "De la mousse" dit Juppé. De l'écume. "De la com". Et sur le personnage lui-même, une formule délicieusement cruelle. "Il dit de lui-même qu'il est Jupiter. Jupiter était le roi des dieux. Mitterrand, lui au moins, ne se contentait que d'être Dieu". Ça, c'est du féroce. Je n'ai aucune sympathie particulière pour Macron. Mais je suis tenté de penser qu'un homme détesté par Bayrou et Juppé ne peut être entièrement mauvais… 

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